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Le pain de la Sagesse de Dieu

Le pain de la Sagesse de Dieu
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

18ÉME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE B)

Ex 16,2-4.12-15; Ps 77; Ep 4,17.20-24; Jn 6,24-35

Le pain de la Sagesse de Dieu

À partir de ce dimanche et pendant quatre semaines, la liturgie nous invite à une lecture et à une méditation continue (en quatre épisodes) sur le Sermon du Pain de vie que Jésus a proclamé suite à la multiplication du pain. À cette occasion, il a enseigné quelques aspects du mystère du Pain descendu du ciel qui est lui-même dans sa “chair” pour la vie du monde (cf. Jn 6, 51). Entrons dans la première partie du Discours de Jésus sur ce mystère sublime du don du Pain de Dieu.

  1. « Moi, je suis le pain de la vie ». Le pain de la personne de Jésus

À la fin de la première partie du Sermon du pain, Jésus déclare clairement : « Moi, je suis le pain de la vie ». Un chrétien, qui “connaît” déjà le mystère de l’Eucharistie que Jésus offrira, relie immédiatement cette déclaration au pain eucharistique, corps de Jésus. Oui, “le pain de la vie “ dont parle Jésus trouvera tout son sens dans le pain qu’Il consacrera lors de la Dernière Cène avant sa passion, en indiquant « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde ». D’ailleurs, ce sens eucharistique sera précisé à la fin du même Sermon sur le pain dans l’Évangile de Jean : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde » (Jn 6,51). Cependant, dans cette première partie du Discours et dans son contexte temporel où Jésus n’a pas encore institué l’Eucharistie, son auto-déclaration d’être le pain de la vie semble indiquer un aspect plus général mais plus significatif et plus actuel dans le monde d’aujourd’hui : Lui-même, sa personne tout entière, est le pain qui donne la vie. (Dans le discours Jésus parle d’abord de la nourriture de manière générique avant d’évoquer l’image du pain : « Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme »)

Cette compréhension est suggérée par la même clarification que Jésus propose immédiatement après son auto-déclaration. Il précise : « (Moi, je suis le pain de la vie). Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif ». De cette façon, nous entrevoyons dans les paroles de Jésus l’invitation à venir à Lui et à croire en Lui comme l’action à accomplir pour prendre le pain de vie. Autrement dit, manger le pain que Jésus offre, c’est d’abord l’accueillir Lui, sa personne, comme Fils et envoyé de Dieu. C’est pourquoi Jésus insiste plusieurs fois sur ce point, notamment : « le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde », et, répondant à la question que faut-il faire pour faire les œuvres de Dieu (pour la vie éternelle), Jésus déclare : «L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé ». En un mot, le pain de la vie éternelle, c’est Lui, Jésus, sur qui « Dieu, le Père, a marqué de son sceau », et le manger, c’est assumer dans son cœur, par la foi, Sa personne, avec tous ses enseignements et toutes ses actions salvatrices et sanctifiantes.

  1. Le pain de la sagesse de Dieu

Précisément dans cette perspective “pré-sacramentelle”, nous comprenons plus profondément l’auto-déclaration de Jésus comme “pain de la vie”, c’est-à-dire pain qui donne la vie divine et éternelle. S’adressant aux Juifs à Capharnaüm avant même l’institution de l’Eucharistie à Jérusalem, lors de sa passion, lorsque Jésus déclarait solennellement qu’il était un tel “pain” pour le monde, ses auditeurs, en essayant de le comprendre, auraient fait référence à un discours similaire, dans la tradition biblico-juive, sur la figure mystérieuse de la Sagesse de Dieu. Celle-ci, dans l’un de ses célèbres discours dans le livre des Proverbes, annonçait une invitation mémorable à manger son pain et à boire son vin. Ce passage de l’Ancien Testament est si fondamental pour comprendre les paroles de Jésus qu’il vaut la peine de le citer intégralement:

La Sagesse a bâti sa maison, elle a taillé sept colonnes.

Elle a tué ses bêtes, et préparé son vin, puis a dressé la table.

Elle a envoyé ses servantes, elle appelle sur les hauteurs de la cité :

« Vous, étourdis, passez par ici ! » À qui manque de bon sens, elle dit :

« Venez, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé.

Quittez l’étourderie et vous vivrez, prenez le chemin de l’intelligence. » (Pr 9,1-6)

Voici l’invitation pressante de la Sagesse divine qui appelle tous au banquet préparé par Elle pour manger son pain et son vin pour vivre ; cela signifie suivre Son chemin de sagesse et d’intelligence. Cette invitation résonne désormais dans la bouche de Jésus et les auditeurs juifs pouvaient reconnaître en Lui la voix même de la Sagesse mystique de Dieu. Ainsi, d’une part, Jésus se révèle comme la Sagesse divine incarnée, c’est-à-dire en chair et en os devant eux, et d’autre part, son appel à manger le “pain de la vie”, qui est Lui-même, se réfère avant tout à l’action d’adhérer à sa voie de sagesse, à ses enseignements, pour la vie divine. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard s’il déclare aussi qu’il est le chemin, la vérité et la vie (cf. Jn 14,6).

De cette façon, le pain que Jésus offre indique avant tout ses paroles. Celui qui les accueille passe de la mort à la vie, comme Il le précise : « qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie » ( Jn 5,24). À tel point qu’après le discours sur le pain, alors que de nombreux autres disciples abandonnaient Jésus à cause de ses paroles “dures”, l’apôtre Pierre confessa sa foi et celle de tous les premiers fidèles : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jn 6,68). Le pain de la vie est constitué de ses paroles qui restent à jamais comme un don pour le salut du monde, alors que le ciel et la terre passeront, comme il l’a déclaré à un autre moment (cf. Mt 24,35).

  1. L’immense don de la table du Christ-Parole de Dieu pour la vie du monde

Pour ses disciples missionnaires, l’appel de Jésus à prendre le pain qui est sa parole de vie est toujours pressant pour leur vie spirituelle et, par conséquent, pour leur mission d’évangélisation dans le monde contemporain. Il s’agit de l’immense don de la table de la Parole de Dieu, révélée dans le Christ, Parole-Sagesse de Dieu incarnée et envoyée dans le monde. Ses paroles doivent être de plus en plus valorisées et accueillies comme une nourriture nécessaire pour le chemin de chaque croyant. Pour la vie des disciples, le pain de la Parole reste la nourriture fondamentale au même titre que le pain eucharistique du Corps et du Sang du Christ. C’est pourquoi, exhortant ses disciples à demeurer en lui comme les sarments dans la vigne, Christ demande que ses paroles demeurent en eux, afin qu’ils puissent porter du fruit et devenir ses vrais disciples (cf. Jean 15, 7). De plus, en les envoyant dans le monde avec le mandat missionnaire spécifique après sa résurrection, Il leur a ordonné d’enseigner à tous les peuples « à observer tout ce que je vous ai commandé » (Mt 28,20), c’est-à-dire de transmettre et de garder fidèlement toutes ses paroles qui conduisent à la vie en communion avec Dieu.

Prions pour que le Seigneur éveille en nous le désir d’une communion constante avec sa Parole, afin que nous puissions satisfaire la faim de vérité qu’il a placée dans nos cœurs, et que nous puissions la partager avec tous nos frères et sœurs qui en ont besoin dans le chemin vers la vie éternelle.

Conc. Vat. II, Constitution dogmatique sur la révélation divine, Dei verbum, 18 novembre 1965

21. Importance de la Sainte Écriture pour l’Église

L’Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle le fait aussi pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la Parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles. Toujours elle eut et elle a pour règle suprême de sa foi les Écritures, conjointement avec la sainte Tradition, puisque, inspirées par Dieu et consignées une fois pour toutes par écrit, elles communiquent immuablement la Parole de Dieu lui-même et font résonner dans les paroles des prophètes et des Apôtres la voix de l’Esprit Saint. Il faut donc que toute la prédication ecclésiastique, comme la religion chrétienne elle-même, soit nourrie et guidée par la Sainte Écriture. Dans les Saints Livres, en effet, le Père qui est aux cieux vient avec tendresse au-devant de ses fils et entre en conversation avec eux ; or, la force et la puissance que recèle la Parole de Dieu sont si grandes qu’elles constituent, pour l’Église, son point d’appui et sa vigueur et, pour les enfants de l’Église, la solidité de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle. Dès lors ces mots s’appliquent parfaitement à la Sainte Écriture : « Elle est vivante donc et efficace la Parole de Dieu » (He 4, 12), « qui a le pouvoir d’édifier et de donner l’héritage à tous les sanctifiés » (Ac 20, 32 ; cf. 1 Th 2, 13).

Catéchisme de l’Église catholique

103. Pour cette raison, l’Église a toujours vénéré les divines Écritures comme elle vénère aussi le Corps du Seigneur. Elle ne cesse de présenter aux fidèles le Pain de vie pris sur la Table de la Parole de Dieu et du Corps du Christ (cf. DV 21).

 

 

(Photo: pexels.com/Israel Torres)

 

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