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Baptême: don et engagement à la Mission

Baptême: don et engagement à la Mission
Le Baptême du Seigneur (Année A)
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

LE BAPTÊME DU SEIGNEUR (ANNÉE A)

Is 42,1-4.6-7 ou bien Ac 10,34-38; Ps 28; Mt 3,13-17

Le Seigneur bénit son peuple en lui donnant la paix

Baptême: don et engagement à la Mission

Nous voici arrivés à la Fête du Baptême du Seigneur, au cours de laquelle est célébré un événement fondamental qui marque le début de l’activité publique de Jésus. Liturgiquement, ce dimanche, qui est le « prolongement de l’Épiphanie », clôt le Temps de Noël et ouvre le Temps ordinaire, dans lequel nous continuons de vivre notre vocation missionnaire chrétienne.

Dans cette perspective, les lectures de la messe nous aide à approfondir le sens du mystère du baptême dans la vie du Christ et, par conséquent, des chrétiens, ses disciples. Parmi les nombreux aspects importants de ce mystère très riche et donc très commenté, trois nous semblent aujourd’hui essentiels à rappeler.

  1. Baptême signifie littéralement « immersion »

Il est nécessaire de préciser le sens littéral du terme « baptême » pour comprendre en profondeur sa signification spirituelle. Le mot grec pour « baptême » est « baptisma / baptismos » et vient du verbe « bapto » (avec la forme intensive « baptizo ») qui signifie principalement « immerger » ou « submerger ». Le substantif en question désigne alors avant tout un acte/bain d’« immersion/submersion ». Ainsi, nous pouvons « voir » et mieux comprendre le baptême de Jean-Baptiste qui déclare dans l’Évangile : « Je vous baptise d’eau », c’est-à-dire « Je vous plonge dans l’eau » en signe de pénitence et pour effacer les péchés. Par ailleurs, on comprend à quoi renvoie concrètement l’annonce du Baptiste concernant le baptême que le Christ, « le plus fort » que lui, offrira au peuple : « Il vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu ». Cela fait allusion à une immersion très spéciale : dans l’Esprit Saint et dans le feu de la purification et du jugement divin.

En gardant à l’esprit le sens de ce terme, nous pouvons comprendre la référence dans l’Évangile à un autre baptême de Jésus après celui du Jourdain. Il déclarera alors à la foule : « Je dois recevoir un baptême, et quelle angoisse est la mienne jusqu’à ce qu’il soit accompli ! » (Lc 12,50). Il renvoie donc à sa passion et à sa mort sur la Croix, car Jésus reparlera de ce baptême, en le rattachant à l’action de boire le calice du Père (cf. Mc 10,50 ; 14,36 ; Jn 18,11). C’est une immersion totale, un baptême précisément, avec et dans « le sang et l’eau » pour ôter les péchés du monde (cf. Jn 19,34). Ce sera le baptême suprême du Christ, qui englobe tous les autres baptêmes, y compris celui du Jourdain. Ainsi, on pourra comprendre l’insistance mystérieuse de saint Jean dans une de ses lettres aux fidèles : « C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang » (1Jn 5,6a).

Revenant au « premier » baptême de Jésus dans le récit évangélique de ce dimanche, son immersion rituelle dans l’eau exprime en réalité sa pleine « immersion » existentielle avec et dans le peuple. En effet, le pape François nous le rappelle et l’enseigne, « Celui-ci [le peuple] ne sert pas seulement d’arrière-plan à la scène, mais il est une composante essentielle de l’événement. Avant de s’immerger dans l’eau, Jésus s’« immerge » dans la foule, il s’unit à elle en assumant pleinement la condition humaine, en partageant tout, excepté le péché. Dans sa sainteté divine, pleine de grâce et de miséricorde, le Fils de Dieu s’est fait chair pour prendre sur lui et enlever le péché du monde : prendre nos misères, notre condition humaine. C’est pourquoi aujourd’hui aussi, c’est une épiphanie, car en allant se faire baptiser par Jean, au milieu des pénitents de son peuple, Jésus manifeste la logique et le sens de sa mission » (Angélus, dimanche, 13 janvier 2019).

Cette « immersion totale » de Jésus n’est pas seulement avec et dans le peuple, mais aussi pour le peuple. Comme l’ont déjà noté les Pères de l’Église, Jésus, contrairement au peuple, n’avait certainement pas besoin de purification des péchés. Cependant, il descend dans le Jourdain pour le purifier spirituellement ; il plonge dans l’eau pour la sanctifier de sa sainteté, et avec cela, ipso facto, il sanctifie mystiquement toutes les eaux utilisées pour le baptême des chrétiens en tout lieu et en tout temps. Nous pouvons alors expliquer ce que nous professons dans le Credo chaque dimanche : « Pour nous les hommes et pour notre salut, il a pris chair…, il s’est fait homme », et s’est fait baptiser.

  1. Le baptême est une immersion dans la vie divine trinitaire

L’histoire du baptême de Jésus nous fait entrevoir une autre immersion existentielle. C’est l’immersion dans la vie divine, comme on le voit chez Jésus nouvellement baptisé avec la voix du Père pour son Fils et la descente de l’Esprit Saint sur Lui. C’est la belle icône de la manifestation/révélation de la Trinité au moment du baptême de Jésus. Cependant, il est présenté dans l’Évangile non pas tant pour être simplement regardé ou admiré, mais pour marquer le début d’une véritable vie nouvelle en Jésus-Baptisé et en chaque baptisé en son nom divin, complètement immergé en Dieu, un et trine. En d’autres termes, sur le plan spirituel, Jésus est descendu dans le fleuve non seulement pour être solidaire, d’une part, avec chaque homme et femme de ce temps et de chaque époque qui désire une vie renouvelée purifiée des péchés, mais aussi pour leur révéler l’image d’une unique vie sainte, à laquelle tous sont appelés.

Ici aussi, nous pouvons méditer le commentaire du pape François : « En s’unissant au peuple qui demande à Jean le baptême de conversion, Jésus en partage également le désir profond de renouveau intérieur » (Angélus, dimanche, 13 janvier 2019). « Au moment où Jésus, baptisé par Jean, sort des eaux du fleuve Jourdain, la voix de Dieu le Père se fait entendre d’en-haut : “Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur”  (Mt 3, 17). Et au même moment, l’Esprit Saint, sous la forme d’une colombe, se pose sur Jésus, qui commence publiquement sa mission de salut ; une mission caractérisée par un style, le style du serviteur humble et doux, muni de la seule force de la vérité, comme Isaïe l’avait prophétisé :  “Il ne crie pas, il n’élève pas le ton (…), il ne brise pas le roseau froissé, il n’éteint pas la mèche qui faiblit, fidèlement, il présente le droit”  (42, 2-3). Un serviteur humble et doux » (Angélus, dimanche, 8 janvier 2017).

En outre, « Le baptême est le commencement de la vie publique de Jésus, de sa mission dans le monde comme envoyé du Père pour manifester sa bonté et son amour pour les hommes. Cette mission est accomplie en union constante et parfaite avec le Père et avec l’Esprit Saint. La mission de l’Église et celle de chacun de nous aussi, pour être fidèles et fructueuses, sont appelées à «se greffer» sur celle de Jésus. Il s’agit de régénérer continuellement l’évangélisation et l’apostolat dans la prière, pour rendre un témoignage chrétien clair, non selon nos projets humains, mais selon le plan et le style de Dieu » (Angélus, dimanche, 13 janvier 2019).

  1. Baptême – don et engagement à la Mission

L’enseignement du pape François ci-dessus nous aide à réaffirmer le lien intrinsèque entre le baptisé et sa mission en et pour Dieu. Comme avec Jésus, ses disciples après le baptême seront conduits par l’Esprit dans le monde pour annoncer la Bonne Nouvelle, traversant également certains déserts de tentations et de combats spirituels.

A cet égard, il est nécessaire de réfléchir à la double importance du baptême chrétien, celui avec l’eau et l’Esprit. Tout d’abord, il convient de souligner l’importance de l’acte pour la vie de celui qui le reçoit. C’est avant tout un don gratuit du salut de Dieu, auquel saint Paul fait allusion : « Il [Dieu] nous a sauvés, non pas à cause de la justice de nos propres actes, mais par sa miséricorde. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur » (Tt 3,5-6). Dès lors, à la question « mais le baptême est-il vraiment nécessaire pour vivre en chrétiens et suivre Jésus ? », le pape François répond :

« Et à ce propos, ce qu’écrit l’apôtre Paul nous éclaire : « Ne le savez-vous donc pas : nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés ? Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts » (Rm 6,3-4). Ce n’est donc pas une formalité ! C’est un acte qui touche notre existence en profondeur. Un enfant baptisé ou un enfant non baptisé, ce n’est pas la même chose. Une personne baptisée ou une personne non baptisée, ce n’est pas la même chose. Avec le baptême, nous sommes plongés dans cette source intarissable de vie qui est la mort de Jésus, le plus grand acte d’amour de toute l’Histoire ; et grâce à cet amour, nous pouvons vivre une vie nouvelle, n’étant plus en proie au mal, au péché et à la mort, mais dans la communion avec Dieu et avec nos frères » (Audience générale, place Saint-Pierre, mercredi, 8 janvier 2014). Ainsi, comme le Pape le dit à un autre moment, « la fête du Baptême du Seigneur est une occasion propice pour renouveler avec gratitude et conviction les promesses de notre baptême, en nous engageant à vivre quotidiennement en cohérence avec lui » (Angélus, dimanche, 13 janvier 2019). C’est le don qui suscite l’engagement.

Par conséquent, il sera important de découvrir et de vivre la vocation de baptisé, en fixant notre regard sur Jésus, en poursuivant la mission qui lui est chère. « En vertu du Baptême reçu, chaque membre du Peuple de Dieu est devenu disciple missionnaire (cf. Mt 28, 19). Chaque baptisé, quelle que soit sa fonction dans l’Église et le niveau d’instruction de sa foi, est un sujet actif de l’évangélisation » (EG, n. 120). En Jésus, le divin évangélisateur, nous annonçons l’amour de Dieu à tous les nécessiteux. À la suite de Jésus et de son appel : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les » (cf. Mt 28,19), nous préparons et apportons à tous le don du baptême que nous-mêmes avons reçu par la grâce et la miséricorde divines. C’est précisément ici que s’accomplit le sens profond de l’exhortation de Jésus à ses disciples missionnaires : « Vous avez reçu gratuitement : donnez gratuitement » (Mt 10,8).

Enfin, je voudrais rappeler l’exhortation du pape François pour la Journée mondiale des missions 2019, année du Mois missionnaire extraordinaire : « Aujourd’hui également, l’Église continue d’avoir besoin d’hommes et de femmes qui, en vertu de leur Baptême, répondent généreusement à l’appel à sortir de chez eux, de leur famille, de leur patrie, de leur langue, de leur Église locale. Ils sont envoyés aux peuples, dans le monde qui n’est pas encore transfiguré par les sacrements de Jésus Christ et de son Église sainte. En annonçant la Parole de Dieu, en témoignant de l’Évangile et en célébrant la vie de l’Esprit, ils appellent à la conversion, ils baptisent et offrent le salut chrétien dans le respect de la liberté personnelle de chacun, dans le dialogue avec les cultures et les religions des peuples auxquels ils sont envoyés. La missio ad gentes, toujours nécessaire pour l’Église, contribue ainsi de manière fondamentale au processus permanent de conversion de tous les chrétiens. La foi dans la Pâque de Jésus, l’envoi ecclésial baptismal, la sortie géographique et culturelle de soi-même et de chez soi, le besoin de salut du péché et la libération du mal personnel et social exigent la mission jusqu’aux lointains confins de la terre ».

Catéchisme de l’Église catholique

1213 Le Baptême est le fondement de toute la vie chrétienne, le porche de la vie dans l’Esprit (vitæ spiritualis ianua) et la porte qui ouvre l’accès aux autres sacrements. Par le Baptême nous sommes libérés du péché et régénérés comme fils de Dieu, nous devenons membres du Christ et nous sommes incorporés à l’Église et faits participants à sa mission (cf. Cc. Florence : DS 1314 ; CIC, can. 204, § 1;  849; CCEO, can. 675, § 1) : “ Le Baptême est le sacrement de la régénération par l’eau et dans la parole ” (Catech. R. 2, 2, 5).

Pape François, Angélus, place Saint-Pierre, dimanche, 8 janvier 2017

Au moment où Jésus, baptisé par Jean, sort des eaux du fleuve Jourdain, la voix de Dieu le Père se fait entendre d’en-haut : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur »  (v. 17). Et au même moment, l’Esprit Saint, sous la forme d’une colombe, se pose sur Jésus, qui commence publiquement sa mission de salut ; une mission caractérisée par un style, le style du serviteur humble et doux, muni de la seule force de la vérité, comme Isaïe l’avait prophétisé : « Il ne crie pas, il n’élève pas le ton (…), il ne brise pas le roseau froissé, il n’éteint pas la mèche qui faiblit, fidèlement, il présente le droit »  (42, 2-3). Un serviteur humble et doux.

Voilà le style de Jésus, et également le style missionnaire des disciples du Christ : annoncer l’Évangile avec douceur et fermeté, sans crier, sans gronder personne, mais avec douceur et fermeté, sans arrogance ni imposition. La véritable mission n’est jamais du prosélytisme, mais une attraction à l’égard du Christ. Mais comment? Comment se fait cette attraction au Christ? Par notre témoignage, à partir de la forte union avec Lui dans la prière, dans l’adoration et dans la charité concrète, qui est service de Jésus présent dans le plus petit de nos frères. En imitant Jésus, pasteur bon et miséricordieux, et animés par sa grâce, nous sommes appelés à faire de notre vie un témoignage joyeux qui éclaire le chemin, qui apporte espérance et amour.

Cette fête nous fait redécouvrir le don et la beauté d’être un peuple de baptisés, c’est-à-dire de pécheurs — nous le sommes tous — sauvés par la grâce du Christ, réellement insérés, par l’œuvre de l’Esprit Saint, dans la relation filiale de Jésus avec le Père, accueillis dans le sein de la Mère Église, capables d’une fraternité qui ne connaît ni frontières, ni barrières.

 

(Photo: pexels.com/Artem Mizyuk)

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