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L’Exaltation de l’Amour dans la Mission

L’Exaltation de l’Amour dans la Mission
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

Exaltation de la Sainte Croix, fête du 14 septembre 2025

(24ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE)

Nb 21,4b-9; Ps 77; Ph 2,6-11; Jn 3,13-17

L’Exaltation de l’Amour dans la Mission

La fête de l’Exaltation de la Croix, qui tombe cette année le vingt-quatrième dimanche du Temps Ordinaire, lui est prioritaire. C’est une fête liturgique importante, associée à la découverte de la Croix de Jésus et à la construction et à la consécration des basiliques constantiniennes du Golgotha ​​et du Saint-Sépulcre, à Jérusalem. Au cœur de la foi chrétienne, cette Croix n’est plus seulement du bois et des clous, mais a pris une signification symbolique, signe de gloire, de salut, d’amour poussé jusqu’à l’extrême. Aujourd’hui, nous ne célébrons pas la douleur, mais l’amour devenu mission, qui a pris sur lui le mal du monde et l’a vaincu non par la force, mais par la miséricorde.

  1. La signification profonde de l’élévation du serpent d’airain

Dans la première lecture, tirée du Livre des Nombres, un épisode mystérieux est présenté: le peuple d’Israël, épuisé et impatient dans le désert, murmura contre Dieu et Moïse. Le peuple s’éloigna ainsi spirituellement et physiquement du droit chemin indiqué par Dieu, et il permit qu’en suivant sa propre voie, il rencontre des serpents venimeux, conséquences de son rejet de Dieu. Cependant, lorsque le peuple se repentit et appela à l’aide, Dieu ordonna à Moïse de fabriquer un serpent d’airain et de l’élever sur une perche. Quiconque le regarderait, même mordu, serait guéri. Qu’est-ce que tout cela signifie ?

Ce n’est ni de la magie ni de la superstition. Le serpent d’airain devient signe de foi et de guérison : ce n’est pas le métal qui guérit, mais la grâce de Dieu, qui accueille avec bienveillance l’acte de confiance de ceux qui se tournent vers le signe qu’il a donné. Dieu n’éloigne pas le serpent du désert, mais offre au peuple un moyen d’éviter de mourir de sa morsure.

Même dans nos vies, les « serpents » du péché, de la souffrance, de l’égoïsme et du désespoir ne disparaissent pas comme par magie. Dieu, cependant, nous donne un signe, un point de repère, un chemin : lever les yeux vers le salut qu’il nous offre lui-même. L’élévation du serpent, rapportée dans l’Évangile, préfigure l’élévation de Jésus sur la Croix, qui à son tour représente son exaltation glorieuse vers le ciel à la droite du Père.

Le premier message d’aujourd’hui souligne que, dans les épreuves, dans nos luttes quotidiennes, il ne nous est pas demandé de toujours baisser les yeux sur nos propres blessures, mais de toujours lever les yeux, dans une prière confiante et persévérante, vers Jésus crucifié, le Signe divin que Dieu nous a donné. L’invitation est de croire que Dieu nous a donné l’espérance même là où il y a de la douleur.

  1. L’Élévation du Fils

Dans l’évangile de Jean, Jésus lui-même fait référence à cet épisode du serpent d’airain, en lui donnant une interprétant profonde : « Comme Moïse éleva le serpent dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la vie éternelle. »

Premièrement, la comparaison biblique ne concerne pas tant le serpent et le Fils, mais plutôt les actions similaires de l’élévation sur le poteau et sur le bois de la croix.

Deuxièmement, l’expression clé « il faut » exprime l’accomplissement du dessein de Dieu (comme lorsque Jésus enseignait aux deux disciples d’Emmaüs : le Fils de l’homme doit endurer tout cela pour entrer dans la gloire). La Croix n’est donc pas un accident de parcours, elle ne représente pas une défaite à oublier, mais l’élévation du Fils, c’est sa mission menée jusqu’au bout : Jésus est venu pour aimer et sauver, et il le fait non pas en évitant la souffrance, mais en la subissant.

Nous pensons souvent qu’aimer signifie éviter la souffrance. Jésus nous montre qu’aimer véritablement signifie accepter même la souffrance pour le bien des autres. Il n’y a pas d’amour véritable sans don. Et il n’y a pas de véritable mission sans croix, mais une croix qui sauve, non qui détruit ; qui libère, non qui condamne.

Sur la Croix, Jésus est élevé non pas pour être glorifié aux yeux du monde, mais pour attirer chaque homme à lui : c’est l’élévation d’un amour qui devient visible, total, inconditionnel. C’est le moment de la manifestation de la « gloire » divine au monde, cette gloire qui est en réalité l’essence même de Dieu, miséricordieux et fidèle dans l’amour.

  1. Tout pour et dans l’Amour

Saint Paul, dans sa Lettre aux Philippiens, nous offre l’un des passages les plus émouvants du Nouveau Testament : « Le Christ Jésus… s’est dépouillé lui-même… s’est rendu obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort sur la croix. » Et il ajoute : « C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom. »

La véritable exaltation, celle que nous célébrons aujourd’hui, n’est pas celle de la puissance, de la force ou de la réussite humaine, mais celle de l’Amour qui s’humilie, qui se donne, qui sert. C’est l’amour qui ne s’épargne pas, qui se laisse crucifier par amour pour les autres. Jésus n’est pas monté sur la Croix pour nous montrer sa capacité à souffrir, mais il s’est immolé sur la Croix en sacrifice propitiatoire pour notre réconciliation avec Dieu. Il nous montre ainsi, d’une part, la gravité de nos péchés et, d’autre part, l’immensité de l’amour de Dieu pour nous, pécheurs

Et c’est précisément là le cœur de l’Évangile : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique… » Et comme Dieu le Père, le Fils a tant aimé le monde qu’il a accompli le dessein divin sur la vie de l’Humanité dans l’amour et l’obéissance filiale. Il n’y a pas de plus grand amour. Il n’y a pas de mission plus haute. L’amour est devenu mission : il a quitté le ciel, a pris notre chair, est monté sur la croix et est ressuscité… tout cela par amour.

En conclusion, la devise est : Vivre l’amour en mission. La Croix nous enseigne que nous ne vivons vraiment que lorsque nous aimons. Et nous n’aimons vraiment que lorsque nous sommes prêts à nous donner.

Aujourd’hui, l’Exaltation de la Croix nous invite à ne pas avoir honte de notre foi, mais à la vivre avec courage. Elle nous appelle à ne pas fuir nos croix quotidiennes, mais à les vivre comme des occasions d’amour et d’offrande. Surtout, elle nous appelle à être des missionnaires de l’Amour, où que nous soyons : en famille, au travail, entre amis, dans nos communautés. En levant les yeux vers la Croix, nous apprenons à voir le monde comme Dieu le voit : avec miséricorde, avec tendresse, avec espérance.

Prions :

Seigneur Jésus, tu nous as montré que le véritable amour n’a pas peur de la Croix. Aide-nous aussi à vivre l’amour en mission : que nos difficultés ne soient pas un motif de plainte, mais une occasion d’offrande. Que nos croix ne nous écrasent pas, mais nous ouvrent à la compassion. Et que chacun de nos gestes soit fait par amour, avec amour, dans l’Amour.

Pape Léon XIV, Angélus, Place de la Liberté (Castel Gandolfo), 13 juillet 2025

[…] Frères et sœurs, regardons vers Lui ! Jésus est la révélation du véritable amour envers Dieu et envers l’homme : un amour qui se donne et ne possède pas, un amour qui pardonne et ne prétend rien, un amour qui secourt et n’abandonne jamais. Dans le Christ, Dieu s’est fait proche de chaque homme et de chaque femme : c’est pourquoi chacun peut et doit devenir proche de ceux qu’il rencontre sur son chemin. À l’exemple de Jésus, Sauveur du monde, nous sommes nous aussi appelés à apporter consolation et espérance, en particulier à ceux qui sont découragés et déçus.

Pour vivre éternellement, il n’est donc pas nécessaire d’esquiver la mort, mais de servir la vie, c’est-à-dire de prendre soin de l’existence des autres dans le temps que nous partageons. Telle est la loi suprême, qui précède toute règle sociale et lui donne son sens. […]

Pape François, Maison Sainte-Marthe, Homélie, « Regarder le crucifix sous la lumière de la rédemption », mardi, 31 mars 2020

[…] Jésus élevé : sur la croix. Moïse fait un serpent et l’élève. Jésus sera élevé, comme le serpent, pour apporter le salut. Mais le nœud de la prophétie est précisément que Jésus s’est fait péché pour nous. Il n’a pas péché : il s’est fait péché. Comme dit saint Pierre dans sa Lettre : « Il a porté lui-même nos fautes dans son corps » (1 P 2, 24). Et quand nous regardons le crucifix, nous pensons au Seigneur qui souffre : tout cela est vrai. Mais nous nous arrêtons avant d’arriver au cœur de cette vérité : en ce moment, Tu sembles être le plus grand pécheur, Tu t’es fait péché. Il a pris sur lui tous nos péchés, il s’est anéanti jusqu’à maintenant. La croix, c’est vrai, est un supplice, c’est la vengeance des docteurs de la Loi, de ceux qui ne voulaient pas Jésus : tout cela est vrai. Mais la vérité qui vient de Dieu est qu’Il est venu au monde pour prendre nos péchés sur lui au point de devenir péché. Tout péché. Nos péchés sont là.

Nous devons nous habituer à regarder le crucifix sous cette lumière, qui est la plus vraie, c’est la lumière de la rédemption. Dans Jésus fait péché, nous voyons l’échec total du Christ. Il ne fait pas semblant de mourir, il ne fait pas semblant de souffrir, seul, abandonné… « Père, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (cf. Mt 27, 46 ; Mc 15, 34). Un serpent : je suis élevé comme un serpent, comme celui qui est tout péché. […]

 

 

(Photo: Pexels.com / Pixabay)

 

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