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Le Christ, le Bon Pasteur en mission permanente

Le Christ, le Bon Pasteur en mission permanente
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

4ÈME DIMANCHE DE PÂQUES (ANNÉE B)

Ac 4,8-12; Ps 117; 1Jn 3,1-2; Jn 10,11-18

Le Christ, le Bon Pasteur en mission permanente

Ce dimanche de Pâques est aussi appelé celui « du Bon Pasteur », les lectures et les prières de la liturgie sont centrées précisément sur cette belle image de Jésus. C’est pourquoi, depuis 1964, ce dimanche est la Journée mondiale de prière pour les vocations, pour ceux qui ont reçu l’appel à suivre Jésus, Grand Prêtre et Bon Pasteur. Le pape François, dans son message de 2024, rappelle l’importance de la prière pour toutes les vocations chrétiennes dans la vie et écrit : « Cette Journée est consacrée, en particulier, à la prière pour invoquer au Père le don de saintes vocations pour l’édification de son royaume : « Priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson » (Lc 10, 2).

Dans cette perspective, dans de nombreuses paroisses et diocèses à travers le monde, la quête est destinée pour le fonds de solidarité universelle de l’Œuvre pontificale de Saint-Pierre-Apôtre pour la formation des prêtres et des personnes consacrées, à travers le soutien des séminaires et noviciats dans les missions avec leurs candidats et formateurs. Ainsi, chaque fidèle participe activement, par la prière et la contribution concrète, à la mission d’évangélisation de l’Église dans la prise en charge des vocations et des activités de formation des nouveaux bons prêtres-pasteurs à « l’odeur de leurs brebis » (Pape François, Messa chrismale, Homélie, Jeudi saint, 28 mars 2013) sur les traces du Christ, Bon Pasteur. Dans ce contexte, les lectures d’aujourd’hui nous aident à réaffirmer et à approfondir au moins trois aspects importants de la mission du Christ Pasteur, modèle et exemple de tous les pasteurs du peuple selon le désir de Dieu le Père.

  1. La relation particulière entre Jésus et ses brebis

Ce passage de l’Évangile est très concis, mais plein de sens. Il représente le centre du discours de Jésus dans le quatrième évangile autour de son auto-déclaration « Moi, je suis le bon pasteur » (Jn 10,11.14). Ainsi, dès le début, avant même de déclarer qu’il est le Bon Pasteur, Jésus fait remarquer une caractéristique fondamentale de la relation entre lui et ses brebis : « Amen, amen, je vous le dis : […] Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. […] les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix ». Les mots ici trouveront un écho dans ce que Jésus a dit plus tard dans son auto-déclaration d’être un bon berger : « Moi, je suis le bon pasteur, [dit le Seigneur,] je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent » (Jn 10,14), et à la fin du discours : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent » (Jn 10,27).

Il convient de souligner que le verbe connaître dans la langue biblico-juive désigne une connaissance qui n’est pas tant intellectuelle (d’un savoir) qu’existentielle, tout comme dans la relation entre mari et femme. Il s’agit d’une connaissance mutuelle intime et intégrale, un savoir qui implique de s’aimer et de s’appartenir. C’est précisément pour cette raison que, lorsque Jésus a déclaré qu’il était un bon berger, il a expliqué ci-dessous que « le vrai berger, […] donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10,11b.15b). Il le fait parce qu’il connaît ses brebis, c’est-à-dire qu’il les aime profondément, plus que sa propre vie.

De plus, la connaissance entre Jésus et ses brebis est parallèle à celle entre Jésus et Dieu le Père. En effet, il déclare « je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père » (Jn 10,14b-15). La relation entre Jésus Bon Pasteur et ses disciples est donc placée face à une réalité mystique de connaissance intime entre les Personnes divines. D’une part, on entrevoit ici la profondeur de la connaissance-amour que Jésus a pour ses brebis, comme celle que Jésus a pour le Père ! Il déclare en fait ailleurs : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour » (Jn 15,9). Par contre, lorsque Jésus affirme que ses brebis le connaissent, on peut se demander si leur connaissance pour Jésus est réellement comparable à celle entre le Père et Jésus. On semble saisir une invitation implicite aux « brebis » de Jésus de se demander si et combien ils connaissent leur Berger et reconnaissent sa voix au milieu des rumeurs aux alentours. Puisqu’on ne manque jamais de toutes les richesses du mystère du Christ, l’engagement de grandir toujours plus dans la connaissance du Pasteur qui les connaît et les aime jusqu’à donner sa vie pour eux reste toujours d’actualité pour les brebis de tous les temps. (Significatif à cet égard est le reproche de Jésus à Philippe, l’un de ses disciples intimes : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! » (Jn 14,9)).

  1. « Je donne ma vie pour mes brebis »

Réaffirmant la relation particulière avec ses brebis, Jésus affirme ci-dessous son soin/mission particulier qui découle d’une telle connaissance et d’un tel amour : « Je donne ma vie pour mes brebis ». Cette mission/attention particulière de Jésus est déjà réaffirmée dans la section d’ouverture (« Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance » [Jn 10,10]) et à la fin du discours : « Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main » (Jn 10,28). Ainsi, le don de la vie en abondance est identifié avec la vie éternelle. Cette vie pourtant ne désigne pas une réalité future seulement après la mort. Il indique la vie en communion avec Jésus et avec Dieu, qui commence déjà dans le présent et se poursuivra dans l’éternité. A tel point que Jésus souligne : « Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit » (Jn 6,47). Au contraire, « Amen, amen, je vous le dis : qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie » (Jn 5,24). « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » (Jn 6,54).

De ces citations, surtout la dernière, ressort un autre aspect fondamental de la vie éternelle que Jésus donne à ses brebis. C’est sa propre vie qu’il offre pour la sienne, comme l’explicite la déclaration du bon berger mentionnée plus haut. Jésus est aussi devenu un agneau sacrificiel pour donner sa propre vie à ses brebis et les guider maintenant « aux sources des eaux de la vie » (Ap 7,17).

Il s’agit donc du berger qui non seulement connaît l’odeur des brebis, mais s’est aussi fait l’un d’eux, pour partager avec eux tout ce qui concerne la vie (y compris la mort !). Voici ce qui est dit pour la figure du Christ souverain prêtre : « nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché » (Heb 4,15).

Ce lien fort entre Jésus le bon berger et ses brebis sera la raison pour laquelle « personne ne les ravira » (Jn 10,28) de sa main et de la main du Père. Tout comme saint Paul exprime le même concept avec des mots inspirés et émouvants à partir d’une question rhétorique : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8,35.37-39).

  1. Le Bon Pasteur sage et missionnaire

En conclusion, la déclaration de Jésus comme “bon berger” ne souligne pas seulement sa bonté, mais veut aussi véhiculer l’idée de pasteur idéal, authentique, parfait, c’st-à-dire selon la volonté de Dieu pour Israël à la fin des temps. Cette perfection consiste donc avant tout dans sa qualité de sage par opposition aux bergers insensés et mauvais, comme l’attestent de nombreux passages de l’Ancien Testament. Concrètement, le texte de l’évangile de Jean met en relief les deux caractéristiques fondamentales du parfait pasteur : donner ou risquer sa vie pour les brebis et la connaissance intime entre le berger et les brebis. Tandis que le premier aspect apparaît plutôt christologique et fait allusion au fait concret de la Croix, le second est hautement sapientiel car même les disciples de la Sagesse elle-même écoutent sa voix, ignorée des insensés et des méchants. Par conséquent, en Jésus nous voyons non seulement l’image de berger sage mais un Berger-Sagesse; c’est-à-dire qu’il apparaît comme la Sagesse de Dieu devenue Pasteur.

De plus, le Christ, le Bon Pasteur, le parfait selon le plan divin, est aussi l’infatigable missionnaire de Dieu, car il accomplit toujours la volonté de Dieu qui l’a envoyé. Et la volonté de Dieu est que toute l’Humanité ait la vie par le Christ, son Fils envoyé dans le monde. Ainsi, « Jésus allait mourir pour la nation ; et ce n’était pas seulement pour la nation [d’Israël], c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11,51-52). En gardant cela à l’esprit, nous comprendrons mieux l’importante déclaration du Christ dans le discours entendu aujourd’hui : « J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » (Jn 10,16). Et voici le commentaire du pape François à ce sujet : « Dieu, grand en amour et riche en miséricorde, est toujours en sortie vers tout homme pour l’appeler au bonheur de son Royaume, malgré l’indifférence ou le refus. De la même façon, Jésus-Christ, le bon pasteur et l’envoyé du Père, allait à la recherche des brebis perdues du peuple d’Israël et voulait aller plus loin pour rejoindre les brebis les plus éloignées (cf. Jn 10, 16) » (Message pour la Journée mondiale des missions 2024).

Nous qui sommes ses brebis, cherchons-nous encore à écouter et à suivre notre bon Pasteur et Sagesse ? Cherchons-nous inlassablement à accomplir avec le Christ, le bon Pasteur, le plan de salut de Dieu pour toute l’humanité, à commencer par ceux avec qui nous vivons ? Et pour cette mission universelle de Dieu et du Christ, offrons-nous notre contribution concrète par la prière, le sacrifice, et le don matériel selon nos possibilités ?

Pape François, Regina Coeli, Dimanche, 25 avril 2021

En ce quatrième dimanche de Pâques, appelé dimanche du Bon Pasteur, l’évangile (Jn 10, 11-18) présente Jésus comme le vrai pasteur, qui défend, connaît et aime ses brebis.

Au Bon Pasteur, on oppose le «mercenaire», qui ne se soucie pas des brebis, car elles ne lui appartiennent pas. Il fait ce métier juste pour sa paie, et il ne se soucie pas de les défendre : quand le loup arrive, il s’enfuit et les abandonne (cf. vv. 12-13). Jésus, en revanche, vrai pasteur, nous défend toujours, il nous sauve dans tant de situations difficiles, de situations dangereuses, grâce à la lumière de sa parole et par la force de sa présence, dont nous faisons toujours l’expérience et, si nous voulons l’écouter, tous les jours. […]

Comme il est beau et consolant de savoir que Jésus nous connaît un par un, que nous ne sommes pas anonymes pour lui, que notre nom lui est connu ! Pour lui, nous ne sommes pas une «masse», une «multitude», non. Nous sommes des personnes uniques, chacune avec son histoire, [et il] nous connaît chacun avec notre histoire, chacun avec notre valeur, aussi bien en tant que créature, qu’en tant que racheté par le Christ. […]

L’image du Pasteur du peuple de Dieu, que les prophètes avaient dessinée, se réalise pleinement en lui : Jésus se souci de ses brebis, il les rassemble, il panse celle qui est blessée, il soigne celle qui est malade. C’est ce que nous pouvons lire dans le livre du prophète Ezéchiel (cf. 34, 11-16).

Par conséquent, Jésus Bon Pasteur, défend, connaît et surtout aime ses brebis. Et pour cela, il donne sa vie pour elles (cf. Jn 10, 15). L’amour pour ses brebis, c’est-à-dire pour chacun de nous, le conduit à mourir sur la croix, parce que telle est la volonté du Père, qu’aucun ne soit perdu. L’amour du Christ n’est pas sélectif, il embrasse tout le monde. Il nous le rappelle lui-même dans l’Evangile d’aujourd’hui, lorsqu’il dit : «J’ai d’autres brebis qui ne viennent pas de cet enclos : il faut que je les conduise aussi. Elles écouteront ma voix et elles deviendront un seul troupeau, un seul pasteur» (Jn 10, 16). Ces paroles témoignent de son aspiration universelle : Il est le pasteur de tous. Jésus veut que tous puissent recevoir l’amour du Père et rencontrer Dieu.

Et l’Église est appelée à accomplir cette mission du Christ. En plus de ceux qui fréquentent nos communautés, il y a de nombreuses personnes, la majorité, qui ne le font que dans des cas particuliers ou jamais. Mais ce n’est pas pour autant qu’ils ne sont pas enfants de Dieu : le Père confie tout le monde à Jésus Bon Pasteur, qui a donné sa vie pour tous.

Jean Paul II, Exhortation apostolique post-synodale sur la formation des prêtres dans les circonstances actuelles, Pastores Dabo Vobis

  1. Comme le Concile le souligne, « le don spirituel que les prêtres ont reçu à l’ordination les prépare non pas à une mission limitée et restreinte, mais à une mission de salut d’ampleur universelle “jusqu’aux extrémités de la terre” ; n’importe quel ministère sacerdotal participe, en effet, aux dimensions universelles de la mission confiée par le Christ aux Apôtres ». En vertu de la nature même de leur ministère, ils doivent donc être pénétrés et animés d’un profond esprit missionnaire et « de cet esprit vraiment catholique qui les habituera à dépasser les limites de leur propre diocèse, de leur nation et de leur rite, pour subvenir aux besoins de l’Église entière, prêts au fond du cœur à prêcher l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre ».

 

  1. (…) Le don de soi, racine et sommet de la charité pastorale, a comme destinataire l’Église. Ainsi en a-t-il été du Christ « qui a aimé l’Église et s’est livré pour elle » (Ep 5, 25). Ainsi doit-il en être du prêtre. Avec la charité pastorale qui imprègne l’exercice du ministère sacerdotal, comme un « office d’amour », « le prêtre, qui accueille la vocation au ministère, est en mesure d’en faire un choix d’amour, par lequel l’Église et les âmes deviennent son intérêt principal. Vivant concrètement cette spiritualité, il devient capable d’aimer l’Église universelle et la partie qui lui en est confiée, avec tout l’élan d’un époux pour son épouse ».Le don de soi n’a pas de limites, marqué qu’il est par le même élan apostolique et missionnaire que le Christ, le Bon Pasteur, qui a dit : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » (Jn 10, 16).

 

  1. L’appartenance et le dévouement à l’Église particulière ne limitent pas à cette dernière toute l’activité et la vie du prêtre. Elles ne peuvent pas y être réduites en raison de la nature même de l’Église particulière et de celle du ministère sacerdotal. Le Concile écrit à ce sujet : « Le don spirituel que les prêtres ont reçu à l’ordination les prépare, non pas à une mission limitée et restreinte, mais à une mission de salut d’ampleur universelle, “jusqu’aux extrémités de la terre” (Ac 1, 8) ; n’importe quel ministère sacerdotal participe, en effet, aux dimensions universelles de la mission confiée par le Christ aux Apôtres ».

Il en résulte que la vie spirituelle des prêtres doit être profondément marquée par l’élan et le dynamisme missionnaires. Il leur revient, dans l’exercice de leur ministère et dans le témoignage de leur vie, de faire de la communauté qui leur est confiée une communauté authentiquement missionnaire. Comme je l’ai écrit dans l’encyclique Redemptoris missio, « tous les prêtres doivent avoir un cœur et une mentalité missionnaires, être ouverts aux besoins de l’Église et du monde, attentifs aux plus éloignés, et surtout aux groupes non chrétiens de leur milieu. Dans la prière et en particulier dans le sacrifice eucharistique, ils porteront la sollicitude de toute l’Église pour l’ensemble de l’Humanité ».

Si cet esprit missionnaire anime généreusement la vie des prêtres, il sera plus facile de répondre à une situation toujours plus grave aujourd’hui dans l’Église, celle qui provient de l’inégale distribution du clergé. Sur ce point, le Concile a été on ne peut plus clair et fort : « Les prêtres se souviendront donc qu’ils doivent avoir au cœur le souci de toutes les Églises. Ainsi les prêtres des diocèses plus riches en vocation se tiendront prêts à partir volontiers, avec la permission de leur Ordinaire ou à son appel, pour exercer leur ministère dans des pays, des missions ou des activités qui souffrent du manque de prêtres »

Jean Paul II, Exhortation apostolique post-synodale sur l’évêque, serviteur de l’Évangile de Jésus-Christ pour l’espérance du monde, Pastores gregis

  1. (…) Dans sa source et dans son modèle trinitaire, la communion s’exprime toujours dans la mission. La mission est le fruit et la conséquence logique de la communion. On favorise le dynamisme de la communion quand on s’ouvre aux horizons et aux urgences de la mission, en garantissant toujours le témoignage de l’unité afin que le monde croie, et en élargissant les espaces de l’amour afin que tous parviennent à la communion trinitaire, de laquelle ils procèdent et à laquelle ils sont destinés. Plus la communion est intense, plus sera favorisée la mission, spécialement quand elle est vécue dans la pauvreté de l’amour, qui est la capacité de s’approcher de toute personne, groupe et culture, avec la seule force de la Croix, spes unica et témoignage suprême de l’amour de Dieu, et qui se manifeste aussi comme amour de fraternité universelle.

 

  1. Dans la sainte Écriture, l’Église est comparée à un troupeau, « dont Dieu lui-même a proclamé à l’avance qu’il serait le pasteur et dont les brebis, même si elles sont conduites par des pasteurs humains, sont cependant menées et nourries sans cesse par le Christ lui-même, le Bon Pasteur et le Prince des Pasteurs ». Jésus n’a-t-il pas lui-même qualifié ses disciples de pusillus grex et ne les a-t-il pas exhortés à ne pas avoir peur, mais à cultiver l’espérance (cf. Lc 12, 32) ?

Plus d’une fois, Jésus a répété cette exhortation à ses disciples : « Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance : moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). Au moment de retourner à son Père, après avoir lavé les pieds de ses Apôtres, il leur dit : « Ne soyez donc pas bouleversés » et il ajouta : « Je suis le Chemin […] ; personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14, 1.6). Sur ce Chemin qu’est le Christ, l’Église, petit troupeau, s’est mise en route, et c’est Lui, le Bon Pasteur, qui la guide, lui qui, « quand il a conduit dehors toutes ses brebis, marche à leur tête, et elles le suivent, car elles connaissent sa voix » (Jn 10, 4).

À l’image du Christ Jésus et sur ses pas, l’évêque sort lui aussi pour l’annoncer au monde comme Sauveur de l’Homme, de tout homme. Missionnaire de l’Évangile, il agit au nom de l’Église, experte en humanité et proche des hommes de notre temps. C’est pourquoi l’Évêque, fort du radicalisme évangélique, a aussi le devoir de démasquer les fausses anthropologies, de libérer les valeurs bafouées par les processus idéologiques et de discerner la vérité. Il sait qu’il peut redire avec l’Apôtre : « Si nous nous donnons de la peine, si nous nous battons, c’est parce que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants » (1 Tm 4, 10).

L’action de l’évêque sera alors caractérisée par cette parresía qui est fruit de l’opération de l’Esprit (cf. Ac 4, 31). Ainsi, sortant de lui-même pour annoncer Jésus Christ, l’évêque remplit sa mission dans la confiance et avec courage, factus pontifex, devenant vraiment un « pont » lancé vers chaque homme. Avec la passion du pasteur, il sort pour chercher les brebis, à la suite de Jésus qui dit : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie: celles-là aussi, il faut que je les conduise » (Jn 10, 16).

Pape François, Audience générale, Salle Paul VI, mercredi, 18 janvier 2023

Catéchèses – La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant – 2. Jésus modèle de l’annonce 

[…] Or, si nous voulons représenter son style de vie par une image, nous n’avons aucune difficulté à la trouver : Jésus lui-même nous l’offre, Jésus lui-même nous l’offre, nous l’avons bien entendu, en se présentant comme le Bon Pasteur, celui qui – dit-il – “donne sa vie pour les brebis” (Jn 10,11), c’est Jésus. En effet, être pasteur n’était pas seulement un travail, qui demandait du temps et beaucoup d’engagement, c’était un véritable mode de vie : vingt-quatre heures sur vingt-quatre, vivre avec le troupeau, l’accompagner au pâturage, dormant parmi les brebis, prenant soin des plus faibles. Jésus, en d’autres termes, ne fait pas quelque chose pour nous, mais donne tout, donne sa vie pour nous. Son cœur est un cœur pastoral (cf. Ez 34,15). Il fait le pasteur avec nous tous.

En effet, pour résumer l’action de l’Église en un mot, le terme “pastoral” est souvent utilisé. Et pour évaluer notre travail pastoral, nous devons nous confronter au modèle, nous confronter avec Jésus, Jésus le bon pasteur. Avant tout, nous pouvons nous demander : l’imitons-nous en nous abreuvant aux sources de la prière, afin que nos cœurs soient en syntonie avec le sien ? L’intimité avec Lui est, comme le suggère le beau volume de l’abbé Chautard, « l’âme de tout apostolat ». Jésus lui-même a dit clairement à ses disciples : “Sans moi, vous ne pouvez rien faire” (Jn 15,5). Si l’on est avec Jésus, on découvre que son cœur pastoral bat toujours pour qui est perdu, égaré, lointain. Et le nôtre ? Combien de fois notre attitude avec les personnes un peu difficiles ou qui sont un peu difficiles s’exprime par ces mots : “ Mais c’est son problème, qu’il se débrouille… “. Mais Jésus n’a jamais dit cela, jamais, mais il est toujours allé à la rencontre des marginaux, des pécheurs. On l’a accusé de cela, d’être avec les pécheurs, parce qu’il leur apportait le salut de Dieu.

 

 

(Photo: Pexels.com / Adnan Kale)

 

 

 

 

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