La mission de saint Joseph, en attendant Jésus-Emmanuel « Dieu avec nous »
4e dimanche de l'Avent (Année A)
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire
4ÈME DIMANCHE DE L’AVENT (ANNÉE A)
Is 7,10-16; Ps 23; Rm 1,1-7; Mt 1,18-24
Qu’il vienne, le Seigneur : c’est lui, le roi de gloire !
Le Directoire sur l’homélie souligne qu’« en ce IVe dimanche de l’Avent, Noël est désormais proche. Sur le plan liturgique, on peut noter un changement de ton : les appels ardents à la conversion font place aux événements qui entourent de près la naissance de Jésus » (DH 96). Ainsi, l’évangile d’aujourd’hui nous propose de méditer sur le « songe de Joseph ». Cet épisode, raconté seulement par l’évangéliste Matthieu, est appelé « l’annonciation à Joseph », en parallèle avec celle à Marie dans l’évangile de Luc. Ce que l’ange a dit à Joseph sera aussi important pour nous aujourd’hui dans la dernière étape de notre préparation à la célébration du Noël de notre Seigneur Jésus-Christ. Des indices importants nous sont révélés sur le mystère de la « génération » et sur la mission de Jésus, et la Parole de Dieu nous suggère les bonnes attitudes pour accueillir le divin enfant, « celui qui vient » sauver le monde.
- « Ainsi fut engendré Jésus Christ » – le mystère de « génération » de Jésus
En premier lieu, on souligne le caractère insondable du mystère de la conception de Jésus : « Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint ». C’est ainsi que s’accentue l’origine divine de l’enfant à naître qui échappe à toute loi et ou contrôle humain. Cette origine particulière, voire unique, est encore réaffirmée, quand l’ange du Seigneur, messager de Dieu et son envoyé, communique le message de Dieu Lui-même à Joseph, mais aussi à tout lecteur/auditeur moderne : « puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ». Donc, cette génération du Christ démontre qu’Il est essentiellement le « Fils de Dieu » par nature et « d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes », rappelant la pensée et l’expression de Saint Paul au début de la Lettre aux Romains (deuxième lecture).
D’autre part, spirituellement parlant, la dite origine divine nous invite, ses disciples, à nous rappeler de notre participation dans la même « génération mystérieuse » par Dieu en Lui, pour être, nous aussi « fils de Dieu ». En effet, Saint Jean évangéliste affirme ces paroles en se référant aux chrétiens : « à tous ceux qui l’ont reçu, il [Jésus-Verbe de Dieu] a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu » (Jn 1,12-13). Cette pensée évangélique est développée dans ses discours par le bienheureux Isaac de l’Étoile, abbé :
Le Fils de Dieu est le premier-né d’un grand nombre de frères, car, étant Fils unique par nature, il s’est associé par la grâce une multitude de frères qui ne font qu’un avec lui : à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. Devenu fils d’homme, il a fait de la multitude des hommes des fils de Dieu. Il se les est associés, alors qu’il est unique par son amour et sa puissance. Les hommes, en eux-mêmes, par leur naissance selon la chair, sont une multitude ; mais par la seconde naissance, la naissance divine, ils ne sont avec lui qu’un seul. (Samedi, 2ème semaine de l’Avent – Office des lectures)
Sur la même ligne, saint Paul explique : « Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ » (Eph 1,4-5). C’est pourquoi, le Catéchisme souligne : « Le Verbe s’est fait chair pour nous rendre « participants de la nature divine » (2 P 1, 4) » (CCC 460). En un mot, rappelons-nous que « Nous sommes de sa descendance » ! (cf. Act 17,28). Rappeler pour renouveler notre vie avec Lui et en Lui qui vient.
- Le mystère du nom et de la mission de Jésus-Emmanuel « Dieu avec nous »
En second lieu, il est opportun d’approfondir la révélation du nom de l’enfant et la mention de l’accomplissement des Écritures le concernant à cet égard. Comme l’ange annonça à Joseph, ce sera ce dernier à l’appeler Jésus, « car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ». L’explication de l’ange est fondée sur l’étymologie même du mot Jésus qui signifie littéralement « Dieu sauve » ou « Dieu est salut ». Ainsi se dessine, de manière précise, la mission très particulière de Jésus, qui est la mission même de Dieu : « sauver » le peuple des péchés. Il incarne sur lui et actualise par sa propre vie le salut de Dieu pour son peuple. Le nom de Jésus indique déjà l’accomplissement des promesses de Dieu à Israël dans les Écritures.
À propos de la naissance et du nom du divin enfant, l’évangéliste Matthieu affirme : « Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel ». Dans cette affirmation de l’accomplissement qui est la première d’une série de « formules » similaires que saint Matthieu écrit dans son évangile pour démontrer que toute la vie et la mission de Jésus sont une réalisation continuelle et fidèle de la Parole de Dieu dans les Écritures, on remarque facilement la réalisation du fait que la Vierge conçoit et accouche. Toutefois, on note une curieuse discordance concernant le nom de l’enfant. En effet, des paroles rapportées de Dieu « par le prophète » (c’est-à-dire d’Isaїe, comme nous le savons dans la première lecture), il est indiqué « qu’elle appellera Emmanuel ». Mais comment ? Précédemment dans le passage, l’ange parlait d’un autre nom pour l’enfant, précisément de Jésus, et pourtant maintenant on affirme que son nom sera Emmanuel pour l’accomplissement des Écritures ! Qu’est-ce que ça veut dire ? L’enfant à naître aura-t-il un double nom Jésus-Emmanuel ? Mais nous savons qu’il Lui sera donné le nom Jésus au jour de sa circoncision (cf. Lc 2,21), et il sera successivement appelé seulement ainsi.
Une réflexion sur ce détail nous amène à une compréhension plus approfondie de la mission de Jésus qui se révèle déjà dans le nom ou plutôt dans les noms indiqués. Les deux noms se complètent mutuellement et ensemble donnent un aperçu sur la pleine identité de « celui qui vient ». D’un côté, il est Jésus qui signifie « Dieu sauve », comme Joseph et puis les autres l’appelleront ; d’un autre côté, il est aussi Emmanuel qui signifie « Dieu avec nous », comme saint Matthieu lui-même explique, parce que la présence de Dieu parmi son peuple se rend visible dans sa propre personne.
De là on comprend que dans l’enfant Jésus-Emmanuel que Dieu donnera à son peuple, par l’intermédiaire de la Vierge-Mère, Dieu sauvera l’Humanité par le fait d’être avec elle, non pas comme un qui est au-dessus et en dehors de la réalité humaine (Dieu pouvait sauver les hommes même ainsi dans sa toute-puissance !). Il sauvera l’Humanité comme un qui marche avec son peuple pour l’amener à la Terre promise définitive, partageant les joies et les peines, les fatigues et préoccupations, celles de tous les jours du chemin. C’est précisément dans cette perspective qu’on affirmera : « Et le Verbe s’est fait chair, il a habité (littéralement : a mis sa tente) parmi nous » (Jn 1,14). Et Jésus lui-même, le Fils de Dieu, né de la Vierge Marie, vrai Dieu et vrai homme, accomplira fidèlement cette mission de salut divin pour l’Humanité, même après sa vie terrestre, en la confiant à ses disciples par la déclaration rassurante sur son accompagnement divin : « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,20).
- Le drame de Joseph et sa mission
Saint Joseph est appelé à la collaboration particulière avec le plan divin pour la mission de Jésus Sauveur. Ainsi come il est arrivé aux meilleurs, comme Jean Baptiste (dimanche dernier), même Joseph, homme juste, a dû traverser quelques moments de crises à cause de l’incompréhension des nouveautés de Dieu concernant l’affaire de Jésus, son Fils. Toutefois, il a prêté l’obéissance de la foi à la parole de l’ange, même si, historiquement parlant, il n’avait pas, peut-être, compris jusqu’au fond le mystère inédit de l’origine de l’enfant dans le sein de Marie, sa « fiancée », « il [Joseph] fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse » (Mt 1,24).
À cet égard, outre l’importance d’accepter Marie comme épouse, malgré ce qui s’est passé, il faut mettre l’accent sur l’acte demandé à Joseph de donner le nom de Jésus. Il s’agit d’un geste important, celui de reconnaître l’enfant comme son fils légitime dans la tradition juive. Offrant de cette façon sa paternité légale, Joseph, appelé « fils de David » par l’ange, transmettra alors également à Jésus cette appartenance à la lignée royale de David. Il devient ainsi formellement et effectivement, dans la société patriarcale juive d’alors, un roc sur lequel on s’appuie, aussi bien pour l’enfant que pour sa mère, au milieu des diverses aventures de la vie humaine.
L’obéissance de la foi à l’ange de Dieu et l’étroite collaboration au plan divin pour la vie et la mission de Jésus se trouveront encore chez Joseph dans d’autres circonstances difficiles, comme nous le savons des récits évangéliques. Cette foi, basée sur la Parole de Dieu révélées à travers ses messagers, et l’amour fidèle et inconditionnel pour Jésus, Fils de Dieu et pour Marie sa mère, resteront toujours un exemple pour tous dans notre vie et dans la mission chrétienne (le vénérable vietnamien François Xavier Van Thuan, appelait saint Joseph patron des auditeurs de la Parole de Dieu).
Qu’il intercède pour les disciples-missionnaires du Christ aujourd’hui, et qu’il nous aide à renouveler la foi et l’amour fidèle à Jésus et à sa mère, pour célébrer le Noël de notre Sauveur, « Dieu avec nous ».
Pape François, Lettre apostolique à l’occasion du 150ème anniversaire de la déclaration de saint Joseph comme patron de l’Église universelle, Patris corde
- Père aimé
La grandeur de saint Joseph consiste dans le fait qu’il a été l’époux de Marie et le père adoptif de Jésus. Comme tel, il « se mit au service de tout le dessin salvifique », comme l’affirme saint Jean Chrysostome.
Saint Paul VI observe que sa paternité s’est exprimée concrètement dans le fait « d’avoir fait de sa vie un service, un sacrifice au mystère de l’incarnation et à la mission rédemptrice qui y est jointe ; d’avoir usé de l’autorité légale qui lui revenait sur la sainte Famille pour lui faire un don total de soi, de sa vie, de son travail ; d’avoir converti sa vocation humaine à l’amour domestique dans la surhumaine oblation de soi, de son cœur et de toute capacité d’amour mise au service du Messie germé dans sa maison »
[…]
- Père dans l’obéissance
Dieu a aussi révélé à Joseph ses desseins par des songes, de façon analogue à ce qu’il a fait avec Marie quand il lui a manifesté son plan de salut. Dans la Bible, comme chez tous les peuples antiques, les songes étaient considérés comme un des moyens par lesquels Dieu manifeste sa volonté.
Joseph est très préoccupé par la grossesse incompréhensible de Marie : il ne veut pas « l’accuser publiquement » mais décide de « la renvoyer en secret » (Mt 1, 19). Dans le premier songe, l’ange l’aide à résoudre son dilemme : « Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus, car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés » (Mt 1, 20-21). Sa réponse est immédiate : « Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit » (Mt 1, 24). Grâce à l’obéissance, il surmonte son drame et il sauve Marie.
[…]
Il résulte de tous ces événements que Joseph « a été appelé par Dieu à servir directement la personne et la mission de Jésus en exerçant sa paternité. C’est bien de cette manière qu’il coopère dans la plénitude du temps au grand mystère de la Rédemption et qu’il est véritablement ministre du salut » (S. Jean-Paul II, exhort. ap. Redemptoris custos [15 août 1989], n. 8 : AAS 82 [1990], p. 14.)
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