< Retour aux ressources

La première annonce de Jésus à tous

La Première annonce de Jésus à tous
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

3ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE B)

DIMANCHE DE LA PAROLE DE DIEU

Jon 3,1-5.10 ; Ps 24 ; 1Co 7,29-31 ; Mc 1,14-20

La première annonce de Jésus à tous

L’évangile d’aujourd’hui nous invite à contempler le début des activités publiques de Jésus racontées par Marc. Il s’agit du tout premier message que Jésus a annoncé au monde entier pour commencer son ministère de « proclamer l’Évangile de Dieu », ainsi que son appel aux premiers disciples. Chacune des paroles de Jésus révèle et fait comprendre les caractéristiques fondamentales de la mission du Christ et de celle de tous ses disciples. Une étude approfondie est nécessaire dans le contexte du Dimanche de la Parole et de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

  1. « Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche ». Une déclaration fondamentale concernant le contexte de la mission de Jésus

La toute première proclamation de Jésus, selon l’Évangile de saint Marc exprime l’essence de tout son ministère d’évangélisation. Il s’agit en fait du « sermon » le plus court de tous les temps et en même temps le plus important. Il commence par une double déclaration (« Les temps sont accomplis : le règne de Dieu est tout proche ») et se termine immédiatement par une double exhortation (« Convertissez-vous et croyez à l’Évangile »), en réponse à la situation qui vient d’être déclarée. On voit alors tout le poids de cette double affirmation sur le contexte temporel et existentiel de l’humanité que Jésus a voulu souligner au début de sa proclamation programmatique.

C’est précisément cela la bonne nouvelle, parce qu’elle révèle toute l’initiative du Dieu fidèle qui, en Jésus, a porté le temps à son accomplissement et à sa plénitude, dont le signe est l’approche du Royaume de Dieu à toute l’humanité. L’annonce de Jésus, qui sera un modèle pour tous ses disciples missionnaires, est avant tout une mise en évidence de la “situation” de Dieu à l’égard de l’humanité, indépendamment du fait que l’humanité le connaisse ou non, comment et jusqu’à quel point. Cette proclamation missionnaire “kérygmatique” est avant tout une déclaration d’amour divin, avant même tout appel à l’engagement humain de la conversion et de la foi. Rappelons-nous : « Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jn 3,16).

  1. « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile ». Une exhortation permanente à la conversion à l’Évangile

Dans ce contexte des temps accomplis et de l’approche du Royaume de Dieu, la venue de Jésus et son annonce deviennent plus pressantes que jamais. Dès lors, l’humanité entière est entrée dans le temps eschatologique, celui de la fin des temps, celui du salut final, qui est donné gratuitement en Jésus maintenant, dans cette fameuse “année de grâce”, prédite par Isaïe et proclamée par Jésus lui-même dans la synagogue de Nazareth. L’initiative revient entièrement à Dieu, qui précède toujours l’homme par sa grâce. C’est pourquoi, avec ce présupposé fondamental, en complétant la phrase, Jésus exhorte : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1,15b). L’enseignement de Jésus aujourd’hui doit être reçu précisément dans cette perspective de la fin ; chaque parole du Seigneur mérite ici une attention particulière.

Tout d’abord, l’exhortation à la conversion exige l’abandon des péchés pour revenir à Dieu, comme nous l’avons vu également dans le cas des habitants de Ninive qui, à l’annonce du prophète Jonas, « se détournaient de leur conduite mauvaise » (Jon 3,10 ; première lecture). L’appel sincère de Jésus à la conversion à la fin des temps fait en réalité écho au désir constant du Dieu pitoyable et miséricordieux qui ne veut jamais que les méchants meurent, mais qu’ils se convertissent et vivent (Ez 18,23 ; 33,11). Et si nous prenons en considération le fait que les Ninivites étaient des non-Israélites, c’est-à-dire des “païens”, nous pouvons comprendre l’amour universel de Dieu pour tous, c’est-à-dire non seulement pour les pécheurs d’Israël, mais aussi pour les autres peuples.

Deuxièmement, il convient de préciser que, comme le montre la première annonce de Jésus, la conversion est intrinsèquement liée au croire en l’Évangile, c’est-à-dire à l’adhésion totale à la bonne nouvelle du salut offert par Dieu en Jésus. Il ne s’agit plus de l’effort humain habituel pour se détourner d’une vie moralement pécheresse, mais d’un courageux dépassement des schémas de pensée habituels pour accueillir la nouvelle vie de la grâce avec et en Jésus. C’est ce qu’indique l’étymologie du mot grec pour conversion “meta-noia” : meta signifie après, au-delà (pour les Grecs anciens, la physique était la réflexion systématique sur la nature et la métaphysique la réflexion sur la réalité qui va au-delà de la nature), et metanoia signifie penser : metanoia signifie penser au-delà. C’est là la dimension décisive de la conversion demandée par Jésus.

Enfin, qu’est-ce que l’Évangile et que signifie y croire ? L’évangile dont il est question ici est absolument lié à l’expression « l’Évangile de Dieu » mentionnée plus haut dans le verset et signifie la bonne nouvelle de la paix et du salut que Dieu offre désormais en Jésus au temps de l’achèvement et dans son royaume inauguré avec Jésus. Ainsi, le concept se rapporte également au tout début du livre, où saint Marc l’évangéliste a présenté son œuvre comme « L’ÉVANGILE de Jésus, Christ, Fils de Dieu » (Mc 1, 1). L’évangile se réfère donc également à « l’Évangile de Jésus ». D’une part, l’Évangile est la bonne nouvelle concernant Jésus, ce que Jésus proclame et réalise, en paroles et en actes, c’est-à-dire tout ce qui est raconté dans le livre.

D’autre part, l’Évangile de Jésus signifie l’Évangile qui est Jésus. Il s’agit de la bonne nouvelle identifiée à la personne de Jésus. Il est l’Évangile. L’invitation à croire à l’Évangile implique donc, d’une part, une adhésion aux messages de Dieu, annoncés et réalisés par Jésus, et d’autre part, elle signifie aussi et surtout croire en Jésus qui est le Christ, le Fils de Dieu. Même si cette clarification semble difficile à suivre pour certains, elle est néanmoins nécessaire, car elle est fondamentale pour l’annonce missionnaire. L’essence de la proclamation chrétienne reste l’invitation concise et pressante de Jésus à croire, c’est-à-dire à adhérer avec un cœur et un esprit renouvelés à l’Évangile, qui peut être identifié non pas tant à l’ensemble des principes divinement inspirés qu’à la personne même de Jésus, l’annonciateur, le prédicateur et le réalisateur de l’Évangile de Dieu.

  1. « Venez à ma suite ». Une invitation à suivre Jésus pour une conversion chrétienne concrète et permanente, missionnaire, œcuménique pour le Royaume

Cette conversion liée à l’adhésion à l’Évangile de Jésus est désormais un retour, voire un dépassement des schémas de pensée habituels, un “dépassement” qui plaît à Dieu. Elle a été au centre de la mission de Jésus, puis de ses premiers disciples, et elle restera au centre de la mission de ses fidèles qui sont appelés à toujours travailler à la conversion de tous à Dieu, à commencer par eux-mêmes.

Ce n’est donc pas un hasard si Marc l’évangéliste a raconté la vocation des premiers apôtres, Pierre, André, Jacques et Jean, immédiatement après la prédication inaugurale de Jésus. Ce contexte suggère que nous voyons en ces quatre-là les premières réponses positives à l’invitation à se convertir à l’Évangile. Pour une telle conversion, ils ont dû eux aussi dépasser leurs propres schémas de pensée, car il est écrit qu’ils ont quitté tout et tous, y compris “le père”, pour suivre Jésus. Normalement, dans la tradition judaïque, il est recommandé aux enfants de prendre soin de leur père et de leur mère, en particulier dans leur vieillesse, conformément à l’esprit du commandement “honore ton père et ta mère”. Les premiers apôtres, cependant, ont quitté tout leur monde pour suivre Jésus dans sa mission. C’est cependant un chemin à parcourir pour arriver à la pleine conversion de la manière de penser et de voir, même pour ceux qui ont tant de foi dans le Christ, tant d’amour pour le Christ, comme Pierre. Ce dernier reçut donc, pendant qu’il suivait Jésus, un avertissement sévère du Seigneur qui l’appela à nouveau à la conversion, c’est-à-dire à changer [à nouveau] de mentalité : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes » (Mc 8,33). Cet avertissement semble toujours valable pour nous tous, disciples du Christ.

À l’époque de Jésus, les pharisiens et les scribes n’étaient pas des gens immoraux ou mauvais (ils étaient même presque parfaits dans l’observance de la Loi), mais beaucoup n’ont pas fait la conversion requise par Jésus pour le Royaume et l’Évangile, parce qu’ils n’ont pas réussi à dépasser leurs propres schémas de pensée. C’est malheureusement le cas, à l’exception de quelques scribes et pharisiens convertis, parmi lesquels Paul de Tarse, disciple de Gamaliel, dont la fête de la conversion est célébrée ces jours-ci (25/01). Il s’agit d’une conversion très intéressante qui a marqué en même temps la vocation chrétienne et missionnaire de saint Paul, apôtre des nations. Prions pour que ce saint et d’autres grands apôtres et saints missionnaires intercèdent pour nous et pour notre conversion constante dans l’abandon des péchés, de nos schémas de pensée “habituels”, de tout ce qui ne plaît pas à Dieu, afin de suivre toujours plus Jésus et seulement Jésus le Seigneur, en adhérant de tout cœur à son Évangile et en l’annonçant ensuite, avec des paroles et des actes concrets, à toute créature, selon ce qu’il a demandé à ses disciples.

Ô Seigneur, fais-nous sentir ton cœur tout épris du Royaume de Dieu ainsi que ton invitation cordiale à la conversion à ton Évangile de paix et d’amour. Aide-nous à vivre constamment cette conversion dans nos vies, afin que nous-mêmes, avec Toi et en Toi, devenions l’invitation vivante, en paroles et en actes, à la conversion au Royaume pour ceux qui ne Te connaissent pas. Et dans notre mission d’être des témoins de Toi et de Ton Royaume, aide tes disciples à être toujours plus unis dans Ton amour, en surmontant les divisions existantes dans nos églises et nos communautés. Laisse ton visage briller sur nous, et nous serons sauvés et resplendissants de ta Lumière pour le monde entier.

Jean-Paul IIRedemptoris missio

Le Christ rend présent le Royaume

13 Jésus de Nazareth conduit à son terme le plan de Dieu. Après avoir reçu l’Esprit Saint au baptême, il manifeste sa vocation messianique ; il parcourt la Galilée, « proclamant l’Evangile de Dieu et disant : “Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est tout proche : repentez-vous et croyez à l’Evangile” » (Mc 1, 14-15 ; cf. Mt 4, 17 ; Lc 4, 43). La proclamation et l’instauration du royaume de Dieu sont l’objet de sa mission : «C’est pour cela que j’ai été envoyé» (Lc 4, 43). Mais il y a plus : Jésus est lui-même la Bonne Nouvelle, comme il le déclare dans la synagogue de son village, dès le début de sa mission, en s’appliquant la parole d’Isaïe sur l’Oint, envoyé par l’Esprit du Seigneur (cf. Lc 4, 14-21). Le Christ étant la Bonne Nouvelle, il y a en lui identité entre le message et le messager, entre le dire, l’agir et l’être. Sa force et le secret de l’efficacité de son action résident dans sa totale identification avec le message qu’il annonce : il proclame la Bonne Nouvelle non seulement par ce qu’il dit ou ce qu’il fait, mais par ce qu’il est. […] Tout homme est donc invité à « se convertir » et à « croire » à l’amour miséricordieux de Dieu pour lui : le Royaume croîtra dans la mesure où tous les hommes apprendront à se tourner vers Dieu comme vers un Père dans l’intimité de la prière (cf. Lc 11, 2 ; Mt 23, 9) et s’efforceront d’accomplir sa volonté (cf. Mt 7, 21).

L’Église au service du Royaume

  1. L’Église est au service du Royaume effectivement et concrètement. Elle l’est, avant tout, par l’appel à la conversion : c’est le service premier et fondamental rendu à la venue du Royaume dans les personnes et dans la société humaine. Le salut eschatologique commence dès maintenant par la vie nouvelle dans le Christ : « À tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom » (Jn 1, 12).

L’Église est au service du Royaume quand elle fonde des communautés et quand elle institue des Églises particulières qu’elle conduit à la maturité de la foi et de la charité, dans l’ouverture aux autres, dans le service de la personne et de la société, dans la compréhension et l’estime des institutions humaines. […] Les multiples perspectives du Royaume de Dieu n’affaiblissent pas les fondements et les finalités de l’activité missionnaire, elles les renforcent plutôt et les élargissent. L’Église est sacrement du salut pour toute l’humanité et son action ne se limite pas à ceux qui acceptent son message. Elle est force dynamique sur le chemin de l’Humanité vers le règne eschatologique, elle est signe et promotrice des valeurs évangéliques parmi les hommes. L’Église contribue à ce chemin de conversion au projet de Dieu par son témoignage et par ses activités, comme le dialogue, la promotion humaine, l’engagement pour la justice et la paix, l’éducation et le soin des malades, l’assistance aux pauvres et aux petits, s’en tenant toujours fermement au primat de la transcendance et de la spiritualité, prémices du salut eschatologique.

L’Église est enfin au service du Royaume par son intercession, car le Royaume est de soi don et œuvre de Dieu, comme le rappellent les paraboles évangéliques et la prière que Jésus nous a enseignée. Nous devons le demander, l’accueillir, le faire grandir en nous ; mais nous devons aussi travailler pour qu’il soit accueilli par les hommes et grandisse parmi eux, jusqu’au jour où le Christ « remettra la royauté à Dieu le Père» et où «Dieu sera tout en tous» (cf. 1 Co 15, 24. 28).

Conversion et baptême

  1. L’annonce de la Parole de Dieu est ordonnée à la conversion chrétienne, c’est-à-dire à l’adhésion pleine et sincère au Christ et à son Évangile par la foi. La conversion est un don de Dieu, une action de la Trinité : c’est l’Esprit qui ouvre les portes des cœurs afin que les hommes puissent croire au Seigneur et « le confesser » (1 Co 12, 3). De celui qui s’approche de lui par la foi, Jésus dit : «Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire» (Jn 6, 44).

La conversion s’exprime dès le début par une foi totale et radicale qui ne pose ni limites ni délais au don de Dieu. En même temps, elle déclenche un processus dynamique et permanent pour l’existence entière, exigeant un passage continu de la «vie selon la chair» à la «vie selon l’Esprit » (cf. Rm 8, 3-13). La conversion signifie que l’on accepte, par une décision personnelle, la seigneurie salvifique du Christ et que l’on devient son disciple.

L’Église appelle tout le monde à cette conversion, à l’exemple de Jean-Baptiste qui préparait les chemins du Seigneur en « proclamant un baptême de repentir pour la rémission des péchés » (Mc 1, 4), et à l’exemple du Christ lui-même qui, « après que Jean eut été livré, vint en Galilée, proclamant l’Évangile de Dieu et disant: “Le temps est accompli et le royaume de Dieu est tout proche; convertissez-vous et croyez à l’Évangile” » (Mc 1, 14-15).

Pape François, Angélus, dimanche 24 janvier 2021

Le passage évangélique de ce dimanche (cf. Mc 1, 14-20) nous montre, pour ainsi dire, le «passage du témoin» de Jean-Baptiste à Jésus. Jean a été son précurseur, il lui a préparé le terrain et il lui a préparé le chemin : maintenant Jésus peut commencer sa mission et annoncer le salut désormais présent ; c’était Lui le salut. Sa prédication se résume par ces paroles : «Le temps est passé et le royaume de Dieu est proche ; convertissez-vous et croyez à l’Évangile» (v. 15). Simplement. Jésus ne parlait pas à demi-mots. C’est un message qui nous invite à réfléchir sur deux thèmes essentiels : le temps et la conversion.

Le temps […] c’est le moment historique où Dieu a envoyé le Fils dans le monde et son Royaume est devenu plus «proche» que jamais. Le temps du salut est accompli parce que Jésus est arrivé. Cependant, le salut n’est pas automatique ; le salut est un don d’amour et en tant que tel offert à la liberté humaine. Quand on parle d’amour, on parle toujours de liberté : un amour sans liberté n’est pas de l’amour ; cela peut être de l’intérêt, cela peut être de la peur, tant de choses, mais l’amour est toujours libre, et étant libre il demande une réponse libre : il demande notre conversion. En d’autres termes, il s’agit de changer de mentalité – c’est cela la conversion, changer de mentalité – et de changer de vie : ne plus suivre les modèles du monde, mais celui de Dieu, qui est Jésus, suivre Jésus, comme Jésus l’avait fait et comme Jésus nous l’a enseigné. C’est un changement décisif de vision et d’attitude. […]

Que la Vierge Marie nous aide à vivre chaque jour, chaque moment, comme un temps de salut, où le Seigneur passe et nous appelle à le suivre, chacun selon sa propre vie. Et qu’elle nous aide à nous convertir de la mentalité du monde, celle des fantaisies du monde qui sont des feux d’artifice, à celle de l’amour et du service.

 

 

(Photo: Pexels.com / ALTEREDSNAPS)

 

 

 

Partager sur les médias sociaux:

Trouvez une ressources

Effectuez une recherche par mot(s) clé(s)

Partager sur les médias sociaux:

Infolettre

Abonnez-vous à notre infolettre pour recevoir les toutes dernières nouvelles de nos oeuvres! Billets de blogue, nouvelles, vidéos et contenus exclusifs vous attendent à chaque mois!

Le Pape compte sur votre engagement

Contribuez au développement de l'Église en terre de mission, et apportez l'espoir du Christ.

Faire un don