Trois principes importants dans la mission de Dieu

26ÉME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE B)

Nb 11,25-29; Ps 18; Jc 5,1-6; Mc 9,38-43.45.47-48

Trois principes importants dans la mission de Dieu

L’Évangile nous présente les trois enseignements de Jésus sur son chemin vers Jérusalem, point culminant de sa mission, comme il l’a prédit à deux reprises à ses disciples. Ce sont trois principes importants que Jésus a laissés à tous ses disciples, appelés à suivre le même chemin missionnaire avec leur Maître : l’inclusivité, la récompense et l’attention maximale aux scandales.

1. Le principe de l’inclusivité missionnaire

Tout a commencé avec une situation curieuse présentée par Jean, proche disciple de Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent ». Il est clair que les disciples se sentaient « autorisés » à défendre leur droit de pratiquer l’exorcisme au nom de Jésus, droit que lui-même leur avait accordé dans l’accomplissement de leur mission. D’après les paroles de l’apôtre, nous pouvons imaginer que, avant même d’exposer le problème à Jésus, les disciples avaient essayé de bloquer l’exorciste « étranger » en dehors du groupe, mais que celui-ci les avait probablement ignorés. C’est pour cette raison qu’ils rapportèrent la situation à Jésus, attendant une intervention plus forte et décisive de leur Maître.

Cependant, la réponse de Jésus va dans une autre direction qui surprend tout le monde, ceux qui étaient avec lui à l’époque et certainement aussi, de ses disciples aujourd’hui : « Ne l’en empêchez pas». Pourquoi? « car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ». Et il a formulé le principe d’inclusivité pour la Mission : « celui qui n’est pas contre nous est pour nous ».

Dans cet enseignement, on peut respirer une grande vision de magnanimité et d’universalité dans la mission. Il a pour toile de fond le rêve de Dieu selon lequel tous ses enfants “prophétisent”, c’est-à-dire qu’ils reçoivent tous l’Esprit de Dieu, puis parlent et travaillent en son nom. C’est le grand rêve, expliqué par Moïse lors du voyage du peuple dans le désert vers la terre promise (première lecture). Tous sont invités à participer à la mission de Dieu pour le salut de tous, chacun selon sa propre possibilité, souvent accordée de manière divine à nous, pauvres humains. C’est pourquoi ces paroles autorisées de Jésus, le Messie de Dieu, « Ne l’en empêchez pas », doivent être la lumière divine pour ses disciples de tout âge dans l’accomplissement de la mission divine, afin qu’ils ne tombent pas facilement dans une vision exclusive de “nous et le reste du monde”. Ils doivent toujours agir avec la magnanimité divine, pensant que quiconque n’est pas contre nous peut être inclus dans le projet de salut dans le Christ, son Fils, que Dieu réalise continuellement pour l’Humanité, avec la collaboration des disciples missionnaires du Christ et aussi à travers tous les hommes de bonne volonté qu’il aime.

2. La récompense missionnaire

Précisément dans la perspective d’une mission divine universelle, Jésus poursuit son enseignement en soulignant qu’il y aura une récompense “garantie” pour ceux qui soutiennent ses disciples : « celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense ». En assurant avec autorité divine la récompense du moindre soutien d’un verre d’eau, Jésus lance une invitation implicite à tous, à “quiconque” qui accomplit cet acte de bonté et d’autres, à continuer de le faire envers ses disciples, envoyés être ses témoins où qu’ils soient. Ainsi, nous espérons que le nombre des “bienfaiteurs” des missionnaires du Christ à travers le monde augmentera toujours davantage. Dans ce contexte, les Œuvres pontificales missionnaires poursuivront avec persévérance et ténacité leurs activités visant à récolter des fonds pour soutenir les missionnaires, non seulement auprès des fidèles chrétiens, mais aussi auprès de toutes les personnes qui, bien que non croyantes, se sentent inspirées pour offrir leur aide, petite ou grande.

D’autre part, selon les paroles du Christ, l’image du missionnaire du Christ qui, lui aussi, avait besoin d’un verre d’eau de la part d’hommes de bonne volonté, devra nous faire réfléchir sur quelle est la véritable manière de témoigner du Christ parmi les hommes. Rappelons-nous que les disciples du Christ n’ont pas été envoyés avec beaucoup d’argent en poche pour les utiliser eux-mêmes et/ou pour le distribuer à tous les nécessiteux partout où ils allaient. Ils étaient matériellement pauvres et la seule richesse qu’ils possédaient était Jésus et la grâce de l’Évangile. Ils ont réalisé la mission d’évangélisation sans grands “fonds”, mais avec la générosité d’un cœur plein de Dieu et du Christ.

Peut-être sommes-nous habitués à réaliser la mission d’évangélisation, en comptant davantage sur notre sécurité économique, plutôt que de nous ouvrir aux diverses aides que Dieu envoie à ses missionnaires à travers les personnes locales de bonne volonté.

3.  Attention aux scandales 

Poursuivant l’enseignement dans la perspective de la mission, Jésus termine par des paroles particulièrement sévères sur les scandales. Ces paroles sonnent donc comme un avertissement à tous les disciples pour qu’ils ne deviennent pas le scandale, c’est-à-dire la raison de la chute, pour les “petits”, c’est-à-dire les faibles, croyants au Christ et, d’autre part, de lutter, sans accepter de compromis, contre toute source de scandale pour soi sur le chemin du royaume de Dieu. Il convient de souligner le langage hyperbolique utilisé par Jésus, comme tout bon professeur juif, pour accentuer la gravité du cas. L’invitation de Jésus n’est donc pas de se couper la main ou le pied ou de lui arracher un œil, mais plutôt d’éviter, de manière résolue et radicale, tout obstacle ou toute déviation sur le chemin de la foi. Cette attitude radicale s’applique à chaque croyant et disciple du Christ, non seulement pour son propre salut, mais aussi et surtout pour celui de tous les autres, car nous sommes tous liés spirituellement et tous impliqués dans la même mission de témoigner au monde la vie nouvelle dans l’Esprit, invitant ainsi tous à entrer dans le royaume de Dieu.

Nous concluons en reprenant le rêve du pape François qui reflète celui de Dieu pour tout son peuple. Qu’il soit aussi une invitation pour nous à participer à la mission de Dieu, en gardant à l’esprit l’enseignement du Christ que nous avons commenté :

Je continue à rêver d’une Église entièrement missionnaire et d’un nouveau printemps missionnaire des communautés chrétiennes. Et je répète le souhait de Moïse pour le peuple de Dieu en chemin : “Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes !” (Nb 11, 29). Oui, puissions-nous tous, dans l’Église, être ce que nous sommes déjà en vertu de notre baptême : des prophètes, des témoins, des missionnaires du Seigneur ! Avec la puissance de l’Esprit Saint, et jusqu’aux extrémités de la Terre.

Pape François, Angélus, dimanche 26 septembre 2021

L’évangile de la liturgie d’aujourd’hui nous raconte un bref dialogue entre Jésus et l’apôtre Jean, qui parle au nom de tout le groupe des disciples. Ils ont vu un homme chasser les démons au nom du Seigneur, mais ils l’en ont empêché parce qu’il ne faisait pas partie de leur groupe.  Jésus les invite alors à ne pas empêcher ceux qui font le bien, car ils contribuent à réaliser le projet de Dieu (cf. Mc 9, 38-41). Puis il les met en garde: au lieu de diviser les personnes en bonnes et en  méchantes, nous sommes tous appelés à veiller sur notre cœur, afin de ne pas succomber au mal ni d’être une cause de  scandale pour les autres (cf. vv. 42-45.47-48).

Les paroles de Jésus révèlent en somme une tentation et offrent une exhortation. La tentation est celle de la fermeture. Les disciples voudraient empêcher une œuvre de bien uniquement parce que qui l’a accomplie n’appartenait pas à leur groupe. Ils pensaient avoir «l’exclusivité sur Jésus» et être les seuls autorisés à travailler pour le royaume de Dieu. Mais ils finissent ainsi par se sentir des préférés et considèrent les autres comme des étrangers, au point de devenir hostiles à leur égard. […]

Et dans l’évangile, il y a l’exhortation de Jésus: au lieu de juger tout et tous, soyons attentifs à nous-mêmes! En effet, le risque est d’être inflexibles envers les autres et indulgents envers nous-mêmes. Et Jésus nous exhorte, par des images frappantes, à ne pas faire de compromis avec le mal: «Si quelque chose en toi est motif de scandale, coupe-le ! » (cf. vv. 43-48). Si quelque chose te fait mal, coupe-le ! Il ne dit pas, «Si quelque chose est motif de scandale, arrête-toi, réfléchis, améliore-toi un peu…». Non: « Coupe-le ! Tout de suite !».  Jésus est radical en cela, exigeant, mais pour notre bien, comme un bon médecin. Chaque coupe, chaque taille, est pour mieux grandir et porter du fruit dans l’amour. […]

Pape François, Angélus, dimanche, 30 septembre 2018

[…] La grande liberté de Dieu de se donner à nous constitue un défi et une exhortation à changer nos attitudes et nos relations. C’est l’invitation que Jésus nous adresse aujourd’hui. Il nous appelle à ne pas penser selon les catégories «ami/ennemi», «nous/eux», «celui qui est dedans/celui qui est dehors», «mien/tien», mais à aller plus loin, à ouvrir notre cœur pour pouvoir reconnaître sa présence et l’action de Dieu, même dans des milieux insolites et imprévisibles et chez des personnes qui ne font pas partie de notre cercle. Il s’agit d’être davantage attentifs à l’authenticité du bien, du beau et du vrai qui est accompli, qu’au nom et à la provenance de celui qui l’accomplit. Et — comme le suggère le reste de l’Evangile d’aujourd’hui — au lieu de juger les autres, nous devons nous examiner nous-mêmes et «couper» sans compromis tout ce qui peut scandaliser les personnes les plus faibles dans la foi. […]

(Photo: Pexels.com / Nicholas Githiri)