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27ème dimanche du temps ordinaire (Année C)

Trois leçons pour augmenter la foi
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

27ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE C)

Ha 1,2-3;2,2-4; Ps 94; 2Tm 1,6-8.13-14; Lc 17,5-10

Aujourd’hui, ne fermez pas votre cœur, mais écoutez la voix du Seigneur !

Trois leçons pour augmenter la foi

Les paroles de Jésus aujourd’hui ressemblent à une série d’enseignements sur des thèmes peu liés les uns aux autres. Cependant, en lisant l’Évangile avec les lectures bibliques qui le précèdent, ces paroles du Seigneur se révèlent comme des indications précieuses pour la vie de foi de chacun de ses disciples. On peut en tirer au moins trois suggestions pratiques comme réponse à la demande légitime des apôtres, dont la voix exprime le désir profond de tout croyant conscient de sa propre faiblesse et incapacité : « Augmente en nous la foi ! ». Ce thème de la foi est significatif en ce tout début de ce mois d’octobre missionnaire au cours duquel nous prions et rappelons de manière particulière la vocation de chaque baptisé dans sa mission de partager la foi chrétienne avec les autres.

  1. Première leçon : reconnaître l’état imparfait de sa foi

La demande susmentionnée des apôtres dans l’Évangile est à la fois compréhensible et louable. Elle démontre, d’une part, la conscience d’une foi encore faible, et, d’autre part, l’humilité et la bonne volonté à implorer l’aide du Seigneur. Reconnaître l’état imparfait de sa foi et prier Dieu de la faire grandir constamment est déjà le début de la croissance dans la foi. À cet égard, il convient de rappeler que, comme nous l’enseigne le Catéchisme de l’Église catholique, « La foi est une adhésion personnelle de l’homme tout entier à Dieu qui se révèle. Elle comporte une adhésion de l’intelligence et de la volonté à la Révélation que Dieu a faite de lui-même par ses actions et ses paroles » (n. 176). Une telle foi qu’il est « un acte humain, conscient et libre », c’est aussi et surtout « un don surnaturel de Dieu » ; donc «pour croire, l’homme a besoin des secours intérieurs du Saint-Esprit » (n.179-180). Ainsi l’aide divine sera nécessaire pour la croissance de la foi.

Cependant, la réponse de Jésus dans l’Évangile semble étrange, complètement déplacée, ou du moins insatisfaisante. Il ne répond pas oui ou non à la demande, il n’explique pas comment il va faire pour augmenter la foi des disciples. Cela illustre simplement ce qu’une foi de la taille d’une graine de moutarde qui est la plus petite parmi toutes les graines pourrait faire ! C’est en fait un message indirect à la demande des apôtres. Cet effet de « grande » foi devient alors la mesure de chaque foi que nous avons. La foi authentique fait des merveilles, comme l’exprime de manière parabolique Jésus : « Si vous aviez de la foi, gros comme une graine de moutarde, vous auriez dit à l’arbre que voici : “Déracine-toi et va te planter dans la mer”, et il vous aurait obéi ».

Pour utiliser un jeu de mots, la foi avec laquelle l’homme adhère à Dieu dans l’obéissance à sa révélation et à son appel, possède la force de faire obéir d’autres réalités comme « ce mûrier » et d’accomplir des actes extraordinaires. A tel point que l’auteur de la Lettre aux Hébreux remarquait les actions extraordinaires des hommes/femmes de Dieu dans l’histoire d’Israël : « Par leur foi, ils ont conquis des royaumes, pratiqué la justice, obtenu la réalisation de certaines promesses. Ils ont fermé la gueule des lions, éteint la flamme des brasiers, échappé au tranchant de l’épée, retrouvé leurs forces après la maladie, montré du courage à la guerre, mis en fuite des armées étrangères » (Héb 11,33-34). En un mot, comme nous le rappelle le prophète Habacucq dans la première lecture, « le juste vivra par sa fidélité » (Ha 2,4), même au milieu des situations de mort.

L’exemple de Jésus ne doit évidemment pas être interprété littéralement. Il semble servir à souligner un idéal inatteignable, afin de mettre en situation de crise (« saluer ») chaque croyant : si vous n’avez pas encore la foi pour déplacer l’arbre ou la montagne, alors reconnaissez que votre foi est faible et demandez toujours avec humilité sa croissance. À cet égard, la prière du père d’un garçon épileptique à Jésus sera un modèle parfait pour chaque croyant : « Je crois [Seigneur] ! Viens au secours de mon manque de foi ! » (Mc 9,24).

  1. Deuxième leçon : l’humble fidélité dans l’accomplissement des devoirs

Après un bref enseignement sur la foi, Jésus propose une parabole qui change apparemment de thème. Nous parlons de l’attitude humble que chaque disciple doit avoir après avoir rempli les devoirs assignés : « Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir » (Lc 17,10). Ici, nous pouvons entrevoir une autre suggestion pour la croissance de la foi qui, dans le sens originel hébreu et grec du terme, implique également la fidélité. Accomplir fidèlement et humblement les devoirs que Dieu confie à chacun joue un rôle important dans le cheminement de la foi. Elle aide à persévérer dans la foi et à affronter les différentes crises de la vocation et de la vie chrétiennes.

D’autre part, il faut rappeler ici la promesse de la récompense que le Seigneur a annoncée pour les serviteurs qui savent être vigilants dans l’attente du retour de leur maître : « Heureux ces serviteurs-là que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : c’est lui qui, la ceinture autour des reins, les fera prendre place à table et passera pour les servir » (Lc 12,37). Cette vigilance et cette promptitude sont propres à vivre la foi et la fidélité dans l’accomplissement des devoirs qui nous sont confiés. Et le Seigneur, contrairement aux autres seigneurs terrestres, l’appréciera certainement et récompensera généreusement ses fidèles.

  1. Troisième leçon : témoigner et partager la foi – la mission de la foi

La seconde lecture de la messe complète les enseignements sur la foi en ce dimanche. Saint Paul exhorte Timothée, son disciple, à avoir le courage de témoigner de la foi au Christ en vertu de l’esprit reçu non de timidité, mais « de force, de charité et de prudence » : « N’aie donc pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur » (2Tm 1,8). Ce témoignage du Seigneur est précisément un partage joyeux et sincère de la foi chrétienne et cela contribue certainement à faire grandir la foi de ceux qui la partagent avec les autres.

En effet, saint Jean-Paul II souligne au début de l’Encyclique Redemptoris Missio : « La foi s’affermit lorsqu’on la donne ! » (n. 2). Le Catéchisme de l’Église explique en détail le caractère « missionnaire » de la foi chrétienne :

« La foi est un acte personnel : la réponse libre de l’homme à l’initiative de Dieu qui se révèle. Mais la foi n’est pas un acte isolé. Nul ne peut croire seul, comme nul ne peut vivre seul. Nul ne s’est donné la foi à lui-même comme nul ne s’est donné la vie à lui-même. Le croyant a reçu la foi d’autrui, il doit la transmettre à autrui. Notre amour pour Jésus et pour les hommes nous pousse à parler à autrui de notre foi. Chaque croyant est ainsi comme un maillon dans la grande chaîne des croyants. Je ne peux croire sans être porté par la foi des autres, et par ma foi, je contribue à porter la foi des autres » (nr. 166).

Terminons notre réflexion par une prière de saint François d’Assise au début de sa conversion, également pour célébrer sa fête le 4 octobre. Prions ensemble avec le Saint pour le don de la « foi juste » que Dieu donne, qui éclaire les cœurs et nous fait toujours grandir à son service :

Dieu très haut et glorieux,
viens éclairer les ténèbres de mon coeur ;

donne-moi une foi droite,
une espérance solide
et une parfaite charité ;

donne-moi de sentir et de connaître,
afin que je puisse l’accomplir,
ta volonté sainte qui ne saurait m’égarer. Amen.

Jean-Paul II, Lettre encyclique sur la valeur permanente du précepte missionnaire, Redemptoris Missio

  1. Vingt-cinq ans après la conclusion du Concile et la publication du décret Ad gentes sur l’activité missionnaire, quinze ans après l’exhortation apostolique Evangelii nuntiandi du Pape Paul VI, je voudrais inviter l’Eglise à renouveler son engagement missionnaire, poursuivant ainsi l’enseignement de mes prédécesseurs à ce sujet. Le présent document a un objectif d’ordre interne : le renouveau de la foi et de la vie chrétienne. En effet, la mission renouvelle l’Eglise, renforce la foi et l’identité chrétienne, donne un regain d’enthousiasme et des motivations nouvelles. La foi s’affermit lorsqu’on la donne! La nouvelle évangélisation des peuples chrétiens trouvera inspiration et soutien dans l’engagement pour la mission universelle.

Mais ce qui me pousse plus encore à proclamer l’urgence de l’évangélisation missionnaire, c’est qu’elle constitue le premier service que l’Eglise peut rendre à tout homme et à l’humanité entière dans le monde actuel, lequel connaît des conquêtes admirables mais semble avoir perdu le sens des réalités ultimes et de son existence même. «Le Christ Rédempteur — ai-je écrit dans ma première encyclique — révèle pleinement l’homme à lui-même….] L’homme qui veut se comprendre lui-même jusqu’au fond…] doit …] s’approcher du Christ. …] La Rédemption réalisée au moyen de la Croix a définitivement redonné à l’homme sa dignité et le sens de son existence dans le monde».

Catéchisme de l’Église Catholique

Croire en Dieu seul

150 La foi est d’abord une adhésion personnelle de l’homme à Dieu ; elle est en même temps, et inséparablement, l’assentiment libre à toute la vérité que Dieu a révélé. En tant qu’adhésion personnelle à Dieu et assentiment à la vérité qu’il a révélé, la foi chrétienne diffère de la foi en une personne humaine. Il est juste et bon de se confier totalement en Dieu et de croire absolument ce qu’Il dit. Il serait vain et faux de mettre une telle foi en une créature (cf. Jr 17, 5-6 ; Ps 40, 5 ; 146, 3-4).

Croire en Jésus-Christ, le Fils de Dieu

151 Pour le chrétien, croire en Dieu, c’est inséparablement croire en Celui qu’Il a envoyé,  » son Fils bien-aimé  » en qui Il a mis toute sa complaisance (cf. Mc 1, 11) ; Dieu nous a dit de L’écouter (cf. Mc 9, 7). Le Seigneur Lui-même dit à ses disciples :  » Croyez en Dieu, croyez aussi en moi  » (Jn 14, 1). Nous pouvons croire en Jésus-Christ parce qu’Il est Lui-même Dieu, le Verbe fait chair :  » Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, Lui, L’a fait connaître  » (Jn 1, 18). Parce qu’il  » a vu le Père  » (Jn 6, 46), Il est seul à Le connaître et à pouvoir Le révéler (cf. Mt 11, 27).

Croire en l’Esprit Saint

152 On ne peut pas croire en Jésus-Christ sans avoir part à son Esprit. C’est l’Esprit Saint qui révèle aux hommes qui est Jésus. Car  » nul ne peut dire : ‘Jésus est Seigneur’, que sous l’action de l’Esprit Saint  » (1 Co 12, 3).  » L’Esprit sonde tout, jusqu’aux profondeurs de Dieu (…) Nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de Dieu  » (1 Co 2, 10-11). Dieu seul connaît Dieu tout entier. Nous croyons en l’Esprit Saint parce qu’il est Dieu.

178 Nous ne devons croire en nul autre que Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.

179 La foi est un don surnaturel de Dieu. Pour croire, l’homme a besoin des secours intérieurs du Saint-Esprit.

 

 

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