La Mission continue jusqu’à la « fin »
La Mission continue jusqu’à la « fin »
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire
XXXIII DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE B)
Dn 12,1-3; Sal 15; Eb 10,11-14.18; Mc 13,24-32
La Mission continue jusqu’à la “fin”
Nous arrivons à l’avant-dernier dimanche de l’année liturgique. Dans l’évangile d’aujourd’hui, le Seigneur nous invite à réfléchir sur la fin de notre temps et, dans ce contexte, sur l’accomplissement de la mission salvifique divine avec sa seconde venue. Il nous exhorte à discerner avec sagesse les signes de son approche dans notre histoire à travers ses paroles de vérité et de vie.
1.« En ces jours-là ». La certitude de la fin “sérieuse”
Le passage évangélique entendu représente la dernière partie du long discours de Jésus, qui concerne le thème de la fin des temps. “Ces jours” sont les derniers jours de l’histoire, comme l’ont prédit de nombreux prophètes avant l’époque de Jésus, comme Daniel (première lecture). La destruction imminente du Temple de Jérusalem sert d’image et de “presage” de la fin. C’est pourquoi, en parlant de “ces jours-là”, Jésus évoque, à la suite des anciens prophètes et avec leur langage, la terrible tribulation finale (« telle qu’il n’y en a jamais eu depuis le commencement de la création, quand Dieu créa le monde, jusqu’à maintenant, et telle qu’il n’y en aura jamais plus » Mc 13,19) et les catastrophes cosmiques. Cela souligne la gravité de l’événement et en même temps son caractère inévitable.
On peut remarquer combien la description des phénomènes et des désastres qui précèdent la fin du Temple et, symboliquement du monde, ressemble beaucoup aux chroniques de notre époque, avec les nouvelles de « guerres et révolutions », « nation contre nation et royaume contre royaume », « tremblements de terre, famines et épidémies »! (Lc 21,5-19; Mc 13,8-9). Donc, nous nous trouvons toujours au moment de la fin et à la fin des temps. Par conséquent, les conseils concrets de Jésus à ses disciples sur la capacité de discerner et d’agir au milieu de “cette tribulation” restent valables.
2.« Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde ». L’accomplissement final de la mission de Dieu en Christ
Dans ce contexte de tragédies finales, la référence à l’accomplissement définitif de la mission de Dieu dans le Christ est significative et réconfortante : « Il enverra les anges pour rassembler les élus des quatre coins du monde ». Il sera également intéressant de noter l’implication des anges “missionnaires” ou “envoyés” du Christ dans cette opération du salut définitif de Dieu. Deux observations s’imposent ici.
Tout d’abord, l’expression en question rappelle celle de la conclusion de la parabole de la graine et de la mauvaise herbe, que je rapporte intégralement pour son sens :
De même que l’on enlève l’ivraie pour la jeter au feu, ainsi en sera-t-il à la fin du monde. Le Fils de l’homme enverra ses anges, et ils enlèveront de son royaume toutes les causes de chute et ceux qui font le mal; ils les jetteront dans la fournaise: là, il y aura des pleurs et des grincements de dents. Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père. Celui qui a des oreilles, qu’il entende! (Mt 13,40-43)
Il s’agit donc de l’action de rassembler, en fin de compte, non seulement les “sauvés”, mais aussi les “injustes”, « les uns pour la vie éternelle, les autres pour la honte et la déchéance éternelles », comme souligné par le prophète Daniel. Pas tous dans le même sac, car, avec la miséricorde infinie de Dieu, existe et règne sur tout sa justice « qui rendra à chacun selon ses œuvres » (cf. Rm 2,6). Alors, « qui a des oreilles, qu’il entende! » et on y réfléchit avant la fin!
Par ailleurs, l’implication des anges, « envoyés » célestes du Christ dans sa mission finale évoque celle de ses « envoyés » terrestres tout au long de l’Histoire jusqu’à la fin du monde. En fait, ces activités des disciples, envoyés par le Christ à tous les peuples pour annoncer l’Évangile, sont explicitement mentionnées lorsqu’Il décrit ce qui arrivera avec ses disciples dans la période précédant la fin: « On vous livrera aux tribunaux et aux synagogues; on vous frappera, on vous traduira devant des gouverneurs et des rois à cause de moi; ce sera pour eux un témoignage. Mais il faut d’abord que l’Évangile soit proclamé à toutes les nations » (Mc 13,9-10). Nous pouvons affirmer que plus nous avançons dans l’histoire, plus le travail d’évangélisation deviendra intense et « nécessaire », surtout face à d’éventuelles persécutions. À mesure que la proclamation de l’Évangile s’intensifie, les chrétiens participent au plan de Dieu visant à préparer toute l’Humanité à “ces derniers jours” du salut, annonçant à tous l’amour inconditionnel de Dieu dans le Christ.
- En attendant, apprenez la sagesse !
À la lumière de la mission salvifique de Dieu, les disciples sont encore appelés à vivre guidés par la sagesse, qui découle de l’enseignement final de Jésus et se manifeste sous trois formes.
D’abord, avoir la capacité de discerner l’approche, ou plutôt la maturation du temps définitif en observant le rythme naturel du figuier.
Deuxièmement, il est essentiel de reconnaître que les Paroles du Seigneur sont la seule certitude dans un monde où tout (le ciel et la terre) passera. Il est donc nécessaire de fonder tous les aspects de la vie sur cette fondation inébranlable.
Enfin, ne pas perdre de temps dans la vaine recherche du jour et de l’heure exacte de la fin, car cela appartient exclusivement à la sagesse de Dieu le Père.
Que cette triple sagesse accompagne chacun de nous dans notre vie chrétienne, afin que nous puissions nous préparer adéquatement, avec tous nos frères et sœurs du monde, à la rencontre définitive avec le Seigneur en ces derniers jours de l’Histoire.
Pape François, Message pour la 98e Journée mondiale des missions 2024 « Allez et invitez tout le monde à la noce » (cf. Mt 22, 9).
- Au banquet. La perspective eschatologique et eucharistique de la mission du Christ et de l’Église
[…]
La mission du Christ se situe à la plénitude des temps, comme Il l’a déclaré au début de sa prédication : « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche » (Mc 1, 15). Ainsi, les disciples du Christ sont appelés à poursuivre la mission de leur Maître et Seigneur. Rappelons l’enseignement du Concile Vatican II sur le caractère eschatologique de l’engagement missionnaire de l’Église : « Le temps de l’activité missionnaire se situe entre le premier avènement du Seigneur et le second […]. Car avant la venue du Seigneur, il faut que l’Évangile soit proclamé parmi toutes les nations » (Decr. Ad gentes, n. 9). […]
Pape François, Angélus, place Saint-Pierre, 14 novembre 2021
Le passage évangélique de la liturgie d’aujourd’hui s’ouvre sur une phrase de Jésus qui nous stupéfie: «Le soleil s’obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière; les étoiles se mettront à tomber du ciel» (Mc 13, 24-25) […] Mais à la fin, Jésus dit ce qui ne s’effondre pas: «Le ciel et la terre passeront, — dit-il — mais mes paroles ne passeront point» (v. 31). Les paroles du Seigneur ne passent pas. Il établit une distinction entre les avant-dernières choses, qui passent, et les dernières choses, qui restent. C’est un message pour nous, pour nous orienter dans nos choix de vie importants, pour nous guider sur ce qui vaut la peine d’investir la vie. Sur ce qui est transitoire ou sur les paroles du Seigneur, qui restent pour toujours? Evidemment sur celles-ci. Mais ce n’est pas facile. En effet, les choses qui tombent sous nos sens et qui nous donnent immédiatement satisfaction nous attirent, tandis que les paroles du Seigneur, bien que belles, vont au-delà de l’immédiat et elles demandent de la patience. Nous sommes tentés de nous accrocher à ce que nous voyons et touchons et cela nous semble plus sûr. C’est humain, c’est la tentation. Mais c’est une tromperie, car «le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas». Voilà donc l’invitation: ne pas construire sa vie sur le sable. Lorsque l’on -construit une maison, on creuse en profondeur et on pose des fondations solides. Seul un sot dirait que c’est de l’argent jeté pour quelque chose qui ne peut pas être vu. Le disciple fidèle, pour Jésus, est celui qui fonde sa vie sur le roc, qui est sa Parole qui ne passe pas (cf. Mt 7, 24-27), sur la fermeté de la parole de Jésus: c’est le fondement de la vie que Jésus veut de nous, et qui ne passera pas. […]
Et nous, frères et sœurs, demandons-nous: dans quoi investissons-nous notre vie? Sur des choses qui passent, comme l’argent, le succès, l’apparence, le bien-être physique? De ces choses, nous n’apporterons rien. Sommes-nous attachés aux choses terrestres, comme si nous devions vivre ici pour toujours? Tant que nous sommes jeunes, en bonne santé, tout va bien, mais quand vient l’heure du départ, nous devons tout quitter. La Parole de Dieu nous avertit aujourd’hui: la scène de ce monde passe. Et seul l’amour restera. Fonder sa vie sur la Parole de Dieu, n’est donc pas s’évader de l’histoire, c’est s’immerger dans les réalités terrestres pour les rendre solides, les transformer par l’amour, en y imprimant le signe de l’éternité, le signe de Dieu. […]
Pape François, voyage apostolique en Hongrie, co-cathédrale Saint-Étienne (Budapest), 28 avril 2023
[…] Je voudrais m’arrêter brièvement sur une belle image utilisée par Jésus : celle du figuier (cf. Mc 13, 28-29). Il nous l’offre dans le contexte du Temple de Jérusalem. À ceux qui admiraient ses belles pierres et vivaient ainsi dans une sorte de conformisme mondain, mettant leur sécurité dans l’espace sacré et sa majesté solennelle, Jésus dit qu’il ne faut rien absolutiser sur cette terre, car tout est précaire et il ne restera pas pierre sur pierre – ces jours-ci, nous lisons à l’Office Divin le livre de l’Apocalypse, qui nous fait voir qu’il ne restera pas pierre sur pierre – mais, en même temps, le Seigneur ne veut pas induire au découragement ou à la peur. Et c’est pourquoi il ajoute : quand tout passera, quand les temples humains s’effondreront, quand des choses terribles se produiront et quand il y aura de violentes persécutions, alors « on verra le Fils de l’homme venir dans les nuées avec grande puissance et avec gloire » (v. 26). Et c’est là qu’il invite à regarder le figuier : « Laissez-vous instruire par la comparaison du figuier : dès que ses branches deviennent tendres et que sortent les feuilles, vous savez que l’été est proche. De même, vous aussi, lorsque vous verrez arriver cela, sachez que le Fils de l’homme est proche, à votre porte » (vv. 28-29). Nous sommes donc appelés à accueillir comme une plante féconde le temps que nous vivons, avec ses changements et ses défis, car c’est précisément à travers tout cela – dit l’Évangile – que le Seigneur s’approche. Et en attendant, nous sommes appelés à cultiver notre saison, à la lire, à y semer l’Évangile, à élaguer les branches sèches du mal, à porter du fruit. Nous sommes appelés à un accueil avec prophétie.
Accueil avec prophétie : il s’agit d’apprendre à reconnaître les signes de la présence de Dieu dans la réalité, même là où elle n’apparaît pas explicitement marquée par l’esprit chrétien et vient à notre rencontre avec son caractère de défi ou d’interrogation. Et, en même temps, il s’agit de tout interpréter à la lumière de l’Évangile sans se faire mondaniser – attention ! -, mais comme annonceurs et témoins de la prophétie chrétienne. […]
(Photo: Pexels.com / Laura The Explaura)
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