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La mission de Dieu continue

La mission de Dieu continue
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

DIMANCHE DE PENTECÔTE – SOLENNITÉ (ANNÉE A)

Ac 2,1-11 ; Ps 103 ; 1Co 12,3b-7.12-13 ; Jn 20,19-23

Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !

La mission de Dieu continue

La célébration liturgique de la Pentecôte n’est pas un simple rappel de l’effusion de l’Esprit Saint sur Marie et les apôtres au Cénacle, mais la mise en œuvre de l’événement, dans lequel Dieu le Père, « dans Son Verbe, incarné, mort et ressuscité pour nous, nous comble de ses bénédictions, et par lui il répand en nos cœurs le don qui contient tous les dons : l’Esprit Saint » (Catéchisme de l’Église Catholique 1082). Il s’agit du mystère qui s’accomplit encore aujourd’hui chez ceux qui le célèbrent avec foi. Les lectures et l’Évangile de la messe nous aident à comprendre et à nous ouvrir encore plus au don de l’Esprit que nous recevons dans la vie des disciples envoyés par Jésus pour être ses témoins « jusqu’aux extrémités de la Terre ».

1. Un violent coup de vent – Le sens de l’événement

Que s’est-il réellement passé avec les disciples de Jésus le jour de la Pentecôte ?

En premier lieu, comme le dit la première lecture des Actes des Apôtres, alors qu’« ils étaient tous ensemble au même endroit », c’est-à-dire au Cénacle, « chambre à l’étage supérieur », puis « soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière ». L’accentuation du « bruit », « vent impétueux », semble aller au-delà de la description physique d’un phénomène atmosphérique. Ce vent fort a été évoqué à des moments fondamentaux de l’histoire biblique : la nuit de la création, lorsque « le souffle de Dieu planait au-dessus des eaux » du chaos, là où l’expression hébraïque peut littéralement désigner aussi « le vent très fort » (cf. Gn 1,2); la nuit du passage de la mer Rouge, quand il y eut un vent très fort, qui sépara alors les eaux de la mer en deux parties pour laisser au milieu un chemin sec pour le peuple de Dieu (cf. Ex 14 : 21 -23); dans la vision du prophète Ézéchiel, où le vent violent, qui est l’Esprit de Dieu, vient ranimer les ossements morts du peuple (cf. Ez 37, 9-14). Ainsi, en ce jour de Pentecôte, est venu le vent impétueux qui annonce un événement fondamental dans l’histoire du salut de l’humanité, un événement qui apporte une nouvelle création, libération, résurrection de l’humanité.

D’autre part, comme l’explique le Catéchisme de l’Église catholique, « Le terme “Esprit” traduit le terme hébreu Ruah qui, dans son sens premier, signifie souffle, air, vent. Jésus utilise justement l’image sensible du vent pour suggérer à Nicodème la nouveauté transcendante de Celui qui est personnellement le Souffle de Dieu, l’Esprit divin (Jn 3, 5-8) » (Catéchisme de l’Église Catholique 691). Ainsi, dans le vent lui-même, on peut entrevoir l’Esprit en action, ou plutôt sa « descente » du ciel en action.

2. Langues comme de feu – Le mystère de l’effusion de l’Esprit

Suite au bruit, « alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux ». Voici le moment de l’effusion de l’Esprit Saint, comme expliqué immédiatement après : « Tous furent remplis d’Esprit Saint ». Cependant, un détail intéressant doit être précisé : que virent les apôtres à ce moment-là ? Les flammes de feu sur leurs têtes? Non, l’auteur sacré a été subtil dans sa description de ce qui s’est passé : non pas « langues de feu », mais « langues comme de feu », où le mot « comme » signifie précisément « semblable », et non « exactement comme ceci, égales » ! Ici aussi, il faut garder cela à l’esprit pour comprendre que nous sommes face à un mystère indicible, impénétrable, et toute description sera toujours approximative. D’autre part, nous voulons associer l’image visible du feu à la réalité invisible de l’Esprit dont « tous étaient remplis ». Comme l’explique le Catéchisme, « Alors que l’eau signifiait la naissance et la fécondité de la Vie donnée dans l’Esprit Saint, le feu symbolise l’énergie transformante des actes de l’Esprit Saint. […] Jean-Baptiste […] annonce le Christ comme celui qui “baptisera dans l’Esprit Saint et le feu” (Lc 3, 16), cet Esprit dont Jésus dira : “ Je suis venu jeter un feu sur la terre et combien je voudrais qu’il fût déjà allumé ” (Lc 12, 49). C’est sous la forme de langues “qu’on eût dites de feu” que l’Esprit Saint se pose sur les disciples au matin de la Pentecôte et les remplit de lui (Ac 2, 3-4). La tradition spirituelle retiendra ce symbolisme du feu comme l’un des plus expressifs de l’action de l’Esprit Saint (cf. S. Jean de la Croix, llama). “N’éteignez pas l’Esprit” (1 Th 5, 19) » (Catéchisme de l’Église Catholique 696). L’Esprit est le feu qui transforme la vie, illumine l’esprit et fait brûler dans le cœur l’amour pour Dieu.

3. L’Esprit Saint « vous enseignera tout »

Descendu sur les apôtres, le Saint-Esprit leur a immédiatement permis de « parler en d’autres langues » avec toutes « les merveilles de Dieu ». C’est presque un accomplissement de ce que Jésus avait dit à ses disciples lors de la Dernière Cène, comme nous le rappelle l’Évangile d’aujourd’hui : « le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout ». Ici, du Catéchisme, nous savons que « Jésus, lorsqu’il annonce et promet la venue de l’Esprit Saint, le nomme le “Paraclet”, littéralement : “celui qui est appelé auprès”, ad-vocatus (Jn 14, 16. 26 ; 15, 26 ; 16, 7). “Paraclet” est traduit habituellement par “Consolateur”, Jésus étant le premier consolateur (cf. 1 Jn 2, 1). Le Seigneur lui-même appelle l’Esprit Saint “l’Esprit de Vérité” (Jn 16, 13) ». (Catéchisme de l’Église Catholique 692). De plus, « tout » ce que l’Esprit enseignera ne se réfère certainement pas à toute la connaissance possible du monde, mais à la connaissance de Dieu et du Christ et à la capacité de transmettre aux autres les vérités divines révélées en Christ pour leur salut. A tel point qu’après « vous enseignera tout » suit immédiatement comme conclusion la pensée « et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit ».

Pour mieux comprendre encore ces paroles de Jésus sur le rôle de l’Esprit, il convient de rappeler l’enseignement de saint Jean-Paul II dans son encyclique Dominum et vivificantem :

L’Esprit Saint sera le consolateur des Apôtres et de l’Église, toujours présent au milieu d’eux, même s’il demeure invisible, comme maître de la Bonne Nouvelle que le Christ a annoncée. « Il enseignera » et « il rappellera », cela signifie non seulement qu’il continuera, à sa manière qui lui est propre, à inspirer la proclamation de l’Évangile du salut, mais aussi qu’il aidera à comprendre le sens juste du contenu du message du Christ ; qu’il en maintiendra la continuité et l’identité de sens alors que changent les conditions et les circonstances. L’Esprit Saint fera en sorte que dans l’Église demeure toujours la vérité même que les Apôtres ont entendue de leur Maître.

Ainsi, l’Esprit Saint continue la mission de Dieu dans l’Église et dans les disciples du Christ. Comme l’a mentionné le pape François, « c’est précisément après la descente de l’Esprit Saint sur les disciples de Jésus qu’a lieu la première action de témoignage au Christ mort et ressuscité, avec une proclamation kérygmatique, le discours missionnaire de saint Pierre aux habitants de Jérusalem. Ainsi commence l’ère de l’évangélisation du monde par les disciples de Jésus, qui étaient avant faibles, craintifs et fermés. L’Esprit Saint les a fortifiés, leur a donné le courage et la sagesse de témoigner du Christ devant tout le monde ». Par ailleurs, le Pape précise encore : « Tout comme « personne n’est capable de dire : “Jésus est Seigneur” sinon dans l’Esprit Saint » (1 Co 12, 3), de même aucun chrétien ne peut rendre un témoignage complet et authentique au Christ Seigneur sans l’inspiration et l’aide de l’Esprit. Par conséquent, tout disciple missionnaire du Christ est appelé à reconnaître l’importance fondamentale de l’action de l’Esprit, à vivre avec lui dans la vie quotidienne et recevoir sans cesse de sa part force et inspiration. Plus encore, au moment où nous nous sentons fatigués, démotivés, perdus, rappelons-nous de nous tourner vers l’Esprit Saint dans la prière, qui a un rôle fondamental dans la vie missionnaire, pour nous laisser restaurer et fortifier par lui, source divine inépuisable des énergies nouvelles et de la joie de partager la vie du Christ avec les autres » (Message pour la Journée mondiale des missions 2022).

Prions pour que nous tous, disciples missionnaires du Christ, vivions bien, voire pleinement, la Pentecôte aujourd’hui, et qu’elle nous donne un nouvel élan pour continuer la mission du Christ dans la puissance de l’Esprit. Cela est particulièrement vrai pour ceux qui sont directement impliqués dans la mission et l’animation missionnaire comme dans les Œuvres pontificales missionnaires. Le bienheureux Paul Manna, lorsqu’il projeta de fonder l’Union missionnaire du clergé, qui deviendra l’Union pontificale missionnaire, avait une vision claire : « Un mouvement missionnaire vrai et pur doit être surtout spirituel, parce que œuvre de l’Esprit Saint; il doit être une Pentecôte: alors, seulement alors il peut créer, conquérir, pénétrer, il inspire et laisse des fruits durables de la prière, d’action, de sacrifice; ainsi seulement, on aura une floraison des vocations missionnaires » (Le Missioni Cattoliche LX [1931], 24 mai, p. 323ss). Marie, Mère de l’Église et Reine des missions, priez pour nous tous et pour toute l’Église !

JEAN PAUL II, Lettre encyclique sur l’Esprit Saint dans la vie de l’Église et du monde, Dominum et vivificantem

25. « Une fois achevée l’œuvre que le Père avait chargé son Fils d’accomplir sur la terre (cf. Jn 17, 4), le jour de la Pentecôte, l’Esprit Saint fut envoyé qui devait sanctifier l’Église en permanence et procurer ainsi aux croyants, par le Christ, dans l’unique Esprit, l’accès auprès du Père (cf. Ep2, 18). C’est lui, l’Esprit de vie, la source d’eau jaillissant pour la vie éternelle (cf. Jn 4, 14 ; 7, 38-39), par qui le Père donne la vie aux hommes que le péché avait fait mourir, en attendant de ressusciter dans le Christ leur corps mortel (cf. Rm 8, 10-11)». C’est ainsi que le Concile Vatican II parle de la naissance de l’Église le jour de la Pentecôte. L’événement de la Pentecôte constitue la manifestation définitive de ce qui s’était accompli dans le même Cénacle dès le dimanche de Pâques. Le Christ ressuscité vint et «porta» aux Apôtres l’Esprit Saint. Il le leur donna en disant : «Recevez l’Esprit Saint». Ce qui s’était produit alors à l’intérieur du Cénacle, «les portes closes», plus tard, le jour de la Pentecôte, fut manifesté aussi à l’extérieur, devant les hommes.

Catéchisme de l’Église catholique

737 La mission du Christ et de l’Esprit Saint s’accomplit dans l’Église, Corps du Christ et Temple de l’Esprit Saint. Cette mission conjointe associe désormais les fidèles du Christ à sa communion avec le Père dans l’Esprit Saint : L’Esprit prépare les hommes, les prévient par sa grâce, pour les attirer vers le Christ. Il leur manifeste le Seigneur ressuscité, Il leur rappelle sa parole et leur ouvre l’esprit à l’intelligence de sa Mort et de sa Résurrection. Il leur rend présent le mystère du Christ, éminemment dans l’Eucharistie, afin de les réconcilier, de les mettre en communion avec Dieu, afin de leur faire porter  » beaucoup de fruit  » (Jn 15, 5. 8. 16).

738 Ainsi la mission de l’Église ne s’ajoute pas à celle du Christ et de l’Esprit Saint, mais elle en est le sacrement : par tout son être et dans tous ses membres elle est envoyée pour annoncer et témoigner, actualiser et répandre le mystère de la communion de la Sainte Trinité : Nous tous qui avons reçu l’unique et même esprit, à savoir, l’Esprit Saint, nous nous sommes fondus entre nous et avec Dieu. Car bien que nous soyons nombreux séparément et que le Christ fasse que l’Esprit du Père et le sien habite en chacun de nous, cet Esprit unique et indivisible ramène par lui-même à l’unité ceux qui sont distincts entre eux (…) et fait que tous apparaissent comme une seule chose en lui-même. Et de même que la puissance de la sainte humanité du Christ fait que tous ceux-là en qui elle se trouve forment un seul corps, je pense que de la même manière l’Esprit de Dieu qui habite en tous, unique et indivisible, les ramène tous à l’unité spirituelle (S. Cyrille d’Alexandrie, Jo. 12 : PG 74, 560-561).

 

(Photo: Pexels.com / Snapwire)

 

 

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