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L’invitation à la vraie foi qui engage

L’invitation à la vraie foi qui engage
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

13ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE B)

Sg 1,13-15; 2,23-24; Ps 29; 2 Co 8,7.9.13-15; Mc 5,21-43

L’invitation à la vraie foi qui engage

Le long passage de l’évangile d’aujourd’hui nous raconte deux histoires bien entrelacées par l’évangéliste Marc en un seul récit, selon une structure bien définie : Début de l’histoire A (fille de Jaïre) – Histoire B (femme qui saignait) – Fin de l’histoire A (fille de Jaïre). Le fil conducteur est la manifestation de la puissance de Dieu dans le Christ qui fait irruption dans la vie quotidienne et triomphe sur la misère humaine et sur la mort.

Cette manifestation divine requiert cependant la « collaboration » de la foi de la part des intéressés ; et la phrase clé pour tous les auditeurs, hier comme aujourd’hui, reste celle que Jésus adressa à Jaïre, le chef de la synagogue : « Ne crains pas, crois seulement ! ». En réfléchissant sur les détails de cette histoire « deux en un », il y a trois points particulièrement significatifs à souligner.

  1. « Ma fille, ta foi t’a sauvée ». La foi comme “engagement” qui sauve

Il ne sera pas superflu de rappeler immédiatement que l’histoire de la résurrection de la « petite fille » de Jaïre et de la femme souffrant d’hémorragie s’est produite après que Jésus eut traversé « de nouveau en barque vers l’autre rive », c’est-à-dire qu’il était revenu vers “sa” rive, dans la région de Capharnaüm et ses environs, après l’incursion missionnaire sur cette “autre rive” des païens (cf. Mc 5,1). Ce contexte géographique de l’activité de Jésus “parmi les Israélites” rend encore plus significatif l’appel fondamental à la foi dans la première des deux histoires présentées ici, c’est à dire, celle de la femme malade.

Dans le récit, il faut noter une certaine dramatisation de la situation de la femme, avec également une certaine ironie. En effet, l’évangéliste décrit : « [la femme] saignait depuis douze ans et elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, dépensant tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré ». En un mot, comme le dit un proverbe vietnamien, “ tien mat tat mang” (“l’argent est perdu, mais l’infirmité demeure”). Ainsi, le seul espoir de la protagoniste réside en Jésus, ou plutôt « dans son manteau », selon son raisonnement : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée ». Ainsi, elle pensa et ainsi se fut, miraculeusement et d’une façon apparemment automatiquement. Mais pourquoi a-t-il décidé d’agir si secrètement, en espérant et en croyant à un miracle ? Simplement par peur d’être découverte comme impure, selon la loi mosaïque, à cause de cette maladie si embarrassante et cause d’impureté légale. A Certains égards, elle a été obligée de cacher son état d’impureté devant la foule, et donc aussi devant Jésus. Cependant, il a « vu » la femme avec son problème et aussi avec sa foi, bien qu’imparfaite et seulement par intuition, et Jésus accorda à la femme le début de la guérison physique, comme elle le désirait. Mais pas seulement cela : Jésus a voulu la “trouver”, la “rencontrer” en personne pour lui offrir un salut complet et, en même temps, transmettre à la foule une leçon de foi qui conduit à la guérison complète : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal ». En réalité, c’est la puissance de Dieu en Jésus qui sauve, mais avec la déclaration mentionnée, Jésus met tout l’accent sur le rôle fondamental de la foi qui a produit le salut presque d’elle-même, d’une façon automatique. La guérison apparaît ici comme un don gratuit de Dieu en Jésus, mais elle nécessite un engagement de foi de la part de l’homme/de la femme qui part à la recherche de ce don, comme la femme du récit. Et Jésus nous invite encore à cette foi évangélique qui se nourrit de persévérance même dans le désespoir, comme dans la situation de Jaïre avec sa petite fille décédée.

  1. « Ne crains pas, crois seulement! ». La foi des parents sauve la fille

Nous revenons ici à la première histoire qui, après la guérison de la femme, a connu un tournant. Jaïre, le chef de la synagogue, apprend la mauvaise nouvelle de la part des gens de la maison : «Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ?». Dans cette situation tragique, l’invitation de Jésus à Jaïre a une signification particulière qui peut être traduite du grec original non pas par « Ne crains pas, crois seulement ! », mais littéralement « …continue à avoir la foi ! ». En fait, le père, qui était d’abord venu vers Jésus pour le supplier de venir guérir sa fille, croyait déjà d’une certaine manière en Jésus, le divin faiseur de miracles. Cependant, après avoir appris la nouvelle de la mort de sa fille, cette foi a subi une profonde crise.

Il est intéressant de noter comment Jésus parlait et agissait avec détermination, s’adressant au père de la fille en deuil, jusqu’à ce que le miracle soit accompli sur la jeune fille. On peut également noter ici, comme dans le récit de guérison précédent, la victoire de la grâce divine en Christ agissant à travers la foi humaine, outre quelques détails humoristiques, accentués par l’évangéliste dans le récit, tels que la phrase ironique de Jésus (« L’enfant n’est pas morte mais elle dort ») et la présence curieuse des gens, probablement payés pour pleurer, crier et désespérer aux funérailles, parce qu’ils sont facilement passés des pleurs au rire face à Jésus. Ainsi, en simplifiant à l’extrême, on pourrait dire à tout croyant qui se trouve en difficulté : « Continue simplement à avoir la foi ! », Jésus s’occupera du reste !

  1. L’invitation à la vraie foi dans la Mission

Après la question posée par Jésus aux disciples sur leur foi, dans l’épisode précédent de la tempête sur la mer, les deux récits entrelacés dans ce long récit de saint Marc mettent en lumière les exemples de foi comme engagement, ténacité et persévérance qui opère ensuite le miracle dans des situations désespérées. Rappelons-nous l’enseignement assez mystérieux de Jésus à ses disciples : « si vous avez de la foi gros comme une graine de moutarde, vous direz à cette montagne : “Transporte-toi d’ici jusque là-bas”, et elle se transportera ; rien ne vous sera impossible » (Mt 17, 20). Que l’exhortation du Christ Seigneur de continuer à croire en la puissance de Dieu dans chaque situation de notre vie et dans la mission, résonne constamment en nous, ses disciples missionnaires d’aujourd’hui : « Ne crains pas, crois seulement ! ».

Et n’oublions pas les paroles importantes de saint Jean-Paul II : « La Mission est un problème de foi, elle est précisément la mesure de notre foi en Jésus Christ et en son amour pour nous » (Redemptoris Missio, 11).

Prions donc (sur la base de la prière de la Collecte alternative du Missel italien du XIII Dimanche, année B) :

Ô Père, qui dans le mystère de ton Fils pauvre et crucifié a voulu nous enrichir de tout bien, ne craignons pas la pauvreté et la croix, pour apporter à tous l’heureuse annonce de la vie nouvelle. Par le Christ notre Seigneur. Amen.

Points utiles :

Jean-Paul II, Lettre encyclique sur la valeur permanente du précepte missionnaire, Redemptoris missio, 14

Deux gestes caractérisent la mission de Jésus: guérir et pardonner. Ses nombreuses guérisons montrent sa grande compassion en face de la misère humaine; mais elles signifient aussi qu’il n’y aura plus, dans le Royaume, ni maladies ni souffrances et que, dès le début, la mission tend à libérer les personnes de leurs maux. Dans la perspective de Jésus, les guérisons sont également signes du salut spirituel, c`est-à-dire de la libération du péché. En accomplissant des gestes de guérison, Jésus invite à la foi, à la conversion et au désir du pardon (cf. Lc 5, 24). Quand est reçu le don de la foi, la guérison pousse à aller plus loin: elle introduit dans le salut (cf. Lc 18, 42-43). Les gestes de libération de la possession du démon, mal suprême et symbole du péché et de la rébellion contre Dieu, sont des signes que « le Royaume de Dieu est arrivé jusqu’à vous » (Mt 12, 28).

Pape François, Angélus, place Saint-Pierre, Dimanche 28 juin 2015

[…] Ces deux épisodes — une guérison et une résurrection — ont un seul centre : la foi. Le message est clair et on peut le résumer en une question : croyons-nous que Jésus peut nous guérir et qu’il peut nous réveiller de la mort ? Tout l’Évangile est écrit à la lumière de cette foi: Jésus est ressuscité, il a vaincu la mort, et en raison de sa victoire, nous aussi nous ressusciterons. Cette foi, qui était certaine pour les premiers chrétiens, peut se ternir et devenir incertaine, au point que certains confondent résurrection et réincarnation. La Parole de Dieu de ce dimanche nous invite à vivre dans la certitude de la résurrection : Jésus est le Seigneur, Jésus a pouvoir sur le mal et sur la mort, et il veut nous conduire à la maison du Père, où règne la vie. Là, nous nous rencontrerons tous, nous tous qui sommes ici sur cette place aujourd’hui, nous nous rencontrerons dans la maison du père, dans la vie que Jésus nous donnera.

La résurrection du Christ agit dans l’histoire comme un principe de renouveau et d’espérance. Quiconque est désespéré et fatigué à en mourir, s’il se confie à Jésus et à son amour, peut recommencer à vivre. Commencer une autre vie, changer de vie est aussi une façon de se relever, de ressusciter. La foi est une force de vie, elle donne sa plénitude à notre humanité; et celui qui croit dans le Christ doit être reconnu parce qu’il promeut la vie en toute situation, pour faire ressentir à tous, spécialement aux plus faibles, l’amour de Dieu qui libère et qui sauve.

Pape François, Lettre encyclique sur la foi, Lumen fidei

  1. […] Le chrétien sait que la souffrance ne peut être éliminée, mais qu’elle peut recevoir un sens, devenir acte d’amour, confiance entre les mains de Dieu qui ne nous abandonne pas et, de cette manière, être une étape de croissance de la foi et de l’amour. En contemplant l’union du Christ avec le Père, même au moment de la souffrance la plus grande sur la croix (cf. Mc 15, 34), le chrétien apprend à participer au regard même de Jésus. Par conséquent la mort est éclairée et peut être vécue comme l’ultime appel de la foi, l’ultime « Sors de la terre », l’ultime « Viens ! » prononcé par le Père, à qui nous nous remettons dans la confiance qu’il nous rendra forts aussi dans le passage définitif.
  2. […] La foi n’est pas une lumière qui dissiperait toutes nos ténèbres, mais la lampe qui guide nos pas dans la nuit, et cela suffit pour le chemin. À l’homme qui souffre, Dieu ne donne pas un raisonnement qui explique tout, mais il offre sa réponse sous la forme d’une présence qui accompagne, d’une histoire de bien qui s’unit à chaque histoire de souffrance pour ouvrir en elle une trouée de lumière. Dans le Christ, Dieu a voulu partager avec nous cette route et nous offrir son regard pour y voir la lumière. Le Christ est celui qui, en ayant supporté la souffrance, « est le chef de notre foi et la porte à la perfection » (He 12, 2).

 

 

(Photo: Pexels.com / Ian Panelo)

 

 

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