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« Dans l’attente de sa venue »

« Dans l’attente de sa venue »
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

1ER DIMANCHE DE L’AVENT (ANNÉE B)

Is 63,16b-17.19b; 64,2-7; Sal 79; 1Cor 1,3-9; Mc 13,33-37

« Dans l’attente de sa venue »

En ce premier dimanche de l’Avent, et en même temps au début d’une nouvelle année liturgique, je voudrais souligner le caractère missionnaire de chaque messe, et m’arrêter ensuite sur les deux aspects les plus importants que la Parole de Dieu veut nous suggérer aujourd’hui pour notre attente de la venue du Seigneur.

  1. Le caractère missionnaire et de l’« Avent » de chaque messe

Chaque messe a en soi un caractère missionnaire, car elle est le témoignage communautaire actif de la foi chrétienne des participants. Le lien entre la messe célébrée et la mission de l’Église apparaît clairement avec la salutation finale qui résonne dans le latin original « Ite missa est » (d’où le terme de messe pour la célébration eucharistique). Comme nous l’enseigne le Pape Benoît XVI, « [Dans le salut « Ite, missa est »,] il nous est donné de comprendre le rapport entre la messe célébrée et la mission chrétienne dans le monde. Dans l’Antiquité, « missa » signifiait « envoi » (dismissio). Dans l’usage chrétien, ce mot a trouvé une signification bien plus profonde. En réalité, l’expression « envoi » se transforme en « mission ». Ce salut exprime de manière synthétique la nature missionnaire de l’Église. Par conséquent, il est bon d’aider le peuple de Dieu à approfondir cette dimension constitutive de la vie ecclésiale, en s’inspirant de la liturgie » (Exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis, n. 51).

Le caractère missionnaire de la messe ressort encore davantage et atteint son apogée avec l’acclamation de l’assemblée après la consécration du corps et du sang du Christ. À la proclamation du prêtre « il est grand le mystère de la foi », le peuple acclame : « Nous proclamons ta mort, Seigneur, / nous célébrons ta résurrection, / nous attendons ta venue dans la gloire ». Cette action liturgique met en lumière la vocation de chaque chrétien dans le monde d’aujourd’hui à être un héraut/témoin des mystères pascals de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ, jusqu’à sa seconde venue. En effet, devant le Jésus eucharistique, chaque participant est appelé à confirmer solennellement la mission que Lui-même a confiée à l’Église, la communauté des fidèles : « Allez et annoncez », « allez et prêchez l’Évangile », « vous serez mes témoins ». Cette mission doit être menée à bien jusqu’au retour du Christ, comme le rappelle le Concile Vatican II : « Aussi le temps de l’activité missionnaire se situe-t-il entre le premier avènement du Seigneur et le second, lors duquel, des quatre vents, telle une moisson, l’Église sera rassemblée dans le Royaume de Dieu. Car avant la venue du Seigneur, il faut que l’Évangile soit proclamé parmi toutes les nations » (AG 9). En d’autres termes, l’ensemble de notre temps présent est toujours celui de la mission, donec venias « jusqu’à ce que [Tu] viennes ».

Ce contexte liturgique-missionnaire général doit être vécu en particulier dans la célébration eucharistique des jours et des dimanches de l’Avent, lorsque, à travers les prières et les lectures prévues pour chaque messe, l’aspect de l’attente de la venue du Seigneur est souligné.

  1. « Veillez […] veillez […] veillez ! »

Dans le bref passage de l’Évangile, l’’impératif “veillez !” résonne trois fois, au début, au milieu et à la fin. Le verbe ponctue ainsi tout le message que Jésus veut transmettre non seulement à ses disciples intimes, mais aussi à tous ses auditeurs, comme il l’affirme lui-même dans la conclusion de son enseignement : « Ce que je vous dis, je le dis à tous : veillez ». Il s’agit donc d’une invitation insistante et universelle du Christ (adressée « à tous ») à avoir une attitude sage dans l’attente de son retour, comme celle de tout serviteur qui attend le retour certain de son maître. Il s’agit d’une vigilance non pas passive mais active, comme le demande Jésus lui-même en répétant le verbe “faire” (« Prenez garde » et « veillez à ce que, venant à l’improviste, il ne vous trouve pas endormis »).

Nous avons ici la recommandation centrale que Jésus laisse aux disciples, non seulement pour ce temps de l’Avent, mais aussi pour toute leur vie. L’exhortation de Jésus à veiller résonne aussi ailleurs dans les évangiles, notamment en Mt 24,42 et 25,13, à la fin de la parabole des dix vierges. Cela laisse entrevoir l’importance de cet enseignement, lié à la recommandation de prier (cf. Lc 21,36 : « Veillez en tout temps en priant ») et transmis ensuite par les Apôtres aux premières communautés chrétiennes (cf. Ep 6,18 ; Col 4,2 ; 1Pt 5,8). Ainsi, la triple exhortation de Jésus « veillez, veillez, veillez » est intrinsèquement liée à celle de «priez, priez, priez». La prière est l’expression concrète et caractéristique de la vigilance chrétienne et, par conséquent, l’appel d’aujourd’hui à l’attitude de vigilance des disciples du Christ sera également une invitation à intensifier et à renouveler leur vie de prière. Une telle invitation revêt une signification particulière alors que nous sommes sur le point d’entrer dans la nouvelle année 2024, consacrée, à la demande du pape François, précisément à la prière en préparation du Jubilé 2025.

  1. Veiller-prier-témoigner du Christ

Enfin, il faut noter que, dans le contexte de l’attente chrétienne du retour du Christ, la première lettre de l’apôtre saint Paul aux Corinthiens nous rappelle l’importante perspective du témoignage de la foi ferme dans le Christ. En effet, aux chrétiens de Corinthe qui attendaient «la manifestation de notre Seigneur Jésus-Christ », l’apôtre fait l’éloge du « témoignage rendu au Christ » établi «si fermement qu’il ne manque plus de charisme» en eux. D’autre part, il exprime l’espoir et la conviction que le Christ lui-même les « rendra inébranlables jusqu’à la fin, irréprochables » au jour de leur rencontre avec lui. Ainsi, les Corinthiens sont devenus les canaux vivants qui ont transmis, par leur vie de foi, le témoignage du Christ qu’ils avaient eux-mêmes reçu. Ils sont devenus les témoins vivants du Seigneur en veillant, en priant, en vivant la foi. Saint Paul lui-même, en ce qui concerne la veille et la prière, a explicitement demandé aux chrétiens une prière spéciale pour l’œuvre d’évangélisation qu’il était en train d’accomplir :

En toutes circonstances, faites toutes sortes de prières et de requêtes dans l’Esprit, et veillez à cette fin avec entière persévérance et supplication pour tous les saints. Priez aussi pour moi, afin que, lorsque j’ouvre la bouche, la parole me soit donnée, pour faire connaître avec assurance le mystère de l’Évangile, dont je suis l’ambassadeur dans les chaînes, et pour que je l’annonce avec le courage dont je dois faire preuve. (Eph 6, 18-20)

Dans cette perspective, nous sommes également appelés non seulement à veiller et à prier en ce temps particulier, mais aussi à témoigner, c’est-à-dire à transmettre le témoignage du Christ à tous ceux qui nous entourent. En outre, dans notre veille et notre prière, nous nous souvenons tout particulièrement des missionnaires du Christ aujourd’hui, de ceux qui, comme l’apôtre saint Paul et saint François Xavier, dont nous célébrons la fête aujourd’hui, ont consacré toute leur vie à l’annonce du Christ dans le monde entier, « pour faire connaître avec franchise le mystère de l’Évangile ».

Soutenons-nous mutuellement dans la foi et le témoignage et formons ensemble la communion des disciples-missionnaires du Christ pour poursuivre sa mission évangélisatrice dans le monde “jusqu’à ce qu’il vienne”. Amen. Maranathà !

Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, Directoire sur l’homélie, 86

Naturellement, l’Eucharistie, que nous nous célébrons en ce premier dimanche de l’Avent, est la préparation la plus intense de la communauté à la venue du Seigneur, puisque c’est cette venue elle-même qu’elle manifeste. Dans la préface qui introduit la Prière eucharistique de ce dimanche, la communauté se présente à Dieu « en veillant dans la foi ». Nous qui rendons grâce, nous demandons déjà aujourd’hui de pouvoir chanter avec tous les anges: « Saint, Saint, Saint, le Seigneur Dieu de l’univers ». En acclamant le « Mystère de la foi », nous exprimons ce même esprit d’attente vigilante: « chaque fois que nous mangeons ce pain et que nous buvons à ce calice, nous annonçons ta mort, Seigneur, dans l’attente de ta venue ». Dans la Prière eucharistique, les cieux s’ouvrent et Dieu descend. Nous recevons aujourd’hui le Corps et le Sang du Fils de l’Homme, qui viendra sur les nuées du ciel avec grande puissance et grande gloire. Par sa grâce, reçue en abondance dans la sainte Communion, nous espérons que chacun soit en mesure de s’exclamer: « Je me redresserai et je relèverai la tête, car ma rédemption approche »

Catéchisme de l’Église catholique

672 Le Christ a affirmé avant son Ascension que ce n’était pas encore l’heure de l’établissement glorieux du Royaume messianique attendu par Israël (cf. Ac 1, 6-7) qui devait apporter à tous les hommes, selon les prophètes (cf. Is 11, 1-9), l’ordre définitif de la justice, de l’amour et de la paix. Le temps présent est, selon le Seigneur, le temps de l’Esprit et du témoignage (cf. Ac 1, 8), mais c’est aussi un temps encore marqué par la “ détresse ” (1 Co 7, 26) et l’épreuve du mal (cf. Ep 5, 16) qui n’épargne pas l’Église (cf. 1 P 4, 17) et inaugure les combats des derniers jours (cf. 1 Jn 2, 18 ; 4, 3 ; 1 Tm 4, 1). C’est un temps d’attente et de veille (cf. Mt 25, 1. 13 ; Mc 13, 33-37).

673 Depuis l’Ascension, l’avènement du Christ dans la gloire est imminent (cf. Ap 22, 20) même s’il ne nous “ appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa seule autorité ” (Ac 1, 7 ; cf. Mc 13, 32). Cet avènement eschatologique peut s’accomplir à tout moment (cf. Mt 24, 44 ; 1 Th 5, 2) même s’il est “ retenu ”, lui et l’épreuve finale qui le précédera (cf. 2 Th 2, 3-12).

1130 L’Église célèbre le Mystère de son Seigneur “ jusqu’à ce qu’il vienne ” et que “ Dieu soit tout en tous ” (1 Co 11, 26 ; 15, 28). Dès l’âge apostolique la Liturgie est attirée vers son terme par le gémissement de l’Esprit dans l’Église : “ Marana Tha ! ” (1 Co 16, 22). La liturgie participe ainsi au désir de Jésus : “ J’ai désiré d’un grand désir manger cette Pâque avec vous (…) jusqu’à ce qu’elle s’accomplisse dans le Royaume de Dieu ” (Lc 22, 15-16). Dans les sacrements du Christ, l’Église reçoit déjà les arrhes de son héritage, elle participe déjà à la vie éternelle, tout en “ attendant la bienheureuse espérance et l’avènement de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur, le Christ Jésus ” (Tt 2, 13). “ L’Esprit et l’Épouse disent : Viens ! … Viens, Seigneur Jésus ! ” (Ap 22, 17. 20).

2730 Positivement, le combat contre notre moi possessif et dominateur est la vigilance, la sobriété du cœur. Quand Jésus insiste sur la vigilance, elle est toujours relative à Lui, à sa Venue, au dernier jour et chaque jour : “ aujourd’hui ”. L’Epoux vient au milieu de la nuit ; la lumière qui ne doit pas s’éteindre est celle de la foi : “ De toi mon cœur a dit : ‘Cherche sa Face’ ” (Ps 27, 8).

 

 

(Photo: Pexels.com / Juan Pablo Serrano Arenas)

 

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