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13ème dimanche du temps ordinaire (Année C)

Patience et détermination dans la Mission
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv.,
Secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

13ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE C)

1R 19,16b.19-21; Ps 15; Ga 5,1.13-18; Lc 9,51-62

Dieu, mon bonheur et ma joie !

Patience et détermination dans la Mission

L’Évangile de ce dimanche nous place devant l’image du Christ Maître qui, par des actions concrètes et des paroles précises, donne à ses disciples deux précieuses leçons sur le chemin de la mission pour le Royaume de Dieu. Il s’agit de la patience face à l’incompréhension des hommes et la détermination à mener à bien le plan divin confié. Tout cela se passe dans un cadre particulier, celui du début du voyage de Jésus vers Jérusalem, où il accomplira sa mission pour le salut du monde.

  1. La résolution de Jésus

La première phrase que nous avons entendue dans l’Évangile d’aujourd’hui ouvre en fait toute la longue section qui raconte le dernier voyage de Jésus de Galilée à Jérusalem pour soutenir sa passion et sa mort. Il faut donc noter le ton très solennel que saint Luc l’évangéliste a voulu donner à cette phrase initiale qui sonne en réalité comme une proclamation avec diverses expressions d’une grande portée théologique et spirituelle à analyser.

Tout d’abord, le contexte temporel. Il s’agit du chemin parcouru par Jésus, « Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel ». Signalons donc l’entrée de Jésus dans la phase finale de sa vie, toute orientée vers l’accomplissement de la volonté de Dieu. Il faut se rappeler que le temps de l’histoire du salut de l’humanité s’est déjà accompli avec la venue du Christ, comme il l’affirmait lui-même au début de ses activités publiques. Cependant, il atteint maintenant sa maturité, ses tout derniers jours, sa toute dernière heure, « où il [Jésus] allait être enlevé au ciel », où l’expression évangélique désigne à la fois la résurrection de Jésus sur la croix (la passion) et son ascension au ciel (la résurrection) (cf. Lc 24,51 ; Ac 1,9).

Dans cette circonstance de l’accomplissement final, saint Luc souligne que « Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem », précisément pour affronter la fin et donc l’aboutissement de toute sa mission. L’expression « le visage déterminé » est la traduction de l’original grec « mettre son visage », utilisé dans l’Ancien Testament pour désigner l’action d’un envoyé porteur d’un message de jugement divin (cf. Ez 21,2-3 ; Nb 22,4-25). Jésus « met son visage » sur son chemin vers Jérusalem pour apporter un message de jugement qui se révèle aussi comme un message de salut pour le peuple. Et cela toujours avec détermination et fermeté.

Précisément le long de ce chemin final, Jésus révèle à un certain moment son cœur plein de zèle pour l’accomplissement de sa mission : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » (Lc 12,49-50) (où le baptême auquel il fait allusion sera précisément cette immersion dans le sang, dans la mort sur la croix).

Et dans l’exécution de ce plan divin, Jésus n’aura peur de rien ni de personne en cours de route. L’épisode dans lequel Jésus a été averti est emblématique « Hérode veut te tuer », et sa la réponse sera : « Allez dire à ce renard : voici que j’expulse les démons et je fais des guérisons aujourd’hui et demain, et, le troisième jour, j’arrive au terme. Mais il me faut continuer ma route aujourd’hui, demain et le jour suivant, car il ne convient pas qu’un prophète périsse en dehors de Jérusalem.

(Lc 13,32-33).

Cette résolution de Jésus nous dit-elle encore quelque chose, nous ses disciples missionnaires d’aujourd’hui ?

  1. Une leçon « magistrale » de patience et de magnanimité « missionnaire »

Il est curieux et significatif que juste au moment où Jésus plein de ferveur a commencé le voyage « Il envoya, en avant de lui, des messagers » (dans les villages le long du chemin), comme il le faisait habituellement, « pour préparer sa venue », il a rencontré un refus : « Mais [les Samaritains] on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem ». Cette action de la part des habitants d’un village samaritain est tout à fait compréhensible, car il n’y avait pas de bon sang entre eux et les Juifs en raison de l’inimitié créée au cours des siècles. Surprenant, cependant, est la réaction trop fougueuse et violente de Jacques et Jean qui proposent au Maître en toute « tranquillité » : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? ». Ce n’est peut-être pas un hasard si ces deux fils de Zébédée ont été surnommés par Jésus lui-même «fils du Boanerguès », ce qui signifie « Fils du tonnerre » (Mc 3,17). C’est le cas exemplaire de la confusion souvent, que l’on retrouve déjà dans l’Ancien Testament, (comme chez Elie [cf. 2 Rois 1,9-16]), entre le zèle humain et le zèle divin, entre la ferveur selon la pensée humaine et celle selon la pensée de Dieu. (À tel point que dans certains anciens manuscrits de l’évangile, le contenu du reproche de Jésus est ajouté : « Vous ne savez pas quel genre d’esprit vous avez, car le Fils de l’homme n’est pas venu pour détruire la vie des hommes, mais pour la sauver » !)

Pauvre Jésus qui a dû suivre ces cas « désespérés » de ses disciples ! Pas seulement hier, mais aussi aujourd’hui ! Et la leçon qu’il a enseignée à ses disciples à cette occasion est restée valable dans le temps : « Mais Jésus, se retournant, les réprimanda. Puis ils partirent pour un autre village ». Une leçon « magistrale » de patience et de magnanimité « missionnaire » ! En véritable homme de Dieu, missionnaire et visage de la miséricorde divine, Jésus s’est comporté avec douceur, compréhension et en tout respect pour le cheminement de ces habitants vers la foi en Lui. Je voudrais bien voir, voire contempler longtemps, le visage divin de Jésus à ce moment (et aussi le visage des deux disciples « fils du tonnerre » dans lequel je me retrouve parfois impatient et même vindicatif face au rejet des autres dans la mission !). Ô Jésus, doux et humble de cœur, rends nos cœurs semblables au tien, tous ardents pour la mission divine mais toujours bienveillants et pleins de compréhension pour ceux qui nous rejettent et ne sont pas prêts ou prêts à accueillir la bonne nouvelle de l’amour de Dieu en Christ.

  1. La vraie détermination essentielle à suivre Jésus dans la mission

Après le contraste entre le zèle doux de Jésus et celui trop humain des disciples, vient l’explication explicite sur la vraie détermination dans la mission pour ceux qui veulent suivre Jésus sur le chemin de ce temps final. Dans un triptyque de conversations tout au long du chemin, Jésus met en évidence trois caractéristiques d’une véritable détermination pour le cheminement de la mission divine.

En premier lieu, pour ceux qui se proposent de le suivre partout où il ira, Jésus explique immédiatement sa situation précaire avec un sage style folklorique : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête ». C’est l’invitation implicite à faire le voyage avec celui qui n’a rien, ni soutien ni sécurité matérielle.

Dans le second cas, c’est Jésus lui-même qui appela un adepte potentiel qui, surpris par cette invitation, demanda « d’aller d’abord enterrer mon père ». Selon toute vraisemblance, l’homme n’a pas reçu la nouvelle de la disparition de son père en même temps que l’appel. La demande faite à Jésus implique plutôt un certain temps pour accomplir pleinement la tâche d’honorer la mère et le père selon le commandement du Décalogue, en prenant soin d’eux jusqu’à la mort et l’enterrement. Et la réponse négative de Jésus aura surpris tous les auditeurs : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu ». Métaphoriquement et par un jeu de mots, le Maître de Nazareth souligne l’urgence du cheminement de la proclamation du royaume de Dieu qu’Il entreprend et invite maintenant ses disciples potentiels à faire, laissant « les morts [spirituels du monde] » enterrer « leurs morts [physiques] ».

Cette urgence est encore plus accentuée dans le troisième et dernier enseignement sur la détermination à suivre Jésus dans la mission. Au moment de l’appel, il n’y a même pas l’espace et le temps de rentrer chez soi pour un moment de congé, d’ailleurs légitime, avec parents et proches : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu ». La perspective du Royaume de Dieu se dessine encore, qui doit désormais occuper la première place dans la vie de tout appelé et consacré de Dieu, comme déjà dans la vie de Jésus, car maintenant, plus que jamais, « le temps est venu et le royaume de Dieu s’est approché » !

Puissent l’enseignement et l’exemple de Jésus d’aujourd’hui nous éclairer particulièrement et nous soutenir dans notre cheminement de disciples missionnaires ! Que son Esprit allume et ravive en nous le désir et la vraie et sainte détermination de commencer le chemin avec Jésus sur le chemin de l’annonce joyeuse du royaume de Dieu malgré les rejets et les incompréhensions ! Et que Marie, Mère du Christ et Mère de ses disciples, intercède pour nous dans la mission ! Amen.

Pape François, Angélus, Place Saint-Pierre, Dimanche 30 juin 2013

Jérusalem est le but final où Jésus, dans sa dernière Pâque, doit mourir et ressusciter, et ainsi mener à son accomplissement sa mission de salut.

À partir de ce moment-là, après cette « ferme décision », Jésus va droit au but, et aux personnes qu’il rencontre, et qui lui demandent de le suivre, il dit aussi clairement quelles sont les conditions : ne pas avoir de demeure stable ; savoir se détacher des liens d’affection humains ; ne pas céder à la nostalgie du passé.

Mais Jésus dit aussi à ses disciples chargés de le précéder sur la route de Jérusalem, pour annoncer son passage, de ne rien imposer : s’ils ne trouvent pas la disponibilité pour l’accueillir, qu’ils poursuivent leur chemin, qu’ils avancent. Jésus n’impose jamais, Jésus est humble, Jésus invite. Si tu veux, viens. L’humilité de Jésus est ainsi : Il nous invite toujours. Il n’impose pas.

[…] Le Fils de Dieu fait homme, et à un certain moment, il a pris la ferme décision de monter à Jérusalem pour la dernière fois ; une décision prise dans sa conscience, mais pas seul : avec le Père, en union totale avec Lui ! Il a décidé dans l’obéissance au Père, dans l’écoute profonde, intime, de sa volonté. C’est pourquoi la décision était ferme, parce qu’elle était prise avec le Père. Et dans le Père, Jésus trouvait la force et la lumière pour son chemin.

Pape François, Angélus, Place Saint-Pierre, Dimanche 30 juin 2019

L’Evangéliste nous présente aujourd’hui trois personnages — trois cas de vocation, pourrait-on dire — qui mettent en lumière ce qui est demandé à celui qui veut suivre Jésus jusqu’au bout, totalement.

[…] L’Eglise, pour suivre Jésus, est itinérante, elle agit immédiatement, en hâte et elle est décidée. La valeur de ces conditions posées par Jésus — itinérance, promptitude et décision — ne réside pas dans une série de «non» dits à des choses bonnes et importantes de la vie. L’accent est plutôt mis sur l’objectif principal : devenir disciple du Christ ! Un choix libre et conscient, fait par amour, pour répondre à la grâce inestimable de Dieu, et non pas fait comme une façon de se promouvoir. Que cela est triste ! Gare à ceux qui pensent suivre Jésus pour se promouvoir, c’est-à-dire pour faire carrière, pour se sentir importants ou obtenir une place prestigieuse. Jésus veut que nous soyons passionnés par Lui et par l’Evangile. Une passion du cœur qui se traduit par des gestes concrets de proximité envers nos frères qui ont le plus besoin d’accueil et d’attention. Précisément comme il l’a lui-même vécu.

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