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Annoncer le Dieu unique Maître, avec le Christ unique « Guide »

Annoncer le Dieu unique Maître, avec le Christ unique « Guide »
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

31ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE A)

Ml 1, 14b – 2, 2b.8-10 ; Ps 130 ; 1 Th 2, 7b-9.13 ; Mt 23, 1-12

Annoncer le Dieu unique Maître, avec le Christ unique « Guide »

Après le Mois missionnaire, en reprenant le chemin de la réflexion sur l’évangile de chaque dimanche, nous avons aujourd’hui un passage évangélique qui demande un approfondissement particulier. Il s’agit de l’enseignement de Jésus qui, à partir d’une critique du comportement des maîtres juifs de l’époque et d’une recommandation « étrange » de n’appeler personne « père » sur la Terre, va au-delà d’une simple leçon de morale ou de relations interpersonnelles. Il s’agit d’une déclaration de l’avènement du temps messianique, ce temps final où Dieu instruit directement son peuple, comme l’ont déjà annoncé les prophètes.

  1. Le sens véritable de la recommandation de n’appeler personne « père » sur Terre

Lorsque Jésus a recommandé de n’appeler personne « père » sur Terre, il n’a pas voulu imposer une interdiction absolue d’utiliser ce mot dans la manière dont nous nous adressons à des personnes qui le sont, comme les pères biologiques ou même spirituels. À tel point que les premiers chrétiens ont continué à utiliser le terme « père » dans leur discours. La recommandation de Jésus semble plutôt souligner la nature de Dieu en tant que Père, créateur de tout et source de toute autre paternité terrestre. En d’autres termes, l’un peut appeler l’autre « père » s’il le souhaite, mais n’oubliez pas que Dieu seul est le Père par excellence dont nous dépendons tous, y compris nos « pères » ! Cette attitude à l’égard de Dieu en tant qu’unique Père nous aide à mettre en ordre notre relation humaine avec nos pères terrestres par rapport à notre relation avec Dieu. Il est aussi le Père des pères et sera donc naturellement le maître au-dessus de tous les maîtres terrestres.

  1. Un seul est votre maître – le Père céleste

Comme le montre la structure parallèle des phrases, la déclaration de Jésus sur l’unique maître va de pair avec la déclaration sur Dieu en tant qu’unique Père de tous. L’identification de Dieu en tant qu’unique maître et père devient très claire. Ici, plutôt qu’une déclaration, on peut entrevoir l’annonce que Jésus semble vouloir faire de la venue du temps final de la nouvelle alliance que le prophète Jérémie avait prédite :

« Voici venir des jours – oracle du Seigneur –, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle. […] Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple.

« Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère en disant : « Apprends à connaître le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands – oracle du Seigneur. Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés. » (Jér 31,31.33-34)

Cette prophétie de l’instruction directe de Dieu au peuple à la fin des temps trouve un nouvel écho dans les paroles du prophète Isaïe : « Ils seront tous instruits par Dieu lui-même » (Jn 6,45 ; cf. Is 54,13). Il s’agit donc de la vision commune d’une caractéristique fondamentale de la fin des temps, à la réalisation de laquelle Jésus fait maintenant allusion par son enseignement. Désormais, il n’y a plus de maître que Dieu seul.

  1. « Vous n’avez qu’un seul maître, le Christ »

Dans cette perspective où Dieu est le seul maître, l’affirmation selon laquelle le Christ est le seul « maître », ou bien « guide » dans l’original grec, souligne le rôle particulier de Jésus en tant que messie, c’est-à-dire le Christ, de Dieu. Il remplit désormais la fonction de guide à l’école de Dieu le Père. Jésus devient le « guide » exclusif de tous vers le Père, comme Moïse l’était autrefois. Ainsi, l’action de Dieu en tant qu’unique Maître, à la fin des temps, est intrinsèquement liée à la personne de Jésus-Christ en tant qu’unique chemin vers le Père, comme le souligne la déclaration de Jésus lui-même dans l’évangile de Jean : « Personne ne va vers le Père sans passer par moi »  (Jn 14,6).

Ainsi, dans l’évangile d’aujourd’hui, nous pouvons également entrevoir une sorte de profession de foi des premiers chrétiens, qui semble trouver un nouvel écho dans la déclaration de l’apôtre Paul : « Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous » (Eph 4,5-6). Prions donc pour que nous puissions encore transmettre à tous cette foi des premiers chrétiens, proclamant Dieu comme notre seul Maître-Père et le Christ comme notre seul Guide.

Benoit XVI, Angélus, 30 octobre 2011

Dans le passage d’aujourd’hui, il récrimine les scribes et les pharisiens, qui avaient dans la communauté un rôle de maîtres, parce que leur conduite était ouvertement en opposition avec l’enseignement qu’ils proposaient aux autres avec rigueur. Jésus souligne qu’ils « disent et ne font pas » (Mt23, 3) ; au contraire, « ils lient de pesants fardeaux et les imposent aux épaules des gens, mais eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt » (Mt23, 4). La bonne doctrine doit être accueillie, mais elle risque d’être contredite par une conduite incohérente. C’est pourquoi Jésus dit : « Faites donc et observez tout ce qu’ils pourront vous dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes » (Mt 23, 3). L’attitude de Jésus est exactement à l’opposé : Il pratique le premier le commandement de l’amour qu’il enseigne à tous, et il peut dire que c’est un poids léger et aisé parce qu’il nous aide à le porter avec lui (cf. Mt 11, 29-30).

En pensant aux maîtres qui oppriment la liberté d’autrui au nom de sa propre autorité, saint Bonaventure indique qui est le Maître authentique en affirmant : « Personne ne peut enseigner ni même travailler, ni atteindre les vérités connaissables sans la présence du Fils de Dieu » (Sermo i de Tempore, Dom. XXII post Pentecosten, Opera omnia, ix, Quaracchi, 1901, 442). « Jésus est assis sur la “chaire” comme un plus grand Moïse, qui étend l’Alliance à tous les peuples » (Jésus de Nazareth). C’est lui notre véritable et unique Maître ! Nous sommes donc appelés à suivre le Fils de Dieu, le Verbe incarné, qui exprime la vérité de son enseignement à travers la fidélité à la volonté du Père, à travers le don de soi. Le bienheureux Antonio Rosmini écrivait : « Le premier Maître forme tous les autres maîtres, comme il forme aussi ses disciples parce que (tant les uns que les autres) existent en vertu de ce premier magistère tacite mais très puissant » (Idea della Sapienza, 82, in : Introduzione alla filosofia, vol. ii, Roma 1934, 143). […]

Pape François, Angélus, 5 novembre 2017

L’évangile (cf. Mt 23, 1-12) se déroule les derniers jours de la vie de Jésus, à Jérusalem; des jours chargés d’attentes et également de tensions. D’un côté, Jésus adresse des critiques sévères aux scribes et aux pharisiens et, de l’autre, il laisse d’importantes consignes aux chrétiens de tous les temps, et donc à nous aussi. […] Un défaut courant chez tous ceux qui ont une autorité, qu’elle soit civile ou ecclésiastique, est d’exiger des autres des choses, même justes, mais qu’eux-mêmes ne mettent pas en pratique en première personne. Ils mènent une double vie. Jésus dit: «Ils lient de pesants fardeaux et les imposent aux épaules des gens, mais eux-mêmes se refusent à les remuer du doigt» (v. 4). Cette attitude est un mauvais exercice de l’autorité, qui devrait au contraire tirer sa première force précisément du bon exemple. L’autorité naît du bon exemple, pour aider les autres à pratiquer ce qui est juste et nécessaire, en les soutenant dans les épreuves que l’on rencontre sur la voie du bien. L’autorité est une aide, mais si elle est mal exercée, elle devient oppressive, elle ne laisse pas croître les personnes et crée un climat de méfiance et d’hostilité et conduit également à la corruption.

Jésus dénonce ouvertement certains comportements négatifs des scribes et de certains pharisiens. […] C’est l’attitude de vivre uniquement pour l’apparence. […] Si nous avons reçu des qualités du Père céleste, nous devons les mettre au service de nos frères, et ne pas en profiter pour notre satisfaction et notre intérêt personnel. Nous ne devons pas nous considérer supérieurs aux autres; la modestie est essentielle pour une existence qui veut être conforme à l’enseignement de Jésus, qui est doux et humble de cœur et qui est venu non pour être servi, mais pour servir. […]

 

(Photo: Pexels.com / Athena)

 

 

 

 

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