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Sainte Marguerite d’Youville

Première fondatrice de souche canadienne et précurseure de la mission sociale

Août 1701. La Nouvelle-France s’engage dans un tournant décisif de son évolution avec la signature de la « Grande paix de Montréal » (entre 39 chefs indiens et les Français). La population de la colonie, en plein essor, s’élèveésormais à plus de 16,000 personnes. Le 15 octobre de cette même année naît dans le village de Varennes, près de Montréal, une personnalité au destin d’exception dont l’action missionnaire constituera une pierre d’assise de la société canadienne. L’Esprit du Seigneur insuffle en le cœur de Marie-Marguerite Dufrost de Lajemmerais, enfant du Nouveau Monde, un brûlant appel à la vie d’apôtre de l’Évangile. Au terme d’une existence couronnée de faits d’armes, et ponctuée de grandes épreuves, elle entre au panthéon des grands bâtisseurs du pays pour devenir une légende héroïque. Cette sainte et mémorable figure de notre histoire qui frappe l’imaginaire collectif n’est nulle autre que « Marguerite d’Youville ».

Aînée de six enfants, Marguerite est âgée de sept ans lorsque son père meurt entraînant la famille dans une grande pauvreté. À onze ans, elle bénéficie néanmoins de deux florissantes années d’études au couvent des Ursulines de Québec grâce à son arrière-grand-père, Pierre Boucher, un administrateur de la Nouvelle-France. Elle revient ensuite à la maison pour soutenir sa mère dans l’éducation de la fratrie et dans les besognes quotidiennes.

Elle a vingt-et-un ans, en 1722, lorsqu’elle épouse un marchand de fourrures du nom de François-Madeleine d’Youville. Elle donne naissance à cinq enfants et devient veuve après huit années d’un mariage difficile qui la laisse criblée de dettes. Elle attend du reste un sixième enfant, qui mourra en bas âge. De ses six enfants, seulement deux petits garçons resteront bien en vie. Pour assurer la subsistance de sa famille affligée, Marguerite ouvre un modeste commerce, s’échine longuement à rembourser les créanciers, tout en veillant soigneusement à l’éducation de ses deux fils, voués à la prêtrise, qu’elle va conduire jusqu’à l’ordination. Marguerite témoigne d’une foi inébranlable en la divine Providence durant ces années laborieuses et connaît la grâce d’une intimité profonde avec Dieu. Dès 1727, elle expérimente dans le sanctuaire de son cœur une relation privilégiée avec le Père, insigne faveur qui la projette dans une mission de taille.

Lorsqu’elle ouvre sa maison à une femme aveugle et abandonnée, en novembre 1737, c’est alors que débute pour Marguerite l’ineffable aventure, prémices d’une extraordinaire moisson de bons offices. En décembre 1737, elle se consacre à Dieu dans le service aux plus démunis et, dès lors, trois compagnes se joignent à elle pour embrasser cette vocation. Marguerite devient à 36 ans la cheville ouvrière d’une œuvre de charité, nourrie de sa spiritualité de compassion, et se révèle du coup la fondatrice d’une institution d’envergure destinée à devenir emblématique. Au mois d’octobre 1747, elle se voit confier dans la controverse la direction du vétuste Hôpital général de Montréal, et elle s’y installe avec ses compagnes. Elle l’administre, le rénove et le transforme diligemment, avec une efficacité apostolique, en un établissement d’accueil exempt d’exclusion. Cette réussite et autres œuvres subséquentes posent les jalons des services sociaux et communautaires que nous connaissons aujourd’hui. Devenue instigatrice d’un grand changement social, elle se heurte conséquemment à de douloureux écueils qu’elle surmonte avec une admirable persévérance. De cette force d’impulsion divinement créatrice naît un institut religieux notable, promis à un grand déploiement, officiellement nommé « Soeurs de la Charité » de Montréal, mais communément désigné sous le vocable ironique de « Sœurs Grises » (c’est-à-dire ivres)… Appellation que conserveront humblement et dignement les religieuses en rappel de la dérision dont elles ont au départ fait l’objet.

Marguerite d’Youville s’éteint le 23 décembre 1771. Elle est béatifiée le 3 mai 1959 par le pape Jean XXIII qui la proclame « Mère de la charité universelle ». Comptée parmi les fondateurs de l’Église canadienne, elle est canonisée en 1990, par le pape Jean-Paul II, et inhumée dans la Basilique Sainte-Anne de Varennes.

Frère Siloan

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