La miséricorde divine en action
La miséricorde divine en action
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire
16ÉME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE B)
Jr 23,1-6; Ps 22; Ep 2,13-18; Mc 6,30-34
La miséricorde divine en action
Dans l’évangile d’aujourd’hui, il y a une phrase clé qui éclaire le sens de tout le récit évangélique : « Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux ». Cette vision de Jésus et sa compassion décrivent l’attitude fondamentale qui se trouve derrière chacune de ses actions au cours de sa mission, comme le soulignait saint Luc : « grâce à la tendresse, à l’amour de notre Dieu, quand nous visite l’astre d’en haut » (Lc 1,78). Jésus est ce Soleil qui nous a visité de part et dans la miséricorde de Dieu et qui est lui-même devenu miséricorde divine en action. Réfléchissons sur cette image de Jésus-miséricorde qui émerge trois fois dans le passage d’aujourd’hui. Cela nous aidera dans notre mission de disciples-missionnaires du Christ.
- « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » Le soin et la sollicitude de Jésus pour ses disciples-missionnaires
Les paroles citées de Jésus, qu’il adresse à ses disciples au retour de la mission, sont vraiment émouvantes. Elles révèlent le cœur d’un maître qui prend constamment soin de ses disciples-missionnaires. Lui, qui les envoya d’abord travailler pour le Royaume, les invite maintenant à se reposer dans “un endroit désert”. Ce repos doit être compris dans une double dimension, physique et spirituelle, pour se « recharger » des fatigues causées par les limites humaines. Déjà ici, Jésus se révèle comme le Bon Pasteur, comme Dieu qui pense au repos de ses brebis : « Le Seigneur est mon berger : je ne manque de rien. Sur des prés d’herbe fraîche, il me fait reposer. Il me mène vers les eaux tranquilles et me fait revivre » (Ps22). Ce repos sera toujours avec Dieu et en Dieu : « Je n’ai de repos qu’en Dieu seul » (Ps 61,2).
Mais ce qui est soulignée dans cet épisode, c’est l’attention et la sollicitude de Jésus pour ses proches collaborateurs et, en plus, de montrer une grande sensibilité face aux fatigues des disciples. Il leur donne aussi un enseignement important sur la réalisation de la mission. À partir de cette exhortation, le repos doit aussi faire partie intégrante de la mission. Évidemment, on est demandé d’avoir toujours un désir constant dans les activités missionnaires, spécialement devant les différentes nécessités urgentes (comme Jésus lui-même fera plus loin dans le passage d’aujourd’hui) ; mais le travail pour et dans la Mission doit suivre l’exemple de Dieu qui s’est reposé après ses œuvres de la Création.
- « Jésus vit… Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger ». Jésus le berger compatissant et miséricordieux comme Dieu
La phrase citée de Mc 6,34 rappelle la situation du peuple dans l’Ancien Testament « comme des brebis sans berger » (cf. Nm 27,17; 1Re 22,17; Ez 34,5). Dans cette perspective, la vision de Jésus reflète celle de Dieu lui-même qui, dans sa miséricorde, a promis dans l’Ancien Testament de prendre soin du peuple, comme dans le texte de Jr 23,1-6 : «Je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis (…) Je les ramènerai dans leur enclos, elles seront fécondes et se multiplieront» (première lecture). Il rappelle aussi la façon de voir de Dieu et d’avoir compassion face à la misère du peuple en Egypte, comme il l’a révélé à Moïse dans le buisson ardent (cf. Ex 3,7-9).
Ainsi, avec peu de mots, l’évangéliste Marc fait entrevoir en Jésus la figure du berger compatissant comme Dieu. Cette compassion a poussé Jésus à abandonner le projet initial de se reposer avec ses disciples pour se mettre au service du peuple dans le besoin. On ne sait pas ce que les apôtres ont fait dans cette situation, mais on pourrait facilement imaginer qu’eux aussi ont été “entrainés” dans ce service généreux du Maître qui, comme Dieu le Père, travaille toujours (cf. Jn 5, 17) dans Sa miséricorde.
- « Alors, il se mit à les enseigner longuement ». Enseigner les choses de Dieu comme expression particulière de la miséricorde divine
La première action que Jésus compatissant accomplit envers la foule nous semble très surprenante : « Alors, il se mit à les enseigner longuement ». Il serait plus “normal”, selon nos schémas humains, l’action de nourrir les gens avec la multiplication du pain qui se fera ultérieurement à cette même occasion (cf. 6,35-37). Mais l’action d’enseigner de Jésus représente aussi, et avant tout, l’expression de sa miséricorde qui, en fin de compte, reflète celle de Dieu lui-même envers le peuple. Cela se voit non seulement dans l’image fréquente de Dieu dans l’Ancien Testament comme un bon berger qui guide son peuple, mais aussi dans la réflexion de sagesse de Sir 18,13-14 : « L’homme a pitié de son prochain ; le Seigneur, lui, a pitié de toute créature. Il corrige, il instruit, il enseigne ; comme un berger, il fait revenir son troupeau. Il a pitié de ceux qui accueillent son enseignement et qui observent avec empressement ses décrets ». De ce fait, les bergers selon le cœur que Dieu donnera au peuple seront ceux qui « conduiront avec savoir et intelligence » (Jr 3,15).
Ainsi, Jésus est la miséricorde qui distribue d’abord le pain de l’enseignement divin pour le salut et ensuite aussi la nourriture “ matérielle “ pour le chemin et cela reflète encore une fois l’action du Dieu miséricordieux (cf. Ps 111,4-5 ; 136.25 ; aussi Is 49.10). C’est le principe bien connu dans l’Ancien Testament et confirmé dans les Évangiles par la bouche de Jésus : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4,4; cf. Lc 4,4; Dt 8,3). En cela donc, Jésus compatissant reflète la véritable image du Dieu miséricordieux connu dans la tradition biblico-juive.
Que cette compassion divine dans le Christ soit une inspiration et un guide pour ses disciples-missionnaires d’aujourd’hui dans leur mission d’évangélisation dans le monde contemporain.
Pape François, Angélus, dimanche, 18 juillet 2021
L’attitude de Jésus, que nous observons dans l’Evangile de la liturgie d’aujourd’hui (Mc 6, 30-34), nous aide à saisir deux aspects importants de la vie. Le premier est le repos. […]
Même s’il se réjouit de voir ses disciples heureux des prodiges de la prédication, il ne s’attarde pas à des compliments ou à des questions, mais il se préoccupe de leur fatigue physique et intérieure. Et pourquoi fait-il cela? Parce qu’il veut les mettre en garde contre un danger, qui nous guette toujours nous aussi: le danger de se laisser prendre par la frénésie de « faire », tomber dans le piège de l’activisme, où la chose la plus importante sont les résultats que nous obtenons et de nous sentir des protagonistes absolus. Combien de fois cela arrive également dans l’Eglise: nous sommes affairés, nous courons, nous pensons que tout dépend de nous et, à la fin, nous risquons de négliger Jésus et c’est toujours nous qui revenons au centre. C’est pour cela qu’il invite les siens à se reposer un peu à l’écart, avec lui. Ce n’est pas seulement un repos physique, c’est aussi le repos du cœur. Parce qu’il ne suffit pas de « décrocher », il faut vraiment se reposer. Et comment fait-on cela? Pour le faire, il faut revenir au cœur des choses: s’arrêter, demeurer en silence, prier, pour ne pas passer des courses du travail à celles des vacances. Jésus ne se soustrayait pas aux besoins de la foule, mais chaque jour, avant toute chose, il se retirait dans la prière, dans le silence, dans l’intimité avec le Père. […]
Voici le deuxième aspect: la compassion, qui est le style de Dieu. Le style de Dieu est proximité, compassion et tendresse. Combien de fois dans l’Évangile, dans la Bible, on trouve cette phrase: « Il eut compassion ». Emu, Jésus se consacre aux gens et il recommence à enseigner (cf. vv. 33-34). Cela semble une contradiction, mais en réalité, ce n’est pas le cas. En effet, seul un cœur qui ne se laisse pas emporter par la précipitation est capable de s’émouvoir, c’est-à-dire de ne pas se laisser prendre par lui-même ou par les choses à faire et de remarquer les autres, leurs blessures, leurs besoins. La compassion naît de la contemplation. Si nous apprenons à nous reposer vraiment, nous devenons capables d’une vraie compassion; si nous cultivons un regard contemplatif, nous poursuivrons nos activités sans l’attitude rapace de celui qui veut tout posséder et tout consommer; si nous restons en contact avec le Seigneur et que nous n’anesthésions pas la partie la plus profonde de nous-mêmes, les choses à faire n’auront pas le pouvoir de nous ôter le souffle et de nous dévorer. Nous avons besoin – écoutez cela – nous avons besoin d’une «écologie du cœur» faite de repos, de contemplation et de compassion. Profitons du temps estival pour cela!
Pape François, Angélus, dimanche, 22 juillet2018
[…] Parfois, nous ne réussissons pas à réaliser nos projets, parce que survient un imprévu urgent qui bouleverse nos programmes et exige flexibilité et disponibilité aux besoins des autres.
Dans ces circonstances, nous sommes appelés à imiter ce qu’a fait Jésus: «En débarquant, il vit une foule nombreuse et il en eut pitié, parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger, et il se mit à les enseigner longuement» (v. 34). Dans cette brève phrase, l’évangéliste nous offre un flash d’une intensité singulière, en photographiant les yeux du divin Maître et son enseignement. Observons les trois verbes de ce photogramme: voir, avoir compassion, enseigner. Nous pouvons les appeler les verbes du Pasteur. Le regard de Jésus n’est pas un regard neutre ou, pire, froid et détaché, parce que Jésus regarde toujours avec les yeux du cœur. Et son cœur est si tendre et plein de compassion, qu’il sait saisir les besoins, même les plus cachés, des personnes. En outre, sa compassion n’indique pas simplement une réaction émotive face à une situation de malaise des personnes, mais elle est beaucoup plus: c’est l’attitude et la prédisposition de Dieu envers l’homme et son histoire. Jésus apparaît comme la réalisation de la sollicitude et de l’attention de Dieu envers son peuple.
Étant donné que Jésus s’est ému de voir tous ces gens qui avaient besoin d’un guide et d’une aide, nous nous attendrions à ce qu’Il se mette alors à faire quelque miracle. Au contraire, il se mit à leur enseigner beaucoup de choses. Voici le premier pain que le Messie offre à la foule affamée et égarée: le pain de la Parole. Nous avons tous besoin de la parole de vérité, qui nous guide et illumine notre chemin. Sans la vérité, qui est le Christ lui-même, il n’est pas possible de trouver la juste orientation de la vie. Quand nous nous éloignons de Jésus et de son amour, nous nous perdons et l’existence se transforme en déception et en insatisfaction. Avec Jésus à nos côtés, on peut avancer en sécurité, on peut dépasser les épreuves, on progresse dans l’amour à l’égard de Dieu et du prochain. Jésus s’est fait don pour les autres, en devenant ainsi modèle d’amour et de service pour chacun de nous.
(Pexels.com / Emrah)
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