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La révélation aux « petits » de Dieu en Christ et le « repos » divin

La révélation aux « petits » de Dieu en Christ et le « repos » divin
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

14ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE A)

Za 9, 9-10 ; Ps 144 ; Rm 8, 9.11-13 ; Mt 11, 25-30

La révélation aux « petits » de Dieu en Christ et le « repos » divin

Ce dimanche, nous sommes face à un texte très particulier de l’Évangile. Il est défini comme « une météorite tombée du ciel johannique dans le terrain synoptique », car le parler de Jésus diffère ici de celui présent dans les évangiles synoptiques (Mt, Mc, Lc) et fait plutôt écho à celui de l’évangile de Jean avec l’usage absolu de “Père” et “Fils” et avec l’accent mis sur la “connaissance” de Dieu et une révélation confidentielle. De plus, on retrouve ici le seul texte qui permet de connaître le contenu de la prière de Jésus pendant son activité publique et il s’agit d’une prière de louange et d’action de grâce, comme le suggère le verbe grec utilisé (exomologoumai “ je loue / je rends grâce”) qui correspond à l’hébreu yadah, fréquemment utilisé dans la liturgie biblico-juive, qui exprime la reconnaissance et la louange de YHWH Dieu de l’Alliance (cf. Ps 9,2; 74,2; 110,1; 137,1.4; 2Sam 22,50; surtout Si 51,1 et Dn 2,23). Ainsi émerge le caractère très particulier du passage évangélique sur lequel méditer aujourd’hui. En n’offrant que quelques notes de synthèse sur le texte, nous invitons tous les lecteurs à réintégrer, une fois de plus, le climat mystique de ce moment où Jésus prononça ces paroles pleines de sens à comprendre la profondeur du message qu’il voulait laisser à ses disciples-missionnaires de tous les temps.

  1. La révélation de « ces choses » de Dieu aux « petits » selon sa bienveillance

Il convient de noter que Jésus ne dit pas qu’il a caché quelque chose à qui que ce soit, comme s’il y avait quelque chose d’indigne de sa révélation, mais parle seulement du rejet, de la part des soi-disant sages, de son enseignement, de « ces choses » divines du royaume que Jésus annonce maintenant et réalise en paroles et en actes. C’est une déclaration de fait dans le style des prophètes de l’Ancien Testament. Le contexte intéressant à cet égard pourrait être le texte d’Is 29, 9-14.17-19.24, dans lequel le prophète dénonce avec force l’impiété et la dureté du cœur qui rendent impossible l’écoute de la Parole de Dieu (cf. aussi Jr 9,22-23 ; Is 44,25b). Il est significatif que l’évangéliste, contrairement aux brèves références faites dans les textes parallèles de Mc et Lc, ait plutôt rapporté intégralement, dans sa soi-disant « citation de l’accomplissement » (citation de l’Ancien Testament qui s’accomplit avec et en Jésus), le passage du prophète Isaïe lui-même pour constater la triste réalité que beaucoup de gens n’ont pas compris l’enseignement de Jésus et par conséquent, ils ne l’ont pas suivi :

Ainsi s’accomplit pour eux la prophétie d’Isaïe :

Vous aurez beau écouter, vous ne comprendrez pas.

Vous aurez beau regarder, vous ne verrez pas.

Le cœur de ce peuple s’est alourdi : ils sont devenus durs d’oreille, ils se sont bouché les yeux, de peur que leurs yeux ne voient, que leurs oreilles n’entendent, que leur cœur ne comprenne, qu’ils ne se convertissent, – et moi, je les guérirai. (Mt 13,14-15; cf. Is 6,9-10).

Nous avons ici une pensée importante et bien connue dans la théologie chrétienne du premier siècle, puisqu’elle trouve également un écho dans Jn 12, 37-43, qui, comme l’évangéliste Matthieu, cite tout le texte d’Is 6, 10 pour expliquer l’échec de la prédication et de l’action évangélisatrice de Jésus. C’est donc le mystère des « secrets » de la révélation divine, réservé exclusivement à ceux qui sont dociles et prêts à l’accepter, dont parlent aussi les textes de Dn 2, 23 ainsi que le Si 4, 11-19 de l’action de la Sagesse envers ses disciples.

Ainsi, Dieu dans la sagesse du Christ continue de se révéler à tous, mais malheureusement « les sages et les savants » de ce monde se ferment dans leur sagesse et répondent donc souvent : « Nous vous écouterons parler de cela une autre fois ! ». Seuls ceux qui se reconnaissent comme « petits » et donc toujours dans le besoin de Dieu s’ouvrent à lui pour accueillir joyeusement sa révélation et son salut. Dieu, dans son amour infini, pleut constamment sur tous, mais seuls ceux qui sortent de la « cachette » de leur « moi », recevront l’eau de la vie dans le Christ. Et les « petits » disciples missionnaires du Christ, une fois qu’ils ont reçu la révélation et le salut divins, rendent louange et grâce à Dieu avec le Christ pour cela et continuent à partager avec toute l’humanité « ces choses » divines sans jalousie et sans s’épargner, précisément selon la volonté de Dieu dans le Christ « que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » (1Tm 2,4).

  1. « Personne ne connaît le Fils, sinon le Père… »

Cette connaissance exclusive déclarée entre le Père et le Fils fait écho à la relation entre la Sagesse personnifiée et Dieu. Selon le témoignage des textes de l’Ancien Testament, la Sagesse est avec le Père dès le commencement et seul le Père la connaît (Job 28:25-28 ; Si 1:1-10 ; Bar 3:27-38) et seule la Sagesse connaît la volonté du Père (Sg 8:3-4; 9:4.9-18). Il faut se rappeler que le verbe hébreu “savoir” inclut la connaissance et l’amour et exprime une relation interpersonnelle intime. A noter également qu’en Sg 2,13.16 le juste, qui est à la fois le fils de Dieu, le serviteur et le sage, rejeté et persécuté, proclame qu’il possède “la connaissance de Dieu” et déclare lui-même serviteur (ou fils) du Seigneur et se vante d’avoir Dieu pour père. Nous avons là une expression d’une grande densité théologique da’at Elohim “la connaissance de Dieu”, sur laquelle insistent les prophètes et les sages bibliques, comme on le voit par exemple dans la fameuse proclamation de Dieu à Osée, citée à deux reprises par Jésus : « Je veux la fidélité, non le sacrifice, la connaissance de Dieu (da’at Elohim), plus que les holocaustes » (Os 6,6; cf. aussi Is 11,2.9). A partir de ces références bibliques, l’autre aspect fondamental de la connaissance de Dieu le Père par le Fils qui le révèle ensuite aux “élus” est clarifié. Il s’agit avant tout de connaître la volonté de Dieu, son amour, ses commandements, ses desseins de salut pour l’humanité, ses voies, son action dans le monde. Il y a donc au premier plan des connaissances de nature sapientielle-existentielle concrète. C’est précisément l’objet premier de la révélation du Fils qui conduit ensuite à la haute contemplation des mystères de la nature de Dieu.

Selon l’Ancien Testament, la pleine connaissance de Dieu YHWH par l’homme n’intervient qu’à la fin des temps et exclusivement grâce à la bienveillance divine. C’est la réalisation d’un rêve et une invitation que Dieu adresse à son peuple (cf. Os 6,3 ; 8,2 ; Ps 36,11 ; Pro 3,6 ; aussi Is 11,9). Dans ce sillage, les prophètes Jérémie et Isaïe annoncent la perspective eschatologique du temps de la nouvelle alliance où Dieu écrira sa loi « directement » dans le cœur des croyants (cf. Jr 31, 34) ou, en d’autres termes, « tes fils seront tous disciples du Seigneur » (Is 54,13). Que cela ait été retenu au temps des évangélistes est attesté par la citation de l’affirmation d’Isaïe, citée par la bouche de Jésus en Jn 6,45, qui souligne encore dans le même discours sur le pain de vie : « Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » (Jn 6,44).

Les paroles de Jésus semblent se situer dans cette perspective théologique. C’est Dieu le Père la source originelle de la révélation et il lui appartient, selon son bon plaisir (eudokia), de révéler ou de cacher sa parfaite connaissance, mais ici la figure de Jésus apparaît comme l’agent exclusif et autorisé de cette révélation, mais toujours selon la volonté de Dieu le Père : « Tout m’a été remis par mon Père » et, par conséquent, « personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler » (Mt 11,27; Lc 10,22). La perspective théologique de la révélation acquiert sa pleine dimension christologique dans un langage, comme on vient à peine de le voir, de la Sagesse biblique. Cet aspect est encore plus accentué en Jn 12,49-50 : « Car ce n’est pas de ma propre initiative que j’ai parlé : le Père lui-même, qui m’a envoyé, m’a donné son commandement sur ce que je dois dire et déclarer. (…) Donc, ce que je déclare, je le déclare comme le Père me l’a dit ». Il sera ensuite soulignée aussi et surtout en Jn 17,25-26, à la conclusion de la « prière sacerdotale » de Jésus: «Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux ».

  1. « Venez à moi… ». Une touchante invitation à un repos insolite avec le joug !

Les sages bibliques ont montré une certaine méfiance à l’égard des sages autoproclamés, comme nous le lisons dans Pro 26:12 : « As-tu vu quelqu’un qui se prend pour un sage ? D’un sot, tu peux attendre davantage ». C’est ce que dénonce le prophète Isaïe : « Malheureux, ceux qui se prennent pour des sages, ceux qui se croient intelligents ! » (Is 5,21). C’est même dans cette ligne sapientiale est liée l’invitation de Jésus “Venez à moi” qui conclut le discours en Mt 11,28-30 et qui s’adresse aux “fatigués et fatigués” ou “surchargé”. Il s’agit en effet des catégories de petits hommes qui sont en quelque sorte exploités, oubliés ou marginalisés dans la société. La parole de Jésus trouve son parallèle dans l’évangile apocryphe de Thomas 90 (« Jésus a dit : Venez à moi, car mon joug est léger, ma seigneurie est douce, et vous trouverez du repos pour vous ») et reflète également Didachè 6,1-3 (« Prend garde que personne ne te fasse dévier de cet enseignement […], car si tu peux porter tout le joug du Seigneur, tu seras parfaits ; cependant, si tu ne le peux pas, fais ce que tu peux ! »). Au lieu de cela, le fond biblique des paroles de Jésus, tel qu’indiqué par les exégètes, est le discours de la Sagesse en Si 6,23-31 (cf. aussi Si 51,23-28; Jr 6,16), qu’il convient de rapporter ici pour une comparaison :

Écoute, mon fils, et reçois mon avis, […]

Engage tes pieds dans les entraves de la sagesse et ton cou dans son carcan.

Incline ton épaule pour la porter et ne te rebiffe pas contre ses liens.

Viens à elle de toute ton âme, et de toute ta force suis ses chemins.

Mets-toi sur sa trace et cherche-la : elle se fera connaître, et, quand tu l’auras saisie, ne la laisse pas s’échapper.

Pour finir, tu trouveras en elle ton repos, et elle deviendra ta joie.

Alors, ses entraves seront pour toi une puissante protection, et son carcan, un vêtement de gloire.

Son joug est une parure d’or, ses liens sont un ruban de pourpre.

Tu la porteras comme un vêtement de gloire, tu la ceindras comme une couronne d’allégresse.

La confrontation avec les textes de Siracide démontre que, comme le notent également certains érudits, Jésus a ici voulu faire comprendre aux auditeurs qu’Il parlait en la personne de la Sagesse divine, avec une claire « auto-conscience transcendantale » ! Dans cette perspective, le joug (paradoxalement recommandé pour le repos près de Jésus !) est la métaphore biblico-juive de l’enseignement (de Dieu) (cf. Jr 2, 20 ; 5, 5). A tel point que le joug des pharisiens et des scribes est mentionné en Mt 23,4 // Lc 11,46. Le joug de la sagesse est également accentué, identifié à la loi mosaïque (cf. Si 51,26; aussi 6,24). D’ici, la tradition rabbinique recommande avec insistance le joug de la Torah : celui qui l’endosse se libère du joug du royaume (sous-entendu « terrestre ») et du joug des préoccupations mondaines ; quiconque le rejette, sur lui sera mis le joug du royaume (sous-entendu « terrestre ») et du monde ! Il est à noter enfin le jeu de prononciation de la phrase « mon joug est léger (chrēstos) » qui en grec sonne comme christos « Christ ».

Le repos, souligné deux fois par Jésus avec les paroles d’une même racine de rare densité théologique anapausō (Mt 11,28.29), renvoie très probablement à l’eschatologique. Le terme apparaît dans le Ps 95 et est ensuite longuement traité en Héb 4 qui explique que le vrai repos promis à Dieu pour son peuple n’a lieu qu’en Christ à la fin des temps. Il faut rappeler à cet égard que dans l’Ancien Testament seule la Sagesse (et non le sage) promet le repos (Sir 6,28) et la vie (Pro 8,35-36), comme Dieu qui a fait les mêmes promesses par les prophètes qui prendront place à l’ère messianique ! (cf. Jr 6:16 ; 31:25).

Le repos promis par Jésus sera désormais le repos divin réservé à ceux qui voudront s’imposer le « joug » de la douce révélation de l’amour de Dieu à l’Humanité. Et eux, les « petits », les « élus », « ils courent sans se lasser, ils marchent sans se fatiguer » (cf. Is 40,31) sur le chemin de l’annonce de l’Évangile du Christ, partageant avec tous les autres la connaissance de Dieu qui leur a été révélée par le Christ.

Prions  (prière de la Collecte alternative du Missel italien du dimanche XIV, année A) :

Ô Dieu, qui te révèles aux petits et qui donnes l’héritage de ton royaume aux doux, rends-nous pauvres, libres et joyeux, à l’imitation du Christ ton Fils, pour porter avec lui le doux joug de la croix et annoncer aux hommes la joie qui vient de toi par Christ notre Seigneur. Amen 

Pape François, Angélus, place Saint-Pierre, dimanche, 6 juillet 2014

Dans l’évangile de ce dimanche, nous trouvons l’invitation de Jésus. Il dit: «Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai» (Mt 11, 28). Quand Jésus dit cela, Il a face à lui les personnes qu’il rencontre chaque jour sur les routes de Galilée: tant de gens simples, pauvres, malades, pécheurs, exclus… Ces personnes l’ont sans cesse poursuivi pour écouter sa parole — une parole qui donnait l’espérance! Les paroles de Jésus donnent toujours l’espérance! […] Jésus lui-même cherchait ces foules lasses et épuisées comme des brebis sans pasteur (cf. Mt 9, 35-36), il les cherchait pour leur annoncer le Royaume de Dieu et pour en guérir beaucoup dans leur corps et dans leur esprit. […]

Cette invitation de Jésus s’étend jusqu’à nos jours, pour atteindre tant de frères et sœurs opprimés par des conditions de vie précaires, par des situations existentielles difficiles et parfois privés de points de repère valables. A chacun de ces fils du Père qui est aux cieux, Jésus répète: «Venez à moi, vous tous». […]

Jésus promet de donner du repos à tous, mais il nous lance aussi une invitation, qui est comme un commandement: «Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur» (Mt 11, 29). Le «joug» du Seigneur consiste à se charger du poids des autres avec un amour fraternel. Une fois que nous avons reçu le repos et le réconfort du Christ, nous sommes appelés à notre tour à devenir repos et réconfort pour nos frères, avec une attitude douce et humble, à l’imitation du Maître. La douceur et l’humilité du cœur nous aident non seulement à prendre en charge le poids des autres, mais aussi à ne pas peser sur eux par nos vues personnelles, nos jugements, nos critiques ou notre indifférence.

Pape François, Angélus, place Saint-Pierre, dimanche, 9 juillet 2017

Dans l’évangile d’aujourd’hui, Jésus dit: «Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai» (Mt 11, 28). Le Seigneur ne réserve pas cette phrase à l’un de ses amis, non, il l’adresse à «tous» ceux qui sont fatigués et opprimés par la vie. […] Le Seigneur sait combien la vie peut être lourde. Il sait que de nombreuses choses fatiguent le cœur: les déceptions et les blessures du passé, les poids à porter et les torts à supporter dans le présent, les incertitudes et les préoccupations pour l’avenir.

Face à tout cela, la première parole de Jésus est une invitation à bouger et à réagir: «Venez». L’erreur, quand les choses vont mal, c’est de rester là où l’on est, allongé là. […] Ce n’est pas facile. Dans les moments sombres, on a naturellement envie de rester refermé sur soi, de se répéter combien la vie est injuste, combien les autres sont ingrats, comme le monde est méchant et ainsi de suite. […] Jésus veut en revanche nous tirer de ces «sables mouvants» et c’est pourquoi il nous dit à chacun: «Viens!» […] En effet, il ne suffit pas de sortir de soi, il faut savoir où aller. Parce que tant de buts sont illusoires: ils promettent le repos et ne font que distraire un peu, ils garantissent la paix et procurent le divertissement, en laissant ensuite dans la solitude précédente, ce sont des «feux d’artifice». C’est pour cela que Jésus indique où aller: «Venez à moi» […] N’oublions pas de nous ouvrir à lui et de lui raconter notre vie, de lui confier les personnes et les situations. […]

Il nous attend, il nous attend toujours, non pour résoudre magiquement nos problèmes, mais pour nous rendre forts dans nos problèmes. Jésus ne nous enlève pas les poids de la vie, mais l’angoisse du cœur; il ne nous ôte pas la croix, mais il la porte avec nous. Et avec lui, chaque poids devient léger (cf. v. 30), parce qu’Il est le repos que nous cherchons. Lorsque Jésus entre dans notre vie, la paix arrive, cette paix qui demeure même dans les épreuves, dans les souffrances. […]

Pape François, Audience générale, mercedi, 14 septembre 2016

 […]

Le premier impératif est « Venez à moi ». En s’adressant à ceux qui sont las et opprimés, Jésus se présente comme le serviteur du Seigneur décrit dans le livre du prophète Isaïe. Le passage d’Isaïe dit ceci : « Le Seigneur Yahvé m’a donné une langue de disciple pour que je sache apporter à l’épuisé une parole de réconfort » (50, 4). A ces personnes qui ont perdu confiance dans la vie, l’Evangile associe souvent les pauvres (cf. Mt 11, 5) et les petits (cf. Mt 18, 6). Il s’agit de ceux qui ne peuvent pas compter sur leurs propres moyens, ni sur des amitiés importantes. Il ne peuvent avoir confiance qu’en Dieu. […] Dans l’invitation de Jésus, ils trouvent finalement la réponse à leurs attentes : en devenant ses disciples, ils reçoivent la promesse de trouver le soulagement pour toute la vie. Une promesse qui au terme de l’Evangile est étendue à toutes les personnes : « Allez donc, de toutes les nations faites des disciples » (Mt 28, 19). […]

Le deuxième impératif dit : « Chargez-vous de mon joug ». Dans le contexte de l’Alliance, la tradition biblique utilise l’image du joug pour indiquer le lien étroit qui lie le peuple à Dieu, et en conséquence la soumission à sa volonté exprimée dans la Loi. En polémique avec les scribes et les docteurs de la loi, Jésus place sur ses disciples son joug, dans lequel la Loi trouve son accomplissement. Il veut leur enseigner qu’ils découvriront la volonté de Dieu à travers sa personne : à travers Jésus, pas à travers les lois et les prescriptions froides que Jésus lui-même condamne. […] En recevant le « joug de Jésus », chaque disciple entre ainsi en communion avec Lui et participe au mystère de sa croix et à son destin de salut.

Il s’ensuit le troisième impératif : « Mettez-vous à mon école ». Jésus présente à ses disciples un chemin de connaissance et d’imitation. Jésus n’est pas un maître qui avec sévérité impose aux autres des poids que lui-même ne porte pas : telle était l’accusation que lui lançaient les docteurs de la loi. Il s’adresse aux humbles et aux petits, aux pauvres, aux nécessiteux parce que Lui-même s’est fait petit et humble. Il comprend les pauvres et ceux qui souffrent parce qu’Il est lui-même pauvre et éprouvé par les douleurs. Pour sauver l’humanité, Jésus n’a pas parcouru un chemin facile; au contraire, son chemin a été douloureux et difficile. Comme le rappelle la lettre aux Philippiens : « Il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort, et à la mort sur une croix! » (2, 8). Le joug que les pauvres et les opprimés portent est le même joug qu’Il a porté avant eux : c’est pourquoi il s’agit d’un joug léger. Il a chargé sur ses épaules les douleurs et les péchés de toute l’humanité. Pour le disciple, recevoir le joug de Jésus signifie donc recevoir sa révélation et l’accueillir : en Lui la miséricorde de Dieu s’est chargée des pauvretés des hommes, en donnant ainsi à tous la possibilité du salut. […]

 

(Photo: iStock / Goodboy Picture Company)

 

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