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Que Dieu nous prenne en grâce et qu’il nous bénisse

Que Dieu nous prenne en grâce et qu’il nous bénisse
Solennité de sainte Marie, Mère de Dieu (Année A-B-C)
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

SOLENNITÉ DE SAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU (ANNÉE A-B-C)

Nb 6,22-27; Ps 66; Ga 4,4-7; Lc 2,16-21

Que Dieu nous prenne en grâce et qu’il nous bénisse

La grande joie de la naissance du Christ, « le Soleil qui vient d’en haut », s’achève ce dimanche, au terme de l’Octave de Noël qui coïncide significativement avec le premier jour de la nouvelle année solaire. Nous célébrons la Solennité de Marie, Mère de Dieu, qui commémore et accomplit un événement fondamental dans la vie du divin enfant : sa circoncision, au cours de laquelle il reçoit officiellement le nom de Jésus. À propos de cet événement, qui semble trop peu médité malgré sa richesse spirituelle et missionnaire, essayons aussi de réfléchir avec l’aide de la Parole de Dieu, à partir du commentaire de saint Paul dans la seconde lecture.

  1. « Né d’une femme, né sous la Loi »

Avec le double « né », saint Paul décrit le mystère de l’incarnation du Christ, Fils envoyé de Dieu, dans la « plénitude des temps ». Loin d’être une simple répétition rhétorique ou redondante, cette formulation souligne le mystère de la « double » naissance du Christ dans le monde et cela est particulièrement pertinent aujourd’hui, lorsque nous faisons mémoire de l’événement de la circoncision du Christ. Assurément, l’expression « né de femme » correspond à la naissance physique du divin enfant. Dans celle « né sous la Loi », en revanche, on voit précisément le moment où il fût circoncis, faisant ainsi son tout premier acte d’observation de la Loi juive ; et c’est précisément cet événement qui est célébré. Il faut souligner l’importance de cette seconde « naissance » selon la Loi pour un enfant israélite de cette époque. Ce n’est qu’à partir du moment de la circoncision que l’enfant est officiellement considéré comme un membre du peuple élu d’Israël, et par conséquent, commence à « exister » vraiment devant Dieu et les hommes ! Après la circoncision l’enfant reçoit publiquement le nom par lequel il sera appelé par tous, y compris par Dieu !

L’accent mis sur la double naissance permet à saint Paul d’expliquer la double mission de Jésus. Il est « né sous la Loi », c’est-à-dire la naissance dans la condition spécifique du peuple d’Israël, « pour racheter ceux qui étaient sous la Loi », c’est-à-dire ses frères israélites. En même temps, Il est « né d’une femme », en référence à la situation humaine universelle de la naissance, afin que nous tous, « soyons adoptés comme fils ». En un mot, Jésus est envoyé par Dieu pour une mission universelle de salut pour Israël et pour les peuples, pour rassembler tous les peuples de part et d’autre du monde, en un seul peuple des enfants de Dieu (cf. Ep 2,14-18 ). Pour cela, il a commencé ses activités d’évangélisation parmi son peuple d’Israël, puis les a étendues aux non-israélites, tout comme ses disciples missionnaires par la suite. Tout cela est certainement bien connu, mais il faut sans cesse le répéter et particulièrement aujourd’hui, alors que commence une nouvelle année qui peut-être nous « invite » à un zèle apostolique-missionnaire renouvelé pour accomplir la mission de Jésus.

Avec et au travers des disciples de chaque génération, Il poursuit mystiquement la mission que lui a confiée le Père jusqu’à la fin des temps, toujours avec deux engagements d’égale portée et d’égale importance : pour Israël, le peuple de l’Alliance, et pour « les peuples », c’est-à-dire les autres peuples du monde. Nous devons bien le souligner : Dieu a envoyé son Fils dans le monde pour donner sa paix et son salut à tous, notamment en premier lieu aux membres de son peuple élu qu’il n’a jamais cessé d’aimer malgré tout, car ainsi dit le Seigneur à Israël par le prophète Jérémie : « Je t’aime d’un amour éternel, aussi je te garde ma fidélité » (Jr 31,3). Et tout cela se résume à merveille dans le nom que Dieu a réservé à son Fils !

  1. « Il reçut le nom de Jésus »

C’est le mystère du nom qui lui a été donné mais en réalité ce fût pour nous ! C’est avant tout un mystère de Dieu, comme le montre clairement la manière dont l’évangéliste Luc nous le raconte. Nous ne savons pas clairement qui a donné le nom à l’enfant, bien que ce soit probablement le père qui l’ait fait selon la tradition juive. Dieu est considéré alors comme l’agent implicite (« il a été placé [par Dieu] »), comme c’est généralement le cas dans la construction grammaticale du passif théologique. Le point est mis encore plus en évidence avec la clarification suivante : « le nom que l’ange lui avait donné avant sa conception ». C’est-à-dire que le nom de Jésus pour l’enfant a été fixé d’avance puis communiqué par l’ange à Marie au moment de l’Annonciation : « Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus » (Lc 1,31). D’ailleurs, cette communication du nom avait aussi été faite en songe à Joseph, selon l’évangile de Matthieu, pour expliquer pourquoi l’enfant doit être appelé ainsi : « elle [Marie] enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés» (Mt 1,21).

Pourquoi une telle importance au sujet du nom de Jésus ? Car dans la tradition juive le nom désigne la personne, son identité, sa nature, sa mission. Nomen omen, « le nom [est] un présage » (Tel nom tel destin).

  1. Nom du salut et de la bénédiction

Le mot « Jésus », prononcé Jeshua en araméen, signifie « Dieu sauve ». Ce nom existait dans la tradition juive sous la forme Josué et c’est ainsi qu’ils appelèrent Josué, celui qui conduisit Israël vers la Terre Promise, achevant l’œuvre de l’exode, commencée par Moïse, son maître. Dans le cas de Jésus de Nazareth, le lien entre nom et mission est encore plus direct, comme l’explique saint Matthieu dans le passage cité plus haut : « c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ». Dans cette perspective, après la résurrection, les Apôtres proclamèrent hardiment leur foi : « car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver » (Ac 4,12).

De plus, le premier évangéliste Matthieu propose son commentaire sur lequel il est bon de méditer en cette sainte saison de Noël. Il proclame l’accomplissement de l’Écriture concernant ce nom de Jésus : « Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous » (Mt 1,22-23). Un lecteur attentif demanderait immédiatement : Mais comment ? Est-ce qu’il s’appelle Jésus ou Emmanuel ? Et comment la prophétie s’accomplit-elle à ce sujet ? Pour résoudre le problème, quelqu’un pourrait répondre que le divin enfant peut avoir deux noms, Jésus et Emmanuel !  Non ! Son nom est seulement Jésus. Toutefois, le parallèle entre les deux noms Jésus et Emmanuel suggère l’accomplissement des Écritures d’une manière encore plus profonde. Son nom est Jésus « Dieu sauve » mais en même temps l’identité d’Emmanuel « Dieu avec nous » se réalise.

Ce dernier explique à merveille la manière dont Dieu sauve l’Humanité en Jésus. Il ne nous sauve pas depuis les hauteurs du ciel, commandant tout avec ses paroles puissantes. Pourrait-il le faire ? Bien sûr, parce qu’il est omnipotent, mais il ne l’a pas fait. Il a voulu nous sauver, en s’abaissant jusqu’à nous et se plaçant avec nous, au milieu de nous, pour cheminer avec chaque homme et femme au milieu des problèmes, des difficultés, des adversités de la vie humaine, qui devient ainsi aussi la voie du salut ! Tout est écrit dans le nom de Jésus qui est maintenant le nom concret de Dieu fait homme. Il vient avec son salut et sa bénédiction pour toute l’Humanité, jamais en s’imposant par un violent ouragan, un tremblement de terre ou un incendie, mais toujours dans le délicat « murmure d’un vent léger » (cf. 1 Rois 19,12), le Seigneur parmi nous !

Par conséquent, comme nous y invite un psaume, « louez le nom du Seigneur ! » (Ps 112,1). En effet, nous aussi nous acclamons aujourd’hui, comme toujours après la bénédiction du Saint-Sacrement, « Béni soit le nom de Jésus ! ». De Fils de Dieu, il est devenu fils d’Adam, c’est-à-dire membre de l’Humanité, et en même temps fils d’Abraham, membre du peuple élu. En lui s’accomplit la promesse de Dieu aux descendants d’Abraham : « toutes les nations de la terre doivent être bénies en lui » (Gn 18,18), comme le souligne également le pape Benoît XVI dans un de ses commentaires. Désormais et jusqu’à la fin des temps, tous les peuples seront bénis en son nom ! Lui-même est venu précisément du désir ardent de porter cette bénédiction « aux proches et aux plus éloignés », en bénissant, en faisant le bien, en guérissant « tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable » (cf. Ac 10,38), et en devenant lui-même la bénédiction de Dieu pour le peuple. Jésus recommandera à ses disciples de bénir même les ennemis et les persécuteurs : « Souhaitez du bien à [bénissez] ceux qui vous maudissent » (Lc 6,28) ; quelque chose qui trouvera écho dans leur enseignement, comme l’exprime saint Paul l’apôtre : « Bénissez ceux qui vous persécutent ; souhaitez-leur du bien, et non pas du mal » (Rm 12,14).

Pourquoi ne pas partager joyeusement la nouvelle, cette bonne nouvelle, avec tout le monde, surtout avec ceux qui n’ont jamais vraiment connu le nom, c’est-à-dire la personne, de Jésus, pour les faire participer à la bénédiction divine au nom du Dieu fait homme ? De la recommandation divine aux grands prêtres d’Israël par l’intermédiaire de Moïse, que nous avons entendue en première lecture, nous entendons en quelque sorte la voix même de Jésus affirmant le désir de Dieu pour toujours et surtout pour cette année : « Vous invoquerez mon nom sur tous, Israélites et non-israélites, et je les bénirai ».  Bon début d’année 2023 et beaucoup de bénédictions au nom de Jésus, le Dieu qui sauve ! Que Marie, Mère de Dieu, intercède pour nous tous !

Paul VI, exhortation apostolique, Evangelii nuntiandi, n. 22

« La Bonne Nouvelle proclamée par le témoignage de vie devra donc être tôt ou tard proclamée par la parole de vie. Il n’y a pas d’évangélisation vraie si le nom, l’enseignement, la vie, les promesses, le Règne, le mystère de Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, ne sont pas annoncés ».

Catéchisme de l’Église catholique

430 « Jésus veut dire en hébreu : “Dieu sauve”. Lors de l’Annonciation, l’ange Gabriel lui donne comme nom propre le nom de Jésus qui exprime à la fois son identité et sa mission (cf. Lc 1,31). Puisque “Dieu seul peut remettre les péchés” (Mc 2,7), c’est lui qui, en Jésus, son Fils éternel fait homme, “sauvera son peuple de ses péchés” (Mt 1,21). En Jésus, Dieu récapitule ainsi toute son histoire de salut en faveur des hommes ».

432 « Le nom de Jésus signifie que le nom même de Dieu est présent en la personne de son Fils (cf. Ac 5,41 ; 3Jn 7) fait homme pour la rédemption universelle et définitive des péchés. Il est le nom divin qui seul apporte le salut (cf. Jn 3,5 ; Ac 2,21) et il peut désormais être invoqué de tous car il s’est uni à tous les hommes par l’Incarnation (cf. Rm 10,6-13), de telle sorte qu’“il n’y a pas sous le ciel d’autre nom donné aux hommes par lequel nous puissions être sauvés” (Ac 4,12 ; cf. Ac 9,14 ; Jc 2,7) ».

 

(Photo: pexels.com / Anna Shvets)

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