Unis dans la foi et la mission dans le Christ
Unis dans la foi et la mission dans le Christ
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire
29 JUIN 2025: SAINTS PIERRE ET PAUL, APÔTRES – SOLENNITÉ
Ac 12, 1-11; Ps 33; 2 Tm 4, 6-8.17-18; Mt 16, 13-19
Unis dans la foi et la mission dans le Christ
Le 29 juin, on célèbre la solennité des saints Pierre et Paul dans toutes les églises. Ces apôtres du Christ représentent deux piliers de l’Église et témoins de la foi qui ont laissé une empreinte indélébile dans l’histoire du salut. Selon le Catéchisme de l’Église catholique, Pierre, appelé à être le fondement de l’Église, nous rappelle l’importance d’une foi vivante et du témoignage personnel du Christ. Paul, quant à lui, nous exhorte à vivre la vocation chrétienne avec courage et dévouement, en apportant la Bonne Nouvelle du Christ à toutes les nations.
Le passage évangélique nous offre des points utiles de réflexion sur leur appel à la foi, qui est aussi le nôtre, et sur la mission que le Seigneur confie à ses disciples. Dans l’épisode évangélique, avec Jésus et ses disciples sur le chemin, nous avons atteint un tournant de sa mission, lorsque Jésus a demandé aux siens et a obtenu de Pierre, en tant que représentant du groupe, la profession de foi sur son identité messianique. Pour mieux comprendre la signification de cet épisode ainsi que les paroles prononcées par Pierre et par Jésus pour la mission d’alors et d’aujourd’hui, il est nécessaire d’approfondir certains détails, au premier abord non significatifs, en partant du lieu de l’évènement.
- Le contexte important de la confession de foi de Pierre
Seuls les évangélistes Matthieu et Marc indiquent le contexte géographique de cet épisode ; « dans la région de Césarée-de-Philippe ». Il s’agit d’une ville de style gréco-romain reconstruite par le tétrarque Philippe en l’honneur de l’empereur César-Auguste sur un lieu appelé auparavant Panea (en l’honneur de Pan, divinité de la nature sauvage). (Flavius Josèphe, l’historien juif au premier siècle, mentionne la ville avec le nom de Caeserea Panias). L’archéologie moderne a trouvé les restes du sanctuaire de cette divinité grecque et, comme dans toute ville gréco-romaine, nous pouvons aussi imaginer l’existence dans cette zone d’autres autels dédiés à d’autres divinités, de différents monuments « sacrés » , comme saint Paul en a rencontré à Athènes (cf Ac 17,23). Il y a ici un contexte géographique particulier qui reflète le paganisme de l’époque par lequel les gens croyaient en différents dieux selon leurs inclinaisons religieuses ou leurs besoins. Nous trouvons donc Jésus et les disciples dans la zone païenne à la frontière de la partie septentrionale de la Galilée.
De plus, la région de Césarée-de-Philippe se trouve aux pieds du mont Hermon et d’une des sources du Jourdain. Dans cette zone il y a une concentration de figuiers, dans le Parc-Réserve naturel de Banias. Le figuier, avec son tronc robuste et haut (jusqu’à 8 mètres) et avec ses feuilles larges, offre un refuge de fraîcheur contre la chaleur du soleil. C’est ainsi que s’assoir sous le figuier et la vigne sera un signe du temps messianique (cf. Mic 4,4).
Un tel contexte géographique nous semble crucial pour comprendre pourquoi Jésus a emmené les disciples aussi loin de leurs bases de Capharnaüm (au moins 10 heures de marche), pour leur faire une demande fondamentale sur son identité. Quelle que soit la manière et indépendamment du regard avec lequel les gens considéraient Jésus dans un monde contemporain comportant un pluralisme de dieux et de croyances religieuses, les disciples sont appelés désormais à professer leur foi en Jésus comme seul et unique Messie du Dieu d’Israël, du seul vrai Dieu.
On comprend que cette question est toujours actuelle dans notre monde moderne. Chaque disciple du Christ est appelé aujourd’hui à professer sa foi profonde en lui, comme Pierre et les autres disciples, y compris Paul, au milieu de nombreuses opinions différentes concernant Sa personne parmi les gens. Et cette prise de position claire est fondamentale pour témoigner et partager la foi avec les autres.
- « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! »
La profession de foi de Pierre dans l’évangile de Matthieu complète et en même temps explicite les autres formes plus simples rapportées par les évangélistes Marc (« Tu es le Messie ») et Luc (« Tu es le Messie de Dieu »). Pour approfondir plus avant le contenu de cette profession, je vous renvoie aux différents ouvrages de christologie. Je souhaite reprendre ici seulement deux points essentiels.
En premier lieu, Jésus est annoncé comme étant le Christ, ce qui signifie le Messie en hébreu, ce qui veut dire « l’oint ». C’est donc l’Oint de Dieu, annoncé par les prophètes des temps anciens et qui était attendu et espéré par le Peuple élu à la fin des temps. Alors que dans l’histoire d’Israël plusieurs rois, prêtres et même dans certains cas des prophètes étaient les oints de Dieu, la réponse de Pierre à Jésus souligne l’identité singulière de Jésus en tant que Messie, l’Oint des oints, l’unique et définitif, envoyé par Dieu pour sauver son peuple. De plus, dans les mots de Pierre, nous entrevoyons non seulement une affirmation de type intellectuel mais surtout une expression d’adhésion à la personne de Jésus en tant que Christ dans lequel les apôtres se confient désormais et en qui ils mettent toute leur espérance. Il est donc « Celui qui doit venir » dans le monde, comme cela s’est révélé à Jean Baptiste en prison ou comme le déclarera Marthe dans l’évangile de Jean : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. » (Jn 11,27). Avec le venue de Jésus le Christ-Messie s’ouvre pour le Peuple élu et pour le monde entier l’ère messianique annoncée et attendue, dans laquelle chacun s’assied sous la vigne et le figuier, pour reprendre l’image employée par les prophètes.
En second lieu, en professant que Jésus est le Fils du Dieu Vivant, Pierre déclare sa foi dans la nature divine particulière de Jésus en lien avec le Dieu unique d’Israël, celui qui s’est révélé à Moïse simplement comme « Je suis », Celui qui est. Pour ce titre aussi, déjà dans la tradition biblique juive, on appelait « fils de Dieu » les anges et différents hommes. Cependant, comme le relève le Catéchisme de l’Eglise Catholique, dans cette profession de Pierre on reconnaît « le caractère transcendant de la filiation divine du Messie Jésus » (no. 442-443). C’est tellement vrai que dans l’évangile de Jean, Pierre déclarera au nom du petit groupe des quelques-uns qui sont restés avec Jésus pendant la crise de Galilée, lorsque « beaucoup de ses disciples rebroussèrent chemin et n’étaient plus avec lui », après le discours « Je suis le pain de la vie » : « Nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » (Jn 6,69). De la même manière, l’unicité de Jésus, Fils de Dieu, est souligné avec l’expression « Fils unique du Père ». (Dans cet épisode de l’évangile rapporté par Marc, la transcendance divine semble liée implicitement au titre « Le Fils de l’homme » que Jésus a utilisé pour lui-même en demandant aux siens au début : « Le Fils de l’Homme, qui est-il, d’après ce que disent les hommes ? »)
- « La puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle »
Parmi les évangélistes qui racontent le même épisode à Césarée de Philippe, seul saint Matthieu rapporte la réponse de Jésus à Pierre après la profession de foi de ce-dernier. Ce sont des mots inspirés et profonds qui ont fait l’objet de réflexions, d’études, de débats théologiques. Du point de vue spirituel, nous nous arrêtons seulement sur deux observations pour bien comprendre le discours.
Tout d’abord, nous notons le caractère particulier du langage de Jésus dans cette louange à Pierre. D’un côté on voit dans le discours l’abondance d’expressions juives reprenant la forme des béatitudes (heureux sois-tu, Simon…) « ni la chair, ni le sang… » (pour signifier la nature humaine), le binôme lier-délier (pour indiquer le pouvoir total comme dans Is 22, 19-23 de la première lecture) le jeu de mots basé sur le nouveau nom de Simon comme « Céphas » – pierre, rocher. Ça reflète un Jésus « de terrain » pour ainsi dire, avec son acuité et son mode d’expression purement hébraïque, bien enraciné dans la tradition de son peuple.
D’un autre côté, le contenu du discours laisse entrevoir un Jésus en extase, vraiment comme au moment où Il a prononcé la prière de louange à Dieu pour la révélation exclusive aux plus petits ; « Je te rends grâce, Dieu, Seigneur du ciel et de la terre… ». On voit donc un Jésus glorieux, supraterrestre, qui avec une autorité particulière a confirmé la profession de Pierre comme la révélation de Dieu lui-même (dénommé solennellement « Mon père qui est aux cieux») et en conséquence, il a conféré à Pierre un statut (« sur cette pierre je bâtirai mon Eglise ») et une mission particulière (« Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux »).
Nous avons donc ici le discours du Jésus terrien et céleste en même temps, qui révèle son projet pour le « Royaume des Cieux » et la construction de son Église. On note donc la relation étroite entre le Royaume des cieux et l’Église que Jésus a annoncé construire sur cette pierre qui est la personne de Simon Pierre. Le mot « église » qui vient du grec ekklesia reflète l’hébreu qahal qui indique l’assemblée du peuple convoquée par Dieu (pour le culte). Entrer dans le royaume de Dieu signifie logiquement participer à l’église de Dieu que le Christ construit et nomme sienne.
Il faut souligner à ce propos que Jésus parle de son Église et de son action d’édification sur la pierre qui est Simon-Pierre. En d’autres termes, l’Église est du Christ qui la construit et non de Pierre qui, avec sa profession de foi, reste un instrument, quoique fondamental, pour la fondation de celle-ci. On se rappelle que le Christ lui-même est perçu comme le rocher et en tant que tel, il n’y a aucun fondement si ce n’est le Christ lui-même. Ainsi il faut comprendre les mots de Jésus à Pierre dans un sens inclusif : pour l’édification de l’Église, Pierre sera la pierre en Christ – l’unique pierre d’angle et le fondement de tout, et ça par la volonté du Christ lui-même. De cette manière, on peut comprendre que malgré la faiblesse humaine de Pierre et de tous les autres dans l’Église, les portes de l’enfer ne prévaudront par sur elle, parce que derrière Pierre et généralement derrière toute l’Église il y a Jésus, le Christ, le Fils du Dieu Vivant qui soutient autant l’un que l’autre. Du reste, Jésus a dit lui-même à Pierre et aux autres disciples avant la Passion: « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous passer au crible comme le blé. Mais j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères. » (Lc 22, 31-32).
Par conséquent, dans cette perspective, voilà la belle affirmation du pape Léon le Grand († 461) ; « […] comme dure ce que Pierre a cru en Christ, ainsi dure ce que Christ a institué en la personne de Pierre […] Dans toute l’Eglise, Pierre proclame chaque jour : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! » (De Natale ipsius, III). À cette proclamation perpétuelle et mystique de la foi dans le Christ, Paul y participe lui aussi chaque jour, appelé par la grâce divine du persécuteur de l’Église à être l’apôtre infatigable du Christ parmi les nations. Ainsi, comme il ressort de la deuxième lecture, Paul, désormais proche de la mort, se présente comme un athlète qui a combattu le bon combat, a achevé la course et a gardé la foi (cf. 2 Tm 4, 6-8.17-18). Son témoignage nous incite à persévérer dans la foi, même lorsque le cheminement chrétien- missionnaire devient ardu, car la récompense promise par Dieu est grande : la couronne de justice et la vie éternelle.
En conclusion, Pierre et Paul nous enseignent que la foi exige courage, humilité et fidélité. Leur vie est une invitation à reconnaître Jésus comme le Christ, le Fils de Dieu, et à témoigner de cette foi avec cohérence et amour, même face aux épreuves et aux persécutions. Leur témoignage nous encourage à être d’authentiques témoins de l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui, toujours confiants dans l’aide de Dieu qui nous soutient et nous guide. Prions pour que, à l’exemple des saints apôtres Pierre et Paul, nous soyons de fidèles et fervents disciples-missionnaires du Christ, instruments de paix et d’espérance, apportant l’Évangile à tous, avec joie et persévérance.
Catéchisme de l’Église catholique
153 Lorsque saint Pierre confesse que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant, Jésus lui déclare que cette révélation ne lui est pas venue “ de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux ” (Mt 16, 17 ; cf. Ga 1, 15 ; Mt 11, 25). La foi est un don de Dieu, une vertu surnaturelle infuse par Lui. “ Pour prêter cette foi, l’homme a besoin de la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi que des secours intérieurs du Saint-Esprit. Celui-ci touche le cœur et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne ‘à tous la douceur de consentir et de croire à la vérité’ ” (DV 5).
424 Mûs par la grâce de l’Esprit Saint et attirés par le Père nous croyons et nous confessons au sujet de Jésus : “ Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant ” (Mt 16, 16). C’est sur le roc de cette foi, confessée par S. Pierre, que le Christ a bâti son Église (cf. Mt 16, 18 ; S. Léon le Grand, serm. 4, 3 : PL 54, 151 ; 51, 1 : PL 54, 309B ; 62, 2 : PL 350C-351A ; 83, 3 : PL 54, 432A).
440 Jésus a accueilli la profession de foi de Pierre qui le reconnaissait comme le Messie en annonçant la passion prochaine du Fils de l’Homme (cf. Mt 16, 16-23). Il a dévoilé le contenu authentique de sa royauté messianique à la fois dans l’identité transcendante du Fils de l’Homme “ qui est descendu du ciel ” (Jn 3, 13 ; cf. Jn 6, 62 ; Dn 7, 13) et dans sa mission rédemptrice comme Serviteur souffrant : “ Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ” (Mt 20, 28 ; cf. Is 53, 10-12). C’est pourquoi le vrai sens de sa royauté n’est manifesté que du haut de la Croix (cf. Jn 19, 19-22 ; Lc 23, 39-43). C’est seulement après sa Résurrection que sa royauté messianique pourra être proclamée par Pierre devant le Peuple de Dieu : “ Que toute la maison d’Israël le sache avec certitude : Dieu l’a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez crucifié ” (Ac 2, 36).
442 Il n’en va pas de même pour Pierre quand il confesse Jésus comme “ le Christ, le Fils du Dieu vivant ” (Mt 16, 16) car celui-ci lui répond avec solennité : “ Cette révélation ne t’est pas venue de la chair et du sang mais de mon Père qui est dans les cieux ” (Mt 16, 17). Parallèlement Paul dira à propos de sa conversion sur le chemin de Damas : “ Quand Celui qui dès le sein maternel m’a mis à part et appelé par sa grâce daigna révéler en moi son Fils pour que je l’annonce parmi les païens… ” (Ga 1, 15-16). “ Aussitôt il se mit à prêcher Jésus dans les synagogues, proclamant qu’il est le Fils de Dieu ” (Ac 9, 20). Ce sera dès le début (cf. 1 Th 1, 10) le centre de la foi apostolique (cf. Jn 20, 31) professée d’abord par Pierre comme fondement de l’Église (cf. Mt 16, 18).
601 Ce dessein divin de salut par la mise à mort du “ Serviteur, le Juste ” (Is 53, 11 ; cf. Ac 3, 14) avait été annoncé par avance dans l’Écriture comme un mystère de rédemption universelle, c’est-à-dire de rachat qui libère les hommes de l’esclavage du péché (cf. Is 53, 11-12 ; Jn 8, 34-36). S. Paul professe, dans une confession de foi qu’il dit avoir “ reçue ” (1 Co 15, 3) que “ le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures ” (ibidem ; cf. aussi Ac 3, 18 ; 7, 52 ; 13, 29 ; 26, 22-23). La mort rédemptrice de Jésus accomplit en particulier la prophétie du Serviteur souffrant (cf. Is 53, 7-8 et Ac 8, 32-35). Jésus lui-même a présenté le sens de sa vie et de sa mort à la lumière du Serviteur souffrant (cf. Mt 20, 28). Après sa Résurrection, il a donné cette interprétation des Écritures aux disciples d’Emmaüs (cf. Lc 24, 25-27), puis aux apôtres eux-mêmes (cf. Lc 24, 44-45).
639 Le mystère de la résurrection du Christ est un événement réel qui a eu des manifestations historiquement constatées comme l’atteste le Nouveau Testament. Déjà S. Paul peut écrire aux Corinthiens vers l’an 56 : “ Je vous ai donc transmis ce que j’avais moi-même reçu, à savoir que le Christ est mort pour nos péchés selon les Écritures, qu’il a été mis au tombeau, qu’il est ressuscité le troisième jour selon les Écritures, qu’il est apparu à Céphas, puis aux Douze ” (1 Co 15, 3-4). L’apôtre parle ici de la vivante tradition de la Résurrection qu’il avait apprise après sa conversion aux portes de Damas (cf. Ac 9, 3-18).
642 Tout ce qui est arrivé dans ces journées Pascales engage chacun des apôtres – et Pierre tout particulièrement – dans la construction de l’ère nouvelle qui a débuté au matin de Pâques. Comme témoins du Ressuscité ils demeurent les pierres de fondation de son Église. La foi de la première communauté des croyants est fondée sur le témoignage d’hommes concrets, connus des chrétiens et, pour la plupart, vivant encore parmi eux. Ces “ témoins de la Résurrection du Christ ” (cf. Ac 1, 22) sont avant tout Pierre et les Douze, mais pas seulement eux : Paul parle clairement de plus de cinq cents personnes auxquelles Jésus est apparu en une seule fois, en plus de Jacques et de tous les apôtres (cf. 1 Co 15, 4-8).
881 Le Seigneur a fait du seul Simon, auquel Il donna le nom de Pierre, la pierre de son Église. Il lui en a remis les clefs (cf. Mt 16, 18-19) ; Il l’a institué pasteur de tout le troupeau (cf. Jn 21, 15-17). “ Mais cette charge de lier et de délier qui a été donnée à Pierre a été aussi donnée, sans aucun doute, au collège des apôtres unis à leur chef ” (LG 22). Cette charge pastorale de Pierre et des autres apôtres appartient aux fondements de l’Église. Elle est continuée par les évêques sous la primauté du Pape.
436 Christ vient de la traduction grecque du terme hébreu “ Messie ” qui veut dire “ oint ”. Il ne devient le nom propre de Jésus que parce que celui-ci accomplit parfaitement la mission divine qu’il signifie. En effet en Israël étaient oints au nom de Dieu ceux qui lui étaient consacrés pour une mission venant de lui. C’était le cas des rois (cf. 1 S 9, 16 ; 10, 1 ; 16, 1. 12-13 ; 1 R 1, 39), des prêtres (cf. Ex 29, 7 ; Lv 8, 12) et, en de rares cas, des prophètes (cf. 1 R 19, 16). Ce devait être par excellence le cas du Messie que Dieu enverrait pour instaurer définitivement son Royaume (cf. Ps 2, 2 ; Ac 4, 26-27). Le Messie devait être oint par l’Esprit du Seigneur (cf. Is 11, 2) à la fois comme roi et prêtre (cf. Za 4, 14 ; 6, 13) mais aussi comme prophète (cf. Is 61, 1 ; Lc 4, 16-21). Jésus a accompli l’espérance messianique d’Israël dans sa triple fonction de prêtre, de prophète et de roi.
438 La consécration messianique de Jésus manifeste sa mission divine. “ C’est d’ailleurs ce qu’indique son nom lui-même, car dans le nom de Christ est sous-entendu Celui qui a oint, Celui qui a été oint et l’Onction même dont il a été oint : Celui qui a oint, c’est le Père, Celui qui a été oint, c’est le Fils, et il l’a été dans l’Esprit qui est l’Onction ” (S. Irénée, hær. 3, 18, 3). Sa consécration messianique éternelle s’est révélée dans le temps de sa vie terrestre lors de son baptême par Jean quand “ Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance ” (Ac 10, 38) “ pour qu’il fût manifesté à Israël ” (Jn 1, 31) comme son Messie. Ses œuvres et ses paroles le feront connaître comme “ le saint de Dieu ” (Mc 1, 24 ; Jn 6, 69 ; Ac 3, 14).
441 Fils de Dieu, dans l’Ancien Testament, est un titre donné aux anges (cf. Dt 32, 8 ; Jb 1, 6), au peuple de l’Élection (cf. Ex 4, 22 ; Os 11, 1 ; Jr 3, 19 ; Si 36, 11 ; Sg 18, 13), aux enfants d’Israël (cf. Dt 14, 1 ; Os 2, 1) et à leurs rois (cf. 2 S 7, 14 ; Ps 82, 6). Il signifie alors une filiation adoptive qui établit entre Dieu et sa créature des relations d’une intimité particulière. Quand le Roi-Messie promis est dit “ fils de Dieu ” (cf. 1 Ch 17, 13 ; Ps 2, 7), cela n’implique pas nécessairement, selon le sens littéral de ces textes, qu’il soit plus qu’humain. Ceux qui ont désigné ainsi Jésus en tant que Messie d’Israël (cf. Mt 27, 54) n’ont peut-être pas voulu dire davantage (cf. Lc 23, 47).
442 Il n’en va pas de même pour Pierre quand il confesse Jésus comme “ le Christ, le Fils du Dieu vivant ” (Mt 16, 16) car celui-ci lui répond avec solennité : “ Cette révélation ne t’est pas venue de la chair et du sang mais de mon Père qui est dans les cieux ” (Mt 16, 17). Parallèlement Paul dira à propos de sa conversion sur le chemin de Damas : “ Quand Celui qui dès le sein maternel m’a mis à part et appelé par sa grâce daigna révéler en moi son Fils pour que je l’annonce parmi les païens… ” (Ga 1, 15-16). “ Aussitôt il se mit à prêcher Jésus dans les synagogues, proclamant qu’il est le Fils de Dieu ” (Ac 9, 20). Ce sera dès le début (cf. 1 Th 1, 10) le centre de la foi apostolique (cf. Jn 20, 31) professée d’abord par Pierre comme fondement de l’Église (cf. Mt 16, 18).
443 Si Pierre a pu reconnaître le caractère transcendant de la filiation divine de Jésus Messie, c’est que celui-ci l’a nettement laissé entendre. Devant le Sanhédrin, à la demande de ses accusateurs : “ Tu es donc le Fils de Dieu ”, Jésus a répondu : “ Vous le dites bien, je le suis ” (Lc 22, 70 ; cf. Mt 26, 64 ; Mc 14, 61). Bien avant déjà, Il s’est désigné comme “ le Fils ” qui connaît le Père (cf. Mt 11, 27 ; 21, 37-38), qui est distinct des “ serviteurs ” que Dieu a auparavant envoyés à son peuple (cf. Mt 21, 34-36), supérieur aux anges eux-mêmes (cf. Mt 24, 36). Il a distingué sa filiation de celle de ses disciples en ne disant jamais “ notre Père ” (cf. Mt 5, 48 ; 6, 8 ; 7, 21 ; Lc 11, 13) sauf pour leur ordonner “ vous donc priez ainsi : Notre Père ” (Mt 6, 9) ; et il a souligné cette distinction : “ Mon Père et votre Père ” (Jn 20, 17).
751 Le mot “ Église ” [ekklèsia, du grec ek-kalein, “ appeler hors ”] signifie “ convocation ”. Il désigne des assemblées du peuple (cf. Ac 19, 39), en général de caractère religieux. C’est le terme fréquemment utilisé dans l’Ancien Testament grec pour l’assemblée du peuple élu devant Dieu, surtout pour l’assemblée du Sinaï où Israël reçut la Loi et fut constitué par Dieu comme son peuple saint (cf. Ex 19). En s’appelant “ Église ”, la première communauté de ceux qui croyaient au Christ se reconnaît héritière de cette assemblée. En elle, Dieu “ convoque ” son Peuple de tous les confins de la terre. Le terme Kyriakè dont sont dérivés church, Kirche, signifie “ celle qui appartient au Seigneur ”.
752 Dans le langage chrétien, le mot “ Église ” désigne l’assemblée liturgique (cf. 1 Co 11, 18 ; 14, 19. 28. 34. 35), mais aussi la communauté locale (cf. 1 Co 1, 2 ; 16, 1) ou toute la communauté universelle des croyants (cf. 1 Co 15, 9 ; Ga 1, 13 ; Ph 3, 6). Ces trois significations sont en fait inséparables. “ L’Église ”, c’est le Peuple que Dieu rassemble dans le monde entier. Elle existe dans les communautés locales et se réalise comme assemblée liturgique, surtout eucharistique. Elle vit de la Parole et du Corps du Christ et devient ainsi elle-même Corps du Christ.
763 Il appartient au Fils de réaliser, dans la plénitude des temps, le plan de salut de son Père ; c’est là le motif de sa “ mission ” (cf. LG 3 ; AG 3). “ Le Seigneur Jésus posa le commencement de son Église en prêchant l’heureuse nouvelle, l’avènement du Règne de Dieu promis dans les Écritures depuis des siècles ” (LG 5). Pour accomplir la volonté du Père, le Christ inaugura le Royaume des cieux sur la Terre. L’Église “ est le Règne du Christ déjà mystérieusement présent ” (LG 3).
(Photo: Pexels.com / Igor Starkov)
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