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22ème dimanche du temps ordinaire (Année C)

Proclamer la sagesse de la vie (la vie sage) en Dieu
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., Secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

Si 3, 17-18.20.28-29; Ps 67; He 12,18-19.22-24a; Lc 14,1.7-14

Béni soit le Seigneur : il élève les humbles

COMMENTAIRE BIBLIQUE ET MISSIONNAIRE

Les invitations de la Sagesse pour la vie.

Une fois de plus au cours de son dernier voyage à Jérusalem, nous trouvons Jésus nous enseignant à adopter des attitudes sages (Luc 14,1.7-14). Cela s’est passé dans une circonstance très particulière : au déjeuner « dans la maison d’un chef des pharisiens ». Il s’agit donc des conseils “à table” avec lequel le Maître de Nazareth propose une sorte de’ « bienséance » divine sur la conduite aux banquets. Cette bienséance, en dernière analyse, reflète les deux attitudes d’humilité et de générosité/gratuité qui sont fondamentales, voire indispensables, pour entrer dans le Royaume, et en général, dans la vie devant Dieu et devant les hommes.

  1. L’importance du contexte de l’enseignement

Il faut souligner quelques détails curieux et en même temps importants des circonstances dans l’enseignement de Jésus. D’abord, il intervient au cours d’un déjeuner de Sabbath, donc un repas « festif », solennel « dans la maison d’un chef des pharisiens ». La qualification du patron de la maison « un chef des pharisiens » suggère le caractère encore plus solennel du banquet qui comptait aussi très probablement de nombreux pharisiens invités et même des docteurs de la Loi (cf. Lc 14, 3. Ce n’est pas la seule fois que Jésus est resté chez les pharisiens. Pourtant, ce qui est ici singulier, c’est précisément la solennité de l’affaire et le « public » transversal. Ainsi l’enseignement de Jésus acquiert plus tard une valeur particulière et universelle.

Une note curieuse, sans doute ironique, de l’évangéliste Luc est à noter : Jésus, qui était initialement “observé” par les invités (« [Ils] l’observaient »), devient en fait celui qui les observait, notant « comment ils choisissaient les premières places » ! Les yeux de Jésus sont comme ceux de Dieu qui, dans sa sagesse, regarde d’en haut et voit tous les mouvements des hommes avec les intentions de leur cœur (cf.Ps 139 [138], 1-3). Ainsi, Jésus, “l’observateur divin”, enseigne les voies de sagesse de Dieu précisément à partir des situations concrètes de la vie humaine, précisément à la manière des sages d’Israël au cours des siècles sous l’action de l’Esprit divin.

  1. Pour une sage humilité

En fait, le premier enseignement de Jésus à cette occasion, dans le style et le contenu, suit le raisonnement sapientiel d’une saveur foncièrement “juive” dans sa vivacité et son caractère concret. En marge, notons que les conseils de Jésus ont rencontré un vif succès auprès de ses disciples qui les ont littéralement mis en pratique au fil des siècles. Aujourd’hui encore, de nombreux chrétiens viennent encore au banquet eucharistique à l’église et se remettent volontiers aux dernières places et parfois même debout, laissant toujours les premiers bancs vides!

Sérieusement, ce que Jésus a recommandé ne représente pas un simple conseil d’humilité comme une vertu en soi, mais plutôt un comportement humble pour éviter sagement une éventuelle mauvaise réputation, voulant s’assurer un éventuel honneur. Elle reflète concrètement la recommandation de la tradition sapientielle de l’Ancien Testament dans le livre des Proverbes 25,6-7 : Ne cherche pas à briller devant le roi, ne te mets pas à la place des grands ; mieux vaut que l’on te dise : « Monte ici », plutôt que d’être rabaissé devant un prince. Ce que tu as vu de tes yeux. De même, il est souligné dans le même livre : La crainte du Seigneur est école de sagesse : avant les honneurs, l’humilité ! (Pr 15.33). Le sage Sirach, que nous avons entendu dans la première lecture, développe la même tradition de sagesse, insistant sur la nécessité de toujours être humble, surtout quand « tu es grand », car ainsi « tu trouveras grâce devant le Seigneur ».

Les deux dernières citations offrent une orientation théologique et théocentrique claire du « se faire humble » : ce sera Dieu, en dernière analyse, qui exalte, qui glorifie les humbles. C’est aussi la perspective de la parole proverbiale de Jésus qui conclut son enseignement sur le sujet : « Quiconque s’élève sera abaissé ; qui s’abaisse sera élevé. » On retrouve ici la construction grammaticale du passif théologal ou divin avec Dieu comme agent implicite : il sera exalté par Dieu, conformément à toute la tradition judéo-chrétienne dans l’AT et le NT (cf. Ez 21,26 ; Lc 1,52 : « [Dieu] Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. »).

  1. Pour une générosité sage et messianique

Après le conseil aux invités, Jésus propose un autre « à celui qui l’avait invité », presque pour être complet. Ce deuxième et dernier enseignement du bloc se révèle encore plus explicitement « théologique », car il est orienté vers la récompense à la fin des temps, « à la résurrection des justes », c’est-à-dire avec et dans Dieu La récompense finale de Dieu est semblable à celle qui découle de la recommandation de Jésus sur la manière de prier, de jeûner et de faire l’aumône pour une nouvelle droiture/justice (cf. Mt 6, 1-6.16-18). Ici, l’acte généreux mais sage d’inviter au banquet ceux qui n’ont rien à rendre est recommandé, et ainsi Dieu vous bénira et vous récompensera. Elle reflète en quelque sorte la conviction déjà exprimée par le Psalmiste qui proclame : « Heureux qui pense au pauvre et au faible : le Seigneur le sauve au jour du malheur ! » (Ps 41 [40], 2).

Cependant, dans les paroles de Jésus, il y a quelque chose de plus profond qu’une simple recommandation de générosité humaine. Les « pauvres, estropiés, boiteux, aveugles » à inviter au banquet sont en réalité les quatre catégories de personnes qui sont les destinataires privilégiés de la Bonne Nouvelle du salut divin au temps messianique. Eux, les derniers de la société, seront les convives du dernier banquet messianique que Dieu offrira. Pour cela, Jésus exerce ses activités parmi eux. Sa mission, et par la suite celle de ses disciples, est réservée particulièrement et en premier lieu aux moins considérés, aux marginalisés, aux plus nécessiteux mais oubliés. Ceux qui les invitent à déjeuner ou à dîner partagent la vision sage du Christ, leur « ami », et participent symboliquement à la réalisation de la mission de Dieu en Jésus-Christ. Donc, la générosité pour les « pauvres, estropiés, boiteux, aveugles » sera aussi “messianique”, car elle reflète celle du Christ, le messie de Dieu. Et pour avoir une telle générosité, faut-il beaucoup d’humilité et de sagesse qui vienne d’en haut.

Prions pour que Dieu nous donne la sagesse qui vient d’en haut qui est Jésus-Christ, son Fils, afin que nous sachions chérir l’enseignement évangélique d’aujourd’hui. Puissions-nous nous rendre humbles dans toutes les situations de la vie et généreux comme Lui devant les nombreux « pauvres, estropiés, boiteux, aveugles » encore de notre temps, pour continuer sa mission, invitant chacun à participer au banquet dans le Royaume de Dieu.

 

PAPE FRANÇOIS, ANGÉLUS, Place Saint-Pierre, Dimanche 1er septembre 2019

Dans la seconde parabole, Jésus s’adresse à celui qui invite, et, se référant à la façon de sélectionner les invités, il dit: «Lorsque tu donnes un festin, invite des pauvres, des estropiés, des boiteux, des aveugles; heureux seras-tu alors de ce qu’ils n’ont pas de quoi te le rendre!» (vv. 13-14). Ici aussi, Jésus va complètement à contre-courant, en manifestant comme toujours la logique de Dieu le Père. Et il ajoute également la clé pour interpréter son discours. Et quelle est la clé? Une promesse : si tu fais ainsi, « cela te sera rendu lors de la résurrection des justes» (v. 14). Cela signifie que celui qui se comporte ainsi aura la récompense divine, très supérieure à la contrepartie humaine : je te rends ce service en attendant que tu m’en rendes un autre. Non, cela n’est pas chrétien. L’humble générosité est chrétienne. La récompense humaine, en effet, fausse d’ordinaire les relations, les rend «commerciales», en introduisant l’intérêt personnel dans un rapport qui devrait être généreux et gratuit. En revanche, Jésus invite à la générosité désintéressée, pour nous ouvrir la voie vers une joie beaucoup plus grande, la joie de participer à l’amour même de Dieu, qui nous attend, tous, au banquet céleste.

Que la Vierge Marie,  «humble et élevée plus qu’aucune créature» (Dante, Paradis, XXXIII, 2), nous aide à nous reconnaître tels que nous sommes, c’est-à-dire petits; et à nous réjouir dans le don sans contrepartie.

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