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Lumière du monde

Lumière du monde
3e dimanche du temps ordinaire (Année A)
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

3ÉME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE A)

DIMANCHE DE LA PAROLE DE DIEU

Is 8,23b-9,3; Ps 26; 1Co 1,10-13.17; Mt 4,12-23

Le Seigneur est ma lumière et mon salut

Lumière du monde

La Parole de Dieu dans la liturgie d’aujourd’hui nous invite à contempler le début des activités publiques de Jésus, comme le raconte saint Matthieu. À partir de l’emphase de l’évangéliste, nous pouvons déceler et mieux comprendre certaines caractéristiques fondamentales de la mission du Christ et, par conséquent, de tous ses disciples. Cette étude est très significative et plus qu’appropriée dans le contexte actuel du dimanche de la Parole et de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens que nous célébrons ces jours-ci.

  1. « Depuis les commencements en Galilée »

C’est un fait historique que Jésus a commencé ses activités publiques depuis la Galilée, la région nord de la terre d’Israël.Ceci est souligné dans diverses sources et, de manière concise et emblématique, Saint Pierre l’Apôtre l’annonce ainsi dans un de ses discours dans les Actes des Apôtres : « Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les commencements en Galilée, après le baptême proclamé par Jean : Jésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous » (Ac 10,37-38).

Partant de ce constat, saint Matthieu  a voulu souligner davantage qu’il s’agit ici de la double nature de cette Galilée à partir de laquelle Jésus a commencé sa mission publique. D’une part, c’est « territoires de Zabulon et de Nephtali », c’est-à-dire le territoire qui a été légué à ces deux tribus d’Israël (après être entré dans la Terre Promise). D’autre part, on l’appelle aussi « Galilée des nations », c’est la Galilée des peuples païens, car après la chute du Royaume du Nord d’Israël (721/722 av. J.-C.), les peuples non israélites sont allés s’y installer et peu à peu ont peuplé cette région. Cette « double » identité de Galilée est mentionnée dans l’écrit du prophète Isaïe (première lecture), et elle est précisément reprise par l’évangéliste Matthieu pour souligner l’accomplissement de l’Ecriture pour le début de la mission de Jésus.

La Galilée du temps de Jésus est donc celle des Gentils et d’Israël ; il devient ainsi l’image du monde entier dans lequel vivaient ensemble Israélites et non-Israélites, juifs et païens. C’était le (micro)cosme dans lequel Jésus travaillait et accomplissait le plan de salut de Dieu pour toute l’humanité. C’est dans ce pays que Jésus, le Fils de Dieu a tout commencé, et c’est ainsi que tout est né « une grande lumière » de Dieu pour « le peuple qui habitait dans les ténèbres ». A tel point qu’il déclarera lui-même : « Moi, je suis la lumière du monde. Celui qui me suit ne marchera pas dans les ténèbres, il aura la lumière de la vie » (Jn 8,12). Il est la lumière qui éclaire et révèle, en paroles et en actes, le vrai visage du Dieu miséricordieux et compatissant qui aime et appelle chacun à connaître, c’est-à-dire à expérimenter, son amour pour jouir de la vie en abondance avec et en Dieu. Tout cela commence à partir de la Galilée d’Israël et des Gentils.

A cet égard, il est significatif que saint Matthieu, à la fin de son évangile, « ramènera » tout le monde, Jésus et ses disciples, à « en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre » (Mt 28,16). Il y aura la dernière apparition de Jésus ressuscité à ses disciples, avant l’Ascension, et là il leur laissera le grand commandement missionnaire : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples […].Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,19-20). Ainsi se referme le cercle de la mission de Jésus sur la terre : de Galilée à Galilée, et ainsi commence maintenant la mission de ses disciples, de tous, y compris les « dubitatifs » (cf. Mt 28, 17) : de Galilée au monde entier dont le symbole reste cette terre de Zabulon et Nephtali. En allant jusqu’aux extrémités de la Terre, les disciples missionnaires de Jésus resteront mystiquement dans sa Galilée, où il continuera à être avec eux dans leurs activités missionnaires « tous les jours jusqu’à la fin du monde ». Pour cette raison, ses disciples aussi auront la même mission et vocation d’être « lumière du monde », tout comme leur maître Jésus, la lumière de Dieu qui brille dans les ténèbres, dans la Galilée du monde.

  1. « Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait… proclamait… guérissait »

À la lumière du symbolisme de « Galilée », ce n’est pas un hasard si l’évangéliste Matthieu a ensuite voulu offrir une description sommaire des activités de Jésus : « Jésus parcourait toute la Galilée ; il enseignait… proclamait… guérissait ». L’accentuation de « toute la Galilée » semble vouloir souligner le caractère « universel » et « omniprésent » de la Mission, tandis que les quatre verbes résument les quatre actions fondamentales de Jésus, le missionnaire du Père par excellence.

Tout d’abord, « Jésus parcourait ». Et c’est la première caractéristique du missionnaire de Dieu, dans le sens de « la plus importante ». Il incorpore (ou soutient) les autres actions, en particulier cette triade paradigmatique : « enseignait… proclamait… guérissait ». La « marche » de Jésus reflète une vérité historique : le Jésus historique allait de village en village pour accomplir la mission que lui avait confiée le Père. Il a lui-même recommandé à ses disciples de faire comme lui, mais avec une précision importante : « Ne passez pas de maison en maison (Lc 10,7) » (de village en village oui, mais pas de maison en maison, peut-être pour éviter le tourisme religieux au lieu d’un voyage missionnaire!). Il convient de rappeler ici ce que Jésus dit aux premiers disciples de Capharnaüm, lorsqu’ils le cherchèrent tôt le matin, après une journée d’activité et le trouvèrent en prière solitaire dans un lieu désert hors de la ville :

« Allons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame l’Évangile ; car c’est pour cela que je suis sorti » [littéralement je suis sorti] (Mc 1,38). Jésus, le missionnaire de Dieu, sorti divinement du sein du Père, est désormais toujours « en marche » vers les villages de « toute la Galilée ».

En outre, dans sa mission, Jésus a réalisé trois actions concrètes qui incorporent toutes les autres. De plus, comme le souligne saint Matthieu dans le texte, l’universalité des destinataires/bénéficiaires de ces actions est indiquée : « il enseignait dans leurs synagogues » pour le juifs, « proclamait l’Évangile du Royaume » – implicite pour tous, mais particulièrement pour ceux qui n’ont pas fréquenté les synagogues, et « guérissait toute maladie et toute infirmité dans le peuple » – pour les deux (en effet, Jésus a opéré des guérisons à l’intérieur et à l’extérieur des synagogues!).

Nous pourrions parler indéfiniment de cette triade d’actions, mais il nous suffit de souligner qu’elles sont intrinsèquement liées les unes aux autres dans les activités missionnaires de Jésus ; elles vont ensemble et visent la libération et le salut intégral (corps, âme, esprit) que Dieu veut accomplir à travers Jésus, son messie, comme l’affirme saint Pierre Apôtre dans son discours cité plus haut : « Jésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui » (Ac 10,38).

Cette triade sera fondamentale à retenir et à réaliser pour tout missionnaire de Dieu à l’école de Jésus : enseigner, annoncer, guérir, dont le pivot était et est toujours l’annonce, traduisible aussi par prédication/proclamation, de la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. En effet, la toute première action et parole de Jésus que l’évangéliste mentionne est précisément celle-ci : « À partir de ce moment, Jésus commença à proclamer : “ Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche ”» (Mt 4,17).

  1. « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche ». Une conversion chrétienne continue, missionnaire et œcuménique pour le Royaume.

L’annonce de la venue du Royaume de Dieu (appelé ici « royaume des cieux » pour éviter, selon la voie juive, de mentionner directement Dieu) s’accompagne de l’invitation cordiale à la conversion pour accueillir cette nouvelle réalité donnée par Dieu en Jésus. En effet, la conversion, ou plutôt l’action de convertir ne se limite pas à un simple abandon des péchés pour retourner à Dieu ; selon l’étymologie du mot grec metanoeite « convertir ! », cela implique aussi et surtout de penser (noeite) au-delà (meta), de dépasser les schémas habituels de raisonnement, de croire à l’Évangile annoncé et réalisé par Jésus et d’embrasser le don du Royaume qui s’est rapproché de tous en Lui.

Il est curieux de constater que selon l’évangile de Matthieu (que nous entendons les dimanches de cette année liturgique A), cette invitation cordiale mais pressante à la conversion pour le Royaume n’a pas été annoncée pour la première fois par Jésus. Cela s’est réalisé sur les lèvres de Jean-Baptiste qui devient ainsi le précurseur de Jésus aussi dans l’annonce fondamentale du Royaume. La proclamation du Royaume prochain résonnera alors dans l’annonce des disciples de Jésus, envoyés par lui pour préparer sa venue, comme l’a recommandé leur Maître et Seigneur :

« Sur votre route, proclamez que le royaume des Cieux est tout proche » (Mt 10,7). Cela implique toujours une invitation à la conversion, c’est-à-dire à un changement d’esprit et de cœur pour accueillir le don du Royaume en Jésus, et cette exhortation est explicitée par saint Pierre à la fin de son premier sermon du jour de la Pentecôte : « Convertissez-vous, et que chacun de vous soit baptisé au nom de Jésus Christ…» (Ac 2,38).

Cette annonce-invitation restera toujours au cœur de la mission des disciples de Jésus, appelés à œuvrer en tout temps et en tout lieu pour la conversion de tous à Dieu, à commencer par eux-mêmes. Le bienheureux Paolo Manna, infatigable missionnaire en Birmanie et fondateur de l’Union pontificale missionnaire, proclamait donc à l’époque : « Toutes les Églises pour la conversion du monde entier », expression également citée par saint Jean-Paul II dans l’encyclique Redemptoris missio comme mots d’ordre pour la mission de l’Église aujourd’hui.

A cet égard, il faut encore souligner que l’appel à la conversion s’adresse aussi et surtout à tous les chrétiens, appelés à devenir de plus en plus ce qu’ils sont en vertu du baptême : « saints et immaculés dans l’amour », « lumière du monde », ou comme le souligne le pape François dans le dernier Message pour la Journée mondiale des missions : « des prophètes, des témoins, des missionnaires du Seigneur ! » Il s’agit de la conversion continue dans la vie de foi des disciples qui, en raison de la fragilité humaine, ne sont pas toujours à la hauteur de leur « sainteté » vocationnelle, comme cela s’est déjà produit pour les premiers chrétiens de Corinthe qui « méritaient » l’exhortation solennelle de saint Paul l’Apôtre: « Frères, je vous exhorte au nom de notre Seigneur Jésus Christ : ayez tous un même langage ; qu’il n’y ait pas de division entre vous, soyez en parfaite harmonie de pensées et d’opinions » (1Co 1,10). Il faut se rappeler que le Seigneur Jésus lui-même a prié le Père avec des paroles émouvantes, avant sa Passion, pour l’unité dans l’amour de ses futurs disciples : « Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un » (Jn 17,21.23).

Prions donc :

Ô Seigneur, fais-nous sentir ton cœur tout épris du royaume de Dieu ainsi que ton invitation cordiale à la conversion à ton Évangile de paix et d’amour. Aide-nous à vivre constamment cette conversion dans nos vies, afin que nous-mêmes, avec toi et en toi, devenions l’invitation vivante, en paroles et en actes, à la conversion au Royaume pour ceux qui ne te connaissent pas. Et dans notre mission d’être des témoins de toi et de ton Royaume, aide tes disciples à être toujours plus unis dans ton amour, en surmontant les divisions existantes dans nos Églises et nos communautés. Laisse ton visage briller sur nous, et nous serons sauvés et resplendissants de ta lumière pour le monde entier. Marie, mère du Christ et mère de ses disciples, priez pour nous! Amen!

Jean-Paul II, lettre encyclique sur l’engagement œcuménique, Ut unum sint

Renouveau et conversion

15. Passant des principes et du devoir impérieux pour la conscience chrétienne à la mise en œuvre de la marche œcuménique vers l’unité, le concile Vatican II met surtout en relief la nécessité de la conversion du cœur. L’annonce messianique « le temps est accompli et le royaume de Dieu est tout proche » et l’appel qui suit « convertissez-vous et croyez à l’Évangile » (Mc 1, 15), par lesquels Jésus inaugure sa mission, définissent l’élément essentiel qui doit caractériser tout nouveau commencement : le devoir fondamental de l’évangélisation, à toutes les étapes du chemin salvifique de l’Église. Cela concerne particulièrement le processus entrepris par le concile Vatican II, qui inscrivit dans le cadre du renouveau le devoir œcuménique d’unir les chrétiens divisés. « Il n’y a pas d’œcuménisme au sens authentique du terme sans conversion intérieure ».

Le Concile appelle à la conversion personnelle autant qu’à la conversion communautaire. L’aspiration de toute communauté chrétienne à l’unité va de pair avec sa fidélité à l’Évangile. Quand il s’agit de personnes qui vivent leur vocation chrétienne, le Concile parle de conversion intérieure, d’un renouveau de l’esprit.

Chacun doit donc se convertir plus radicalement à l’Évangile et, sans jamais perdre de vue le dessein de Dieu, il doit changer son regard. Par l’œcuménisme, la contemplation des « merveilles de Dieu » (mirabilia Dei) s’est portée sur des champs nouveaux, où Dieu Trinité suscite l’action de grâce : la perception que l’Esprit agit dans les autres communautés chrétiennes, la découverte d’exemples de sainteté, l’expérience des richesses illimitées de la communion des saints, la mise en relation avec des aspects insoupçonnés de l’engagement chrétien. Corrélativement, la nécessité de la pénitence a été aussi plus largement ressentie : on prend conscience de certaines exclusions qui blessent la charité fraternelle, de certains refus de pardonner, d’un certain orgueil, de l’enfermement dans la condamnation des « autres » de manière non évangélique, d’un mépris qui découle de présomptions malsaines. Toute la vie des chrétiens est ainsi marquée par la préoccupation œcuménique et ils sont appelés à se laisser comme former par elle.

23. Enfin, la communion de prière amène à porter un nouveau regard sur l’Église et sur le christianisme. On ne doit pas oublier, en effet, que le Seigneur a demandé au Père l’unité de ses disciples, afin qu’elle rende témoignage à sa mission et que le monde puisse croire que le Père l’avait envoyé (cf. Jn 17, 21). On peut dire que le mouvement œcuménique s’est mis en marche, en un sens, à partir de l’expérience négative de ceux qui, annonçant l’unique Évangile, se réclamaient chacun de sa propre Église ou de sa communauté ecclésiale ; une telle contradiction ne pouvait pas échapper à ceux qui écoutaient le message de salut et qui trouvaient là un obstacle à l’accueil de l’annonce évangélique. Cette grave difficulté n’est malheureusement pas surmontée. Il est vrai que nous ne sommes pas en pleine communion. Et pourtant, malgré nos divisions, nous sommes en train de parcourir la route de la pleine unité, de l’unité qui caractérisait l’Église apostolique à ses débuts, et que nous recherchons sincèrement : guidée par la foi, notre prière commune en est la preuve. Dans la prière, nous nous réunissons au nom du Christ qui est Un. Il est notre unité.

Pleine unité et évangélisation

98. Le mouvement œcuménique de notre siècle, plus que les tentatives des siècles passés dont il ne faut pas pour autant sous-évaluer l’importance, a été marqué par une perspective missionnaire. Dans le verset johannique qui lui donne son inspiration et sa devise d’action — « qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21) —, on a souligné pour que le monde croie avec beaucoup de force, au point de courir le risque d’oublier parfois que, dans la pensée de l’Évangéliste, l’unité est surtout pour la gloire du Père. De toute manière, il est évident que la division des chrétiens est en contradiction avec la vérité qu’ils ont la mission de répandre, et qu’elle altère gravement leur témoignage. Mon prédécesseur, le pape Paul VI, l’avait bien compris, lorsqu’il écrivait dans son exhortation apostolique Evangelii nuntiandi: « Évangélisateurs, nous devons offrir aux fidèles du Christ, non pas l’image d’hommes divisés et séparés par des litiges qui n’édifient point, mais celle de personnes mûries dans la foi, capables de se rencontrer au-delà des tensions réelles grâce à la recherche commune, sincère et désintéressée de la vérité. Oui, le sort de l’évangélisation est certainement lié au témoignage d’unité donné par l’Église. Sur ce point, nous voudrions insister sur le signe de l’unité entre tous les chrétiens comme voie et instrument d’évangélisation. La division des chrétiens est un grave état de fait qui parvient à entacher l’œuvre même du Christ ».

En effet, comment annoncer l’Évangile de la réconciliation sans s’engager en même temps à travailler pour la réconciliation des chrétiens ? S’il est vrai que l’Église, sous l’impulsion de l’Esprit Saint et avec la promesse de son indéfectibilité, a prêché et prêche l’Évangile à toutes les nations, il est vrai également qu’elle doit faire face aux difficultés qui découlent des divisions. Mis en présence de missionnaires en désaccord entre eux, même s’ils se réclament tous du Christ, les noncroyants sauront-ils accueillir le message authentique ? Ne penseront-ils pas que l’Évangile est un facteur de division, même s’il est présenté comme la loi fondamentale de la charité ?

Pape François, exhortation apostolique sur l’annonce de l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui, Evangelii gaudium

 Le dialogue œcuménique

244. L’engagement œcuménique répond à la prière du Seigneur Jésus qui demande « que tous soient un » (Jn 17,21). La crédibilité de l’annonce chrétienne serait beaucoup plus grande si les chrétiens dépassaient leurs divisions et si l’Église réalisait « la plénitude de catholicité qui lui est propre en ceux de ses fils qui, certes, lui appartiennent par le baptême, mais se trouvent séparés de sa pleine communion ». Nous devons toujours nous rappeler que nous sommes pèlerins, et que nous pérégrinons ensemble. Pour cela il faut confier son cœur au compagnon de route sans méfiance, sans méfiance, et viser avant tout ce que nous cherchons : la paix dans le visage de l’unique Dieu. Se confier à l’autre est quelque chose d’artisanal ; la paix est artisanale. Jésus nous a dit : « Heureux les artisans de paix ! » (Mt 5, 9). Dans cet engagement, s’accomplit aussi entre nous l’ancienne prophétie : « De leurs épées ils forgeront des socs » (Is 2, 4). […]

246. Étant donné la gravité du contre témoignage de la division entre chrétiens, particulièrement en Asie et en Afrique, la recherche de chemins d’unité devient urgente. Les missionnaires sur ces continents répètent sans cesse les critiques, les plaintes et les moqueries qu’ils reçoivent à cause du scandale des chrétiens divisés. Si nous nous concentrons sur les convictions qui nous unissent et rappelons le principe de la hiérarchie des vérités, nous pourrons marcher résolument vers des expressions communes de l’annonce, du service et du témoignage. La multitude immense qui n’a pas reçu l’annonce de Jésus Christ ne peut nous laisser indifférents. Néanmoins, l’engagement pour l’unité qui facilite l’accueil de Jésus Christ ne peut être pure diplomatie, ni un accomplissement forcé, pour se transformer en un chemin incontournable d’évangélisation. Les signes de division entre les chrétiens dans des pays qui sont brisés par la violence, ajoutent d’autres motifs de conflit de la part de ceux qui devraient être un actif ferment de paix. Elles sont tellement nombreuses et tellement précieuses, les réalités qui nous unissent ! Et si vraiment nous croyons en la libre et généreuse action de l’Esprit, nous pouvons apprendre tant de choses les uns des autres ! Il ne s’agit pas seulement de recevoir des informations sur les autres afin de mieux les connaître, mais de recueillir ce que l’Esprit a semé en eux comme don aussi pour nous. Simplement, pour donner un exemple, dans le dialogue avec les frères orthodoxes, nous les catholiques, nous avons la possibilité d’apprendre quelque chose de plus sur le sens de la collégialité épiscopale et sur l’expérience de la synodalité. À travers un échange de dons, l’Esprit peut nous conduire toujours plus à la vérité et au bien.

Jean-Paul II, lettre encyclique sur la valeur permanente du précepte missionnaire, Redemptoris missio

1. La mission du Christ Rédempteur, confiée à l’Église, est encore bien loin de son achèvement. Au terme du deuxième millénaire après sa venue, un regard d’ensemble porté sur l’humanité montre que cette mission en est encore à ses débuts et que nous devons nous engager de toutes nos forces à son service. C’est l’Esprit qui pousse à annoncer les grandes œuvres de Dieu : «Annoncer l’Évangile, en effet, n’est pas pour moi un titre de gloire ; c’est une nécessité qui m’incombe. Oui, malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile !» (1 Co 9, 16).

Je ressens impérieusement le devoir de répéter ce cri de saint Paul, au nom de toute l’Église. Dès le début de mon pontificat, j’ai choisi de voyager jusqu’aux extrémités de la Terre pour manifester ce zèle missionnaire ; et, précisément, le contact direct avec les peuples qui ignorent le Christ m’a convaincu davantage encore de l’urgence de l’activité missionnaire à laquelle je consacre la présente encyclique.

Le deuxième concile du Vatican a voulu renouveler la vie et l’activité de l’Église en fonction des besoins du monde contemporain ; il en a souligné le caractère missionnaire en le fondant de manière dynamique sur la mission trinitaire elle-même. L’élan missionnaire appartient donc à la nature intime de la vie chrétienne et il inspire aussi l’œcuménisme : « Que tous soient un… afin que le monde croie que tu m’as envoyé » (Jn 17, 21).

 

(Photo: pexels.com / drmakete lab)

 

 

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