Les trois dons spéciaux pour ceux qui aiment Jésus
Les trois dons spéciaux pour ceux qui aiment Jésus
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire
SIXIÈME DIMANCHE DE PÂQUES (ANNÉE C)
Actes 15,1-2.22-29 ; Psaume 66 ; Ap 21,10-14.22-23 ; Jean 14,23-29
Les trois dons spéciaux pour ceux qui aiment Jésus
L’évangile est tiré du discours d’adieu de Jésus lors de la dernière Cène. C’est la suite des paroles que le Maître de Nazareth a voulu laisser à ses disciples comme testament spirituel avant la Passion. Revenons donc au climat mystique de cette soirée et écoutons chacune de ses paroles pour comprendre toute la portée de l’enseignement d’aujourd’hui, par lequel Jésus révèle à ses disciples les trois dons spéciaux réservés à ceux qui l’aiment.
- « Si quelqu’un m’aime […] nous ferons notre demeure chez lui. » Le don de la demeure divine
Tout d’abord, Jésus révèle à ses disciples la manière avec laquelle Dieu vient habiter en celui qui l’aime. En fait, il explique que si quelqu’un l’aime et garde par conséquent sa parole, alors le Père aimera cette personne, et le Père et Jésus viendront demeurer en cette personne. Il s’agit de la dynamique de l’échange amoureux entre Dieu et le croyant, c’est-à-dire celui qui demeure dans l’amour de Jésus et dans ses enseignements.
Il convient de noter que Jésus offre cette révélation comme réponse à la question fondamentale posée par l’apôtre Jude Thaddée (et non Iscariote) au nom de tous ses disciples : « Seigneur, comment se fait-il que tu te manifesteras à nous, et non au monde ? » À partir de l’explication de Jésus, nous pouvons comprendre la raison pour laquelle le Seigneur ne se manifeste pas au monde en général. Lui, avec son Père, se révèle à ceux qui l’aiment, selon la dynamique déjà exprimée dans l’Ancien Testament : Dieu se fait connaître à ceux qui l’aiment. Il leur communique les mystères divins, ses dons et sa personne. Ainsi, saint Paul affirmera que « ce que personne n’a jamais vu, ce que personne n’a jamais entendu, ce que personne n’a jamais imaginé, Dieu l’a préparé pour ceux qui l’aiment » (1 Co 2,9).
Le don de la demeure de Dieu, Père et Fils et aussi de leur Esprit, dans la personne, est intrinsèquement et intimement lié à l’amour que cette personne pratique avec l’observance de l’enseignement de Jésus. Si l’on ne demeure pas dans cet amour concret, on n’a pas en soi la demeure et la manifestation de Dieu. Dieu, avec et en Jésus, aime tout le monde, mais ne force personne et n’entre dans la maison de personne avec violence, mais il frappe et attend patiemment à la porte de l’âme de chacun, comme le déclare le Seigneur avec une invitation implicite et cordiale : « Voici que je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui, je souperai avec lui, et lui avec moi » (Ap 3,20). C’est pourquoi demandons nous comment nous pouvons ouvrir encore plus la porte de notre âme en intensifiant notre amour pour Jésus et en observant ses paroles afin d’avoir toujours le don de la demeure de Dieu en nous. Écoutons à nouveau l’invitation de Jésus lors de cette Cène : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour ! » (Jn 15,9). C’est précisément à cette mission d’amour que Jésus invite tous ses disciples à participer pour « évangéliser » le monde, à commencer par nous-mêmes !
- Le don suprême de l’Esprit
De la révélation du don de la demeure divine dans les fidèles, Jésus passe à la révélation du don de l’Esprit Saint, envoyé par le Père en son nom : « Il [l’Esprit Saint] vous enseignera toutes choses et vous rappellera tout ce que je vous ai dit. » De cette manière, le Seigneur nous oriente vers le don suprême de l’Esprit qui descendra sur les fidèles au terme de ces cinquante jours de Pâques que nous vivons. Ce sera donc l’Esprit qui aidera les disciples à se souvenir de tous les enseignements de Jésus et à entrer toujours plus profondément dans la connaissance et l’observance de ses paroles de sagesse jamais épuisée, sagesse ancienne mais toujours nouvelle. A tel point que saint Paul, après avoir souligné que Dieu réserve à ses « amants » des dons jamais vus, entendus et imaginés, poursuit avec l’affirmation autoritaire et éclairante : « Dieu nous l’a fait connaître par l’Esprit » (1 Co 2,10). Dieu accorde ses dons aux fidèles, y compris le don de lui-même, par l’Esprit qui est les prémices du Seigneur ressuscité. Sachant cela, nous n’avons plus rien à faire que de demander ce don divin suprême pour nous-mêmes et pour tous nos frères et sœurs en Christ.
- « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. »
Le troisième et dernier don que Jésus révèle à ses disciples dans l’évangile d’aujourd’hui est sa paix. Le thème est très actuel dans notre monde affligé par diverses guerres. Mais cela devient encore plus pertinent précisément à partir du discours mémorable que le pape Léon XIV a prononcé sur la loggia de la basilique Saint-Pierre après son élection. Comme la phrase par laquelle il a commencé est encore fraîche : « Que la paix soit avec vous tous ! » Ce mot clé « paix », répété dix fois dans le discours ému d’un pape nouvellement élu au monde entier, fait référence à la Paix du Seigneur ressuscité, comme il l’explique lui-même :
« Que la paix soit avec vous tous !
Très chers frères et sœurs, telle est la première salutation du Christ ressuscité, le Bon Pasteur qui a donné sa vie pour le troupeau de Dieu. Moi aussi, je voudrais que ce salut de paix entre dans votre cœur, atteigne vos familles, toutes les personnes, où qu’elles se trouvent, tous les peuples, toute la terre. Que la paix soit avec vous !
C’est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée et désarmante, humble et persévérante. Elle vient de Dieu, Dieu qui nous aime tous inconditionnellement. »
Ce sont des paroles émouvantes qui résonnent, d’une certaine manière, comme une extension du souhait du Christ lui-même pour ses disciples après sa Résurrection et aussi ici, dans le contexte de la Dernière Cène. Nous n’avons plus qu’à ouvrir notre cœur pour accueillir la paix du Christ, la garder jalousement dans notre cœur avec l’aide de l’Esprit Saint, afin de pouvoir la faire rayonner auprès de tous nos frères et sœurs, sur notre chemin de vie. Ainsi, marchons ensemble avec notre nouveau Pape, inspirés également par son invitation dans son discours susmentionné, « en tant qu’Église unie, toujours à la recherche de la paix, de la justice, toujours en essayant de travailler comme des hommes et des femmes fidèles à Jésus-Christ, sans crainte, pour proclamer l’Évangile, pour être missionnaires. »
Pape François, Regina Caeli, dimanche 26 mai 2019
En quoi consiste la mission du Saint-Esprit que Jésus promet en don ? Il le dit lui-même : «Lui vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit». Au cours de sa vie terrestre, Jésus a déjà transmis tout ce qu’il voulait confier aux apôtres : il a accompli la Révélation divine, c’est-à-dire tout ce que le Père voulait dire à l’humanité à travers l’incarnation du Fils. La mission du Saint-Esprit est de rappeler, c’est-à-dire de faire comprendre en plénitude et de pousser à mettre concrètement en œuvre les enseignements de Jésus. Et c’est aussi précisément la mission de l’Eglise, qui la réalise à travers un style de vie précis, caractérisé par plusieurs exigences : la foi dans le Seigneur et l’observance de sa Parole ; la docilité à l’action de Esprit, qui rend le Christ Ressuscité sans cesse vivant et présent ; l’accueil de sa paix et le témoignage qui lui est rendu comme une attitude d’ouverture et de rencontre avec l’autre.
Pour réaliser tout cela, l’Eglise ne peut pas rester statique, mais, à travers la participation active de chaque baptisé, elle est appelée à agir comme une communauté en chemin, animée et soutenue par la lumière et par la force de l’Esprit Saint qui rend toute chose nouvelle. Il s’agit de se libérer des liens mondains représentés par nos idées, par nos stratégies, par nos objectifs, qui souvent alourdissent le chemin de foi, et de nous mettre à l’écoute docile de la Parole du Seigneur. Ainsi, c’est l’Esprit de Dieu qui nous guide et qui guide l’Eglise, afin que resplendisse son visage authentique, beau et lumineux, voulu par le Christ.
Pape François, Homélie, « Comment le monde donne-t-il la paix et comment le Seigneur la donne-t-il ? », mardi, 12 mai 2020
Avant de s’en aller, le Seigneur salue les siens et donne le don de la paix (cf. Jn 14, v. 27-31), la paix du Seigneur : «Je vous laisse la paix ; je vous donne ma paix ; je ne vous la donne pas comme le monde la donne, je la donne à vous» (cf. v. 27). Il ne s’agit pas de la paix universelle, cette paix sans guerre que nous voudrions tous voir toujours régner, mais de la paix du cœur, la paix de l’âme, la paix que chacun de nous a en lui. Et le Seigneur la donne mais, souligne-t-il : «Pas comme le monde la donne» (v.27). Comment le monde donne-t-il la paix et comment le Seigneur la donne-t-il ? Est-ce que ce sont des paix différentes ? Oui. Le monde te donne la « paix intérieure », nous parlons de celle-ci, la paix de ta vie, le fait de vivre avec le « cœur en paix ». Il te donne la paix intérieure comme si elle t’appartenait, comme quelque chose qui est à toi et qui t’isole des autres, que tu gardes en toi-même, une chose que tu as acquise : j’ai la paix. Et toi, sans t’en rendre compte, tu t’enfermes dans cette paix, c’est une paix un peu pour toi, pour une personne, pour chacun ; c’est une paix solitaire, c’est une paix qui te tranquillise, qui te rend même heureux. Et dans cette tranquillité, dans ce bonheur tu t’endors un peu, elle t’anesthésie et te fait rester avec toi-même dans une certaine tranquillité. C’est un peu égoïste : la paix pour moi, enfermée en moi. C’est ainsi que le monde la donne (cf. v. 27). C’est une paix coûteuse, car tu dois sans cesse changer les « instruments de paix” : quand une chose t’enthousiasme, une chose te donne la paix, elle se termine ensuite et tu dois en trouver une autre… Elle est coûteuse, parce qu’elle est provisoire et stérile.
En revanche, la paix que te donne Jésus est une autre chose. C’est une paix qui te met en mouvement : elle ne t’isole pas, elle te met en mouvement, elle te fait aller auprès des autres, elle crée la communauté, elle crée la communication. Celle du monde est coûteuse, celle de Jésus est gratuite, elle est gratuite ; c’est un don du Seigneur : la paix du Seigneur. Elle est féconde, elle te fait toujours avancer.
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