Allez et invitez tout le monde au banquet !
Réflexion préparée par la direction nationale des OPM au Canada francophone.
Réflexion sur l’Évangile de Marc 10, 35-45 pour le dimanche 20 octobre 2024
Le thème de la Journée mondiale des missions que le pape François a choisi est : « Allez et invitez tout le monde au banquet ! » (Mt 22, 9) Le banquet est celui des noces du Fils, de celui qui vient épouser toute l’Humanité et veut donc tout le monde au rendez-vous nuptial. Il dit : « la coupe que je vais boire, vous y boirez. Et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ! » Quel est ce baptême pour Jésus, sinon celui d’être plongé dans notre humanité de la naissance jusqu’à sa passion et sa mort où il va donner sa vie pour la multitude ? L’Époux a été éprouvé en toute chose et nous offre un amour de compassion, de bienveillance et de délivrance (Psaume du jour). Plus que cela, il nous offre sa vie en retour, quoi de plus beau comme grâce, comme cadeau ! Nous sommes invités à participer à des noces sublimes, merveilleuses, miséricordieuses (2e lecture) !
L’Époux des noces parle de nous servir, ceci n’est pas dans nos habitudes de noces. Il est le Serviteur qui a été broyé par la souffrance et justifiera la multitude de ses frères et sœurs en humanité (1re lecture). Il offre donc de nous servir, au menu du banquet, le salut, rien de moins. Avec son sacrifice, offert dans la sainte Eucharistie, une grâce réparatrice de notre humanité blessée est offerte. Oui, nous attendons notre vie nouvelle de lui, chante le psaume, que son amour soit sur nous, notre espoir est en lui. Invitons tout le monde au banquet de l’eucharistie, au banquet des noces de l’Agneau, voilà notre mission universelle, ad gentes, dans tous les peuples. Dans son message pour aujourd’hui, le pape François nous dit : alors que le monde propose les « banquets » variés de la consommation, du bien-être égoïste, de l’accumulation, de l’individualisme, l’Évangile appelle chacun au banquet divin où règnent la joie, le partage, la justice, la fraternité, dans la communion avec Dieu et avec les autres. Cette plénitude de vie, don du Christ, est anticipée dans le banquet de l’Eucharistie que l’Église célèbre à la demande du Seigneur, en mémoire de Lui. Ainsi, l’invitation au banquet eschatologique que nous apportons à chacun dans la mission évangélisatrice est intrinsèquement liée à l’invitation à la table eucharistique où le Seigneur nous nourrit de sa Parole, de son Corps et de son Sang (Message pour la Journée mondiale des missions 2024).
Voyons dans la vie d’une baptisée ce que signifie cette grâce offerte de servir nous aussi nos proches et cela, jusqu’à boire la coupe de souffrance et du sacrifice. Le pape François nous donne l’exemple de Josephine Bakhita du Soudan : née au Darfour en 1869, elle est enlevée à sa famille à l’âge de sept ans et devient esclave. Elle a connu huit maîtres — l’un la vendait à l’autre… Les souffrances physiques et morales qu’elle a subies pendant son enfance l’ont laissée sans identité. Elle a subi la malveillance et la violence… Mais elle-même témoigne : « Comme esclave, je n’ai jamais désespéré, car je sentais une force mystérieuse qui me soutenait ». Quel est le secret de sainte Bakhita ? Nous savons que souvent la personne blessée blesse à son tour ; l’opprimé devient facilement un oppresseur. Par contre, la vocation des opprimés est de se libérer et de libérer les oppresseurs en devenant des restaurateurs d’humanité. Seulement dans la faiblesse de l’opprimé peut se révéler la puissance de l’amour de Dieu qui libère les deux. Bakhita exprime très bien cette vérité.
Un jour, son tuteur lui fait cadeau d’un petit crucifix, et elle le garde comme un trésor jalousement. En le regardant, elle éprouve une libération intérieure parce qu’elle se sent comprise et aimée et donc capable de comprendre et d’aimer : ceci est le début. En effet, elle dira : « L’amour de Dieu m’a toujours accompagnée d’une manière mystérieuse… Le Seigneur m’a tant aimée : il faut aimer tout le monde… Il faut compatir ! » Ainsi est l’âme de Bakhita. Réellement, compatir signifie à la fois souffrir avec les victimes de tant d’inhumanité dans le monde et avoir pitié de ceux qui commettent des erreurs et des injustices, non pas en les justifiant, mais en les humanisant. C’est la caresse qu’elle nous enseigne : humaniser. Lorsque nous entrons dans la logique de la lutte, de la division entre nous, de mauvais sentiments, l’un contre l’autre, nous perdons l’humanité. Sainte Bakhita nous enseigne : humaniser, nous humaniser nous-mêmes et humaniser les autres.
Sainte Bakhita, devenue chrétienne, est transformée par les paroles du Christ qu’elle méditait quotidiennement : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Lc 23, 34) […]. Nous pouvons dire que la vie de sainte Bakhita est devenue une parabole existentielle du pardon. Que c’est beau de dire d’une personne : « elle a été capable, elle a été capable de pardonner toujours […] Le pardon l’a rendue libre. » Le pardon d’abord reçu à travers l’amour miséricordieux de Dieu, et ensuite le pardon donné a fait d’elle une femme libre, joyeuse, capable d’aimer. Bakhita a pu vivre le service non pas comme un esclavage, mais comme l’expression du don de soi. Devenue servante involontairement — elle avait été vendue comme esclave —, elle a ensuite choisi librement de se faire servante, de porter sur ses épaules les fardeaux des autres (22e catéchèse sur la passion pour l’évangélisation).
Enfin, l’appel à boire la coupe et à donner sa vie peut demander aux disciples-missionnaires à donner leur vie pour le Christ. Ils sont nourris au banquet de l’Eucharistie et appelés à conformer leur vie sur ce mystère d’amour nuptial. Jésus ayant donné sa vie pour nous, ils peuvent donner leur vie par amour pour Lui et pour leurs proches. Voici comment le pape François explique, inspiré du martyre de saint Laurent : saint Augustin souligne souvent cette dynamique de gratitude et de réciprocité gratuite du don. Voici, par exemple, ce qu’il prêchait lors de la fête de saint Laurent : « saint Laurent était un diacre de l’Église de Rome », « C’est là qu’il était ministre du sang du Christ et c’est là qu’il a versé son sang pour le nom du Christ. Le bienheureux apôtre Jean a clairement exposé le mystère de la Cène, en disant : “Jésus, a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères” (1 Jn 3, 16). Laurent a compris tout cela. Il l’a compris et l’a mis en pratique. Et il a vraiment rendu ce qu’il avait reçu à cette table. Il a aimé le Christ dans sa vie, il l’a imité dans sa mort » (Disc. 304, 14; PL 38, 1395-1397). C’est ainsi que saint Augustin explique le dynamisme spirituel qui animait les martyrs. (11e catéchèse sur la passion pour l’évangélisation)
Vatican II a rappelé que : « le martyre dans lequel le disciple est assimilé à son maître, acceptant librement la mort pour le salut du monde, et, rendu semblable à lui dans l’effusion de son sang, ce disciple est considéré par l’Église comme une grâce éminente et la preuve suprême de la charité » (Const. Lumen Gentium, 42). Le pape François nous explique : les martyrs, à l’imitation de Jésus et avec sa grâce, transforment la violence de ceux qui refusent l’annonce en une grande opportunité d’amour, suprême, qui va jusqu’au pardon de leurs bourreaux. Ce détail est intéressant : les martyrs pardonnent toujours à leurs bourreaux. Étienne, le premier martyr, mourut en priant : « Seigneur, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Si le martyre n’est demandé qu’à quelques-uns, « tous cependant doivent être prêts à confesser le Christ devant les hommes et à le suivre sur le chemin de la croix, à travers les persécutions qui ne manquent jamais à l’Église » (ibid., 42). Aujourd’hui, il y a des persécutions contre les chrétiens dans le monde, beaucoup ! Il y a plus de martyrs aujourd’hui que dans les premiers temps. Il y en a tellement ! Les martyrs nous montrent que tout chrétien est appelé au témoignage de la vie, même s’il ne va pas jusqu’à l’effusion du sang, en faisant de lui-même un don à Dieu et à ses frères, à l’imitation de Jésus (11e catéchèse).
En cette Journée mondiale des missions, répondons à l’appel de tous les baptisés à servir et donner notre vie. Invitons tout le monde à découvrir la richesse de notre spiritualité chrétienne et de notre banquet eucharistique où Jésus donne sa vie pour nous, et donne grâce de faire de même pour les autres. Prions pour la grande Mission universelle des baptisés et soutenons-la concrètement par notre collecte entièrement donnée pour la Propagation de la foi, cette œuvre pontificale qui vient en aide aux jeunes Églises. Tenons ferme l’affirmation de notre foi qui a pour modèle le Serviteur et Grand prêtre Jésus qui donne sa vie à nouveau aujourd’hui, dans le banquet de son Eucharistie. Allons et invitons tout le monde à ce banquet de la vraie nourriture, du pain de la vie éternelle !
Enfin, même si on a la tentation de vouloir rester au banquet, rester avec Jésus, il y a toujours l’appel à la mission. Allez, dit le Christ. Cependant, on ne peut rester sans aller. En effet, suivre le Christ n’est pas un acte intimiste : sans annonce, sans service, sans mission, la relation avec Jésus ne croît pas. Notons que dans l’Évangile, le Seigneur envoie les disciples avant d’avoir achevé leur préparation : peu après les avoir appelés, il les envoie déjà ! Cela signifie que l’expérience de la mission fait partie de la formation chrétienne. Rappelons alors ces deux moments constitutifs pour tout disciple : rester avec Jésus, et aller, envoyés par Jésus (4e catéchèse).
Pourquoi inviter, pourquoi l’annoncer à tout le monde ce banquet ? Le pape François poursuit : pourquoi annoncer ? La motivation réside dans cinq paroles de Jésus : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement » (v. 8). Mais pourquoi annoncer ? Parce que j’ai reçu gratuitement et que je dois donner gratuitement. L’annonce ne part pas de nous, mais de la beauté de ce que nous avons reçu gratuitement, sans mérite : rencontrer Jésus, le connaitre, découvrir que nous sommes aimés et sauvés. C’est un don si grand que nous ne pouvons le garder pour nous, nous ressentons le besoin de le répandre ; mais dans le même style, c’est-à-dire dans la gratuité. Nous avons un don, nous sommes donc appelés à nous faire don ; nous avons reçu un don et notre vocation est de nous transformer en don pour les autres ; nous éprouvons la joie d’être enfants de Dieu, elle doit être partagée avec nos frères et sœurs qui ne la connaissent pas encore ! C’est cela la justification de l’annonce. Aller et porter la joie de ce que nous avons reçu (4e catéchèse).
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