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Parabole du semeur généreux

Parabole du semeur généreux
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

15ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE A)

Is 55, 10-11; Ps 64; Rm 8, 18-23; Mt 13, 1-23 ou lecture breve Mt 13, 1-9

Parabole du semeur généreux

En suivant le parcours des activités d’évangélisation publique de Jésus dans l’Évangile de Matthieu, nous arrivons aujourd’hui au début d’une section particulière, celle des paraboles. L’évangéliste montre un Jésus Maître et Sage de Dieu, qui révèle le mystère du Royaume à travers des simples histoires de la vie quotidienne. Les récits paraboliques étaient le signe distinctif de l’enseignement du Maître de Nazareth, considéré à juste titre comme le génie des paraboles. Il est donc nécessaire de se faire humble et petit, aujourd’hui encore, à l’école de Jésus, pour goûter à nouveau la fraîcheur et la sagesse ancienne mais toujours nouvelle de ses paraboles, à commencer par celle du semeur, que Jésus propose comme la première de toute la série et la plus importante.

  1. «Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! ». Une parabole fondamentale de Jésus pour tout auditeur.

 

La prééminence de la parabole du semeur sur les autres est soulignée par le fait que les évangélistes synoptiques la rapportent au début de l’enseignement en paraboles de Jésus. Comme l’a mis en relief saint Marc l’évangéliste, Jésus lui-même a souligné le rôle fondamental de ce récit parabolique pour comprendre les autres : « Il leur dit encore : “ Vous ne saisissez pas cette parabole ? Alors, comment comprendrez-vous toutes les paraboles ? ” » Mc 4,13). C’est donc la parabole clé, parce qu’elle est destinée à provoquer un “choc” fondamental chez les auditeurs, en leur rappelant une attitude juste à l’égard de l’enseignement de Jésus qui parlait presque exclusivement de manière parabolique, comme le remarque l’évangéliste Marc : « Il ne leur disait rien sans parabole » (Mc 4, 34).

L’importance de la parabole en question ressort encore plus de sa conclusion particulière : « Celui qui a des oreilles, qu’il entende ! ». C’est la phrase que l’on retrouve souvent sur les lèvres de Jésus et que l’on peut donc appeler le “refrain de la sagesse” dans ses discours (cf.Mt 13,43). C’est l’exhortation à la réflexion et à la compréhension de l’enseignement donné, que l’on peut traduire par : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ! ». Elle revient dans toutes les traditions synoptiques. De plus, on la retrouve également dans les discours de Jésus ressuscité aux communautés de fidèles dans Ap (cf. 2.7.11.17.29 ; 3.6.13.22 ; 13.9); cela démontre la grande “popularité” du diction qui remonte au Jésus historique.

Avec saint Jérôme et de nombreux auteurs modernes, nous pouvons souligner que le sens de ces formules n’est pas parénétique (invitation à obéir et à agir) mais c’est l’invitation à la réflexion, à l’attention pour comprendre. C’est ce que confirme également l’exhortation de Jésus en Mc 7,14 : “Écoutez-moi tous et comprenez” (cf. aussi Mc 7,18). Quoi qu’il en soit, il suffit de constater que derrière la parole de Jésus se profile l’image du sage ou de la Sagesse de Dieu qui appelle, comme elle le faisait dans l’Ancien Testament, notamment par la voix du sage à la fin du psaume de sagesse qui loue les merveilles de Dieu dans la création et dans l’histoire du salut : « Qui veut être sage retiendra ces choses : il y reconnaîtra l’amour du Seigneur » (Ps 106, 43). Il faut donc toujours une écoute sage qui vient de la conscience d’être petit devant le message divin, qui se révèle maintenant avec Jésus à travers les paraboles.

  1. «Voici que le semeur sortit pour semer». Le Mystère du Christ semeur et de Dieu agriculteur.

 

Outre le message pressant qui nous invite tous à penser à “améliorer” le terrain de notre cœur pour faire fructifier la semence de la Parole que nous avons reçue, l’aspect le plus beau du récit concerne la générosité du protagoniste qui sème sans trop de calculs ni de réserves, sans tenir compte des différentes conditions du terrain. Cette générosité frole même la folie, voire la déraison : pourquoi n’a-t-il pas évité “les chemins”, “les pierres”, “les ronces” ? Certes, il faut préciser qu’il s’agit probablement des parties relatives au champ. En outre, d’après ce que suggèrent le récit lui-même et la pratique de semis de l’époque, le semeur se contente de jeter les graines dans le champ, tandis qu’une partie finit de toute façon dans la mauvaise terre voisine, précisément à cause de cette semence abondante et généreuse. Il s’agit en tout cas d’une analogie du mystère du Christ, le semeur par excellence, qui sème la Parole de Dieu à tous sans discrimination.

C’est pourquoi, plutôt qu’une histoire sur le destin de la semence, image de la Parole de Dieu, qui produit ou non du fruit dans la terre du cœur de chaque auditeur, il s’agit de la parabole du semeur généreux qui est toujours “parti” en mission malgré l’éventuel faible rendement qui l’attendait. Seul un quart des graines semées porte du fruit, et en quantité variable. Apparemment, ce sera le message le plus important pour les disciples-missionnaires de Jésus aujourd’hui, ceux qui sont appelés à poursuivre sa propre mission de Semeur divin. Malgré la réalité qui suscite beaucoup de perplexité et de méfiance quant à l’  “opportunité” et à l’”utilité” de la proclamation, les disciples-missionnaires sont invités à aller toujours de l’avant, sans peur et toujours avec générosité, pour apporter à tous la Parole de Dieu avec et dans le Christ.

  1. Renouveler la mission d’évangélisation à partir de la Parole de Dieu

 

Le message de la parabole nous incite donc à renouveler notre zèle à semer la Parole de Dieu et, en même temps, à redynamiser notre ferveur à l’écouter avec sagesse dans notre vie de disciples-missionnaires du Christ. Nous devons nous laisser évangéliser par la Parole de Dieu, écoutée et méditée, afin de pouvoir partager avec d’autres la joie et l’inspiration qui en découlent. Il est curieux que le Christ lui-même, après la résurrection, ait continué à proclamer et à expliquer la Parole. Il s’est même approché de ses disciples perdus et effrayés, comme ceux d’Emmaüs, pour leur “ouvrir” à nouveau les Saintes Écritures. Écoutons donc et réécoutons sagement sa voix, pour pouvoir partager la beauté de la Parole de Dieu vécue en nous. Il est nécessaire de renouveler toujours plus la mission d’évangélisation bien fondée sur la Parole de Dieu. À cet égard, voici l’enseignement du Pape dans son message pour la Journée mondiale des missions de cette année 2023 :

C’est pourquoi la connaissance de l’Écriture est importante pour la vie du chrétien, et plus encore pour l’annonce du Christ et de son Évangile. Sinon, que transmet-on aux autres si ce n’est ses propres idées et projets ? Et un cœur froid, pourrait-il jamais faire brûler celui des autres ?

Laissons-nous donc toujours accompagner par le Seigneur ressuscité qui nous explique le sens des Écritures. Laissons-le brûler nos cœurs, nous éclairer et nous transformer, afin que nous puissions annoncer au monde son mystère de salut avec la puissance et la sagesse qui viennent de son Esprit.

Prions (prière de la Collecte du Missel italien pour le XVème Dimanche, Année A) :

Augmente en nous, Père, par la puissance de ton Esprit, la disponibilité à accueillir la semence de ta parole, que tu continues à semer dans les sillons de l’humanité, afin qu’elle porte du fruit dans des œuvres de justice et de paix et révèle au monde la bienheureuse espérance de ton royaume. Par le Christ, notre Seigneur. Amen.

 

Pape François, Angélus, Place Saint-Pierre, Dimanche, 12 juillet 2020                                            

Dans l’Evangile de ce dimanche (cf. Mt 13, 1-23) Jésus raconte à une grande foule la parabole […] du semeur, qui jette la semence sur quatre types de terrains différents. La Parole de Dieu, symbolisée par les semences, […] c’est le Christ lui-même, le Verbe du Père qui s’est incarné dans le sein de Marie. C’est pourquoi, accueillir la Parole de Dieu signifie accueillir la personne du Christ, le Christ lui-même. […]

La Parole est donnée à chacun de nous. Nous pouvons nous demander : moi, quel type de terrain suis-je ? Est-ce que je ressemble à la route, à la terre pierreuse, au buisson ? Mais, si nous le voulons, nous pouvons devenir un bon terrain, défriché et cultivé avec soin, pour faire mûrir la semence de la Parole. Celle-ci est déjà présente dans notre cœur, mais la faire fructifier dépend de nous, dépend de l’accueil que nous réservons à cette semence.

 

Benoît XVI, Angélus, Castel Gandolfo, Dimanche 10 juillet 2011

Dans l’Évangile de ce dimanche (Mt 13, 1-23), Jésus s’adresse à la foule avec la célèbre parabole du semeur. C’est une page en quelque sorte « autobiographique », parce qu’elle reflète l’expérience même de Jésus, de sa prédication : il s’identifie au semeur, qui sème la bonne semence de la Parole de Dieu, et il se rend compte des différents effets obtenus, selon le type d’accueil qui est réservé à cette annonce. […]

Mais cet Évangile insiste aussi sur la « méthode » de la prédication de Jésus, c’est-à-dire justement sur l’utilisation des paraboles. « Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? » demandent les disciples (Mt 13, 10). Et Jésus répond en faisant une distinction entre eux et la foule : aux disciples, c’est-à-dire à ceux qui se sont déjà décidés pour lui, il peut parler du Royaume de Dieu ouvertement, en revanche, aux autres, il doit l’annoncer en paraboles, justement pour stimuler leur décision, la conversion de leur cœur ; en effet, les paraboles, du fait de leur nature, requièrent un effort d’interprétation, interpellent l’intelligence, mais aussi la liberté. Saint Jean Chrysostome écrit : « Jésus a prononcé ces paroles dans l’intention d’attirer à lui ses auditeurs et de les stimuler en leur assurant que s’ils s’adressent à lui, il les guérira » (Commentaire de l’Évangile de Matthieu, 45, 1-2). Au fond, la vraie « Parabole » de Dieu, c’est Jésus lui-même, sa personne qui, sous le signe de l’humanité, cache et en même temps révèle sa divinité. De cette façon, Dieu ne nous oblige pas à croire en lui, mais il nous attire à lui par la vérité et la bonté de son Fils incarné : l’amour, en effet, respecte toujours la liberté.

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