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Le Christ, le Bon Pasteur, qui est la porte des brebis

Le Christ, le Bon Pasteur, qui est la porte des brebis
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

4ÈME DIMANCHE DE PÂQUES (ANNÉE A)

Ac 2,14a.36-41; Ps 22; 1 P 2,20b-25; Jn 10,1-10

Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer

Le Christ, le Bon Pasteur, qui est la porte des brebis

Le quatrième dimanche de Pâques est appelé celui « du Bon Pasteur », et les lectures et les prières de la liturgie sont centrées sur cette belle image de Jésus. C’est pourquoi, depuis 1964 par décision du pape Saint Paul VI, ce dimanche est la Journée mondiale de prière pour les vocations, pour ceux qui ont reçu l’appel à suivre Jésus, Grand Prêtre et Bon Pasteur. Dans cette perspective, dans de nombreuses paroisses et diocèses, une quête est destinée pour l’Œuvre pontificale de Saint-Pierre-Apôtre pour la formation des prêtres et des personnes consacrées, à travers le soutien des séminaires et noviciats dans les missions. Ainsi, chaque fidèle participe activement, par la prière et la contribution concrète, à la mission d’évangélisation de l’Église dans le domaine spécifique de la prise en charge des vocations et des activités de formation des nouveaux prêtres-pasteurs sur les traces du Christ, Bon Pasteur. Dans ce contexte, les lectures d’aujourd’hui nous aident à réaffirmer et à approfondir trois aspects importants de la mission du Christ-Pasteur, modèle et exemple de tous les pasteurs du peuple selon le désir de Dieu le Père.

  1. La relation particulière entre Jésus et ses brebis

Le passage de l’Évangile représente le début du discours de Jésus dans le quatrième évangile autour de son auto-déclaration « Moi, je suis le bon pasteur » (Jn 10,11.14). Ainsi, dès le début, Jésus fait remarquer une caractéristique fondamentale de la relation entre lui et ses brebis : « Amen, amen, je vous le dis : […] Celui qui entre par la porte, c’est le pasteur, le berger des brebis. […] les brebis écoutent sa voix. Ses brebis à lui, il les appelle chacune par son nom, et il les fait sortir. Quand il a poussé dehors toutes les siennes, il marche à leur tête, et les brebis le suivent, car elles connaissent sa voix ». Les mots ici trouveront un écho dans ce que Jésus dit plus tard dans son auto-déclaration d’être un bon berger : « Moi, je suis le bon pasteur, [dit le Seigneur,] je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent » (Jn 10,14), et à la fin du discours : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent » (Jn 10,27).

Il convient de souligner que le verbe connaître dans la langue biblico-juive désigne une connaissance qui n’est pas tant intellectuelle (d’un savoir) qu’existentielle, tout comme dans la relation entre mari et femme. Il s’agit d’une connaissance mutuelle intime et intégrale, un savoir qui implique de s’aimer et de s’appartenir. C’est précisément pour cette raison que, lorsque Jésus a déclaré qu’il était un bon berger, il a expliqué ci-dessous que « le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10,11b.15b). Il le fait parce qu’il connaît ses brebis, c’est-à-dire qu’il les aime profondément, plus que sa propre vie.

De plus, la connaissance entre Jésus et ses brebis est parallèle à celle entre Jésus et Dieu le Père. En effet, il déclare « je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père » (Jn 10,14b-15). La relation entre Jésus, Bon Pasteur, et ses disciples est donc placée face à une réalité mystique de connaissance intime entre les Personnes divines. D’une part, on entrevoit ici la profondeur de la connaissance-amour que Jésus a pour ses brebis, comme celle que Jésus a pour le Père ! Il déclare en fait ailleurs : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour » (Jn 15,9). Par contre, lorsque Jésus affirme que ses brebis le connaissent, on peut se demander si leur connaissance pour Jésus est réellement comparable à celle entre le Père et Jésus. On semble saisir une invitation implicite aux « brebis » de Jésus de se demander si et combien ils connaissent leur Berger et reconnaissent sa voix. Puisqu’on ne manque l’engagement de grandir toujours plus dans la connaissance du Pasteur qui les connaît et les aime jusqu’à donner sa vie pour eux reste toujours d’actualité. Significatif à cet égard est le reproche de Jésus à Philippe, l’un de ses disciples intimes : « Il y a si longtemps que je suis avec vous, et tu ne me connais pas, Philippe ! » (Jn 14,9). Ces paroles sont également valables pour chaque disciple qui le suit.

  1. « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance ».

Réaffirmant la relation particulière avec ses brebis, Jésus affirme ci-dessous son soin particulier (sa mission particulière) qui découle d’une telle connaissance et d’un tel amour : « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance ». Cette mission particulière de Jésus est réaffirmée à la fin du discours : « Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main » (Jn 10,28). Ainsi, le don de la vie en abondance est identifié avec la vie éternelle. Cette vie pourtant ne désigne pas une réalité future seulement après la mort. Il indique la vie en communion avec Jésus et avec Dieu, qui commence déjà dans le présent et se poursuivra dans l’éternité. À tel point que Jésus souligne : « Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit » (Jn 6,47). Au contraire, « Amen, amen, je vous le dis : qui écoute ma parole et croit en Celui qui m’a envoyé, obtient la vie éternelle et il échappe au jugement, car déjà il passe de la mort à la vie » (Jn 5,24). « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle » (Jn 6,54).

De ces citations, surtout la dernière, ressort un autre aspect fondamental de la vie éternelle que Jésus donne à ses brebis. C’est sa propre vie qu’il offre pour la sienne. Jésus est aussi devenu un agneau sacrificiel pour donner sa propre vie à ses brebis et les guider maintenant « aux sources des eaux de la vie » (Ap 7,17), comme nous le rappelle la deuxième lecture.

Il s’agit donc du berger qui non seulement connaît l’odeur des brebis, mais s’est aussi fait l’un d’eux, pour partager avec eux tout ce qui concerne la vie (y compris la mort !). Voici ce qui est dit pour la figure du Christ, souverain prêtre : « nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché » (Heb 4,15).

Ce lien fort entre Jésus le bon berger et ses brebis sera la raison pour laquelle « personne ne les ravira » (Jn 10,28) de sa main et de la main du Père. Saint Paul l’Apôtre exprime le même concept avec des mots inspirés et émouvants à partir d’une question rhétorique : « Qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 35.37-39).

  1. Une métaphore insolite et peu approfondie : « Je suis la porte : si quelqu’un entre par moi, il sera sauvé; il entrera et sortira et trouvera des pâturages »

Dans l’Évangile de Jean, l’image originelle de Jésus comme la porte qui conduit à la vie semble souligner sa fonction de médiateur exclusif. Cette dernière figure, quant à elle, est décrite avec une autre image aussi énigmatique qu’originale que Jésus mentionne dans sa conversation avec Nathanaël : Le Fils de l’homme sera comme l’échelle sur laquelle les anges montent et descendent (Jn 1,51). Ce qui est intéressant ce que l’image de l’échelle a comme arrière-plan vétérotestamentaire le passage du rêve de Jacob à Luz, plus tard appelé Béthel (Gen 28, 12 ss) où après la vision de l’échelle qui relie le ciel et la terre et après le combat avec Dieu, le patriarche exclame « Comme il est terrible cet endroit ! Ce n’est rien de moins que la maison de Dieu et la porte du ciel » (Gen 28,17). Par conséquent, l’image de Jésus comme « la porte des brébis », malgré la légère différence du terme utilisé dans l’original, pourrait avoir un certain contact avec l’idée de la porte qui mène au ciel dans Gen 28,12ss.

Dans cette perspective, la double affirmation de Jésus comme porte et berger des brebis dans son explication a des éléments théologiques très proches de la déclaration de Jésus comme « chemin, vérité et vie ». Dans les deux cas, l’exclusivité de la médiation de Jésus pour le salut, c’est-à-dire la vie, des hommes est soulignée. De plus, le vrai et authentique caractère est mis en valeur dans son identité : le bon pasteur est l’idéal, le parfait, le beau selon le dessein de Dieu. De plus, l’image de Jésus comme porte des brebis se rapproche de la métaphore du chemin de la vie. Ce n’est pas un hasard s’il conclut lui-même par l’affirmation christologico-sotériologique : « Moi, je suis venu pour que les brebis aient la vie, la vie en abondance » (Jn 10,10b). C’est ici qu’apparaît le contact avec la Sagesse personnifiée, dont la « porte » conduit à la vie et à la communion avec Dieu. (cf. Pro 8,34-35).

En conclusion, la déclaration de Jésus comme « bon berger » ne souligne pas seulement sa bonté, mais veut aussi véhiculer l’idée de pasteur idéal, authentique, parfait, c’st-à-dire selon la volonté de Dieu pour Israël à la fin des temps. Cette perfection consiste donc entre autres dans sa qualité de sage par opposition aux bergers insensés et mauvais, comme l’attestent de nombreux passages de l’Ancien Testament. Concrètement, le texte de l’Évangile de Jean met en relief les deux caractéristiques fodamentales du parfait pasteur : donner ou risquer sa vie pour les brébis et la connaissance intime entre le berger et les brébis. Alors que le premier aspect apparaît plutôt christologique et fait allusion au fait concret de la Croix, le second est hautement sapientiel car même les disciples de la Sagesse elle-même écoutent Sa voix, ignorée des insensés et des méchants. Par conséquent, en Jésus nous voyons non seulement l’image de berger sage mais un Berger-Sagesse; c’est-à-dire qu’il apparaît comme la Sagesse de Dieu devenue Pasteur. 

Pape Francois, Message pour la 60ème Journée mondiale de prière pour les vocations, Rome, Saint-Jean-de-Latran, 30 avril 2023, 4ème dimanche de Pâques.

 La vocation : grâce et mission

« Je suis une mission sur cette terre »

L’appel de Dieu, comme nous l’avons dit, comprend l’envoi. Il n’y a pas de vocation sans mission. Et il n’y a pas de bonheur ni de pleine réalisation de soi sans offrir aux autres la nouvelle vie que nous avons trouvée. L’appel divin à l’amour est une expérience qui ne peut être réduite au silence. « Malheur à moi si je n’annonce pas l’Évangile », s’exclame saint Paul (1 Co 9, 16). Et la première Lettre de Jean commence ainsi : Ce que nous avons entendu, vu, contemplé et touché, c’est-à-dire le Verbe fait chair, nous vous l’annonçons aussi pour que notre joie soit complète (cf. 1, 1-4).

Il y a cinq ans, dans l’Exhortation apostolique Gaudete et exsultate, je m’adressais ainsi à chaque baptisé : « Toi aussi, tu dois concevoir la totalité de ta vie comme une mission » (n. 23). Oui, parce que chacun de nous, sans exception, peut dire : « Je suis une mission sur cette terre, et c’est pourquoi je suis dans ce monde » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 273).

La mission commune à tous les chrétiens est de témoigner joyeusement, en toute situation, par des attitudes et des paroles, de ce que nous vivons en étant avec Jésus et dans sa communauté qu’est l’Église. Elle se traduit par des œuvres de miséricorde corporelle et spirituelle, par un style de vie accueillant et doux, capable de proximité, de compassion et de tendresse, à contre-courant de la culture du rejet et de l’indifférence. Être le prochain, comme le bon Samaritain (cf. Lc 10, 25-37), nous permet de comprendre le “cœur” de la vocation chrétienne : imiter Jésus-Christ qui est venu pour servir et non pour être servi (cf. Mc 10, 45).

Cette action missionnaire ne découle pas simplement de nos capacités, de nos intentions ou de nos projets, ni de notre volonté, ni même de notre effort pour pratiquer les vertus, mais d’une expérience profonde avec Jésus. Ce n’est qu’alors que nous pouvons devenir les témoins de Quelqu’un, d’une Vie, et cela fait de nous des “apôtres”. C’est alors que nous nous reconnaissons « marqués par cette mission d’éclairer, de bénir, de vivifier, d’élever, de guérir, de libérer » (Exhort. ap. Evangelii gaudium, n. 273).

Les deux disciples d’Emmaüs sont une icône évangélique de cette expérience. Après leur rencontre avec Jésus ressuscité, ils se confient l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » (Lc 24, 32). En eux, nous pouvons voir ce que signifie avoir “un cœur brûlant et des pieds en marche” [Cf. Message pour la 97ème Journée mondiale des missions (6 janvier 2023)]. C’est ce que je souhaite également pour les prochaines Journées mondiales de la jeunesse de Lisbonne, que j’attends avec joie et dont la devise est : « Marie se mit en route avec empressement » (Lc 1, 39).Que chacun se sente appelé à se lever et à partir en hâte, avec un cœur ardent !

Jean Paul II, exhortation apostolique sur la formation des prêtres, Pastores dabo vobis

  1. Comme le Concile le souligne, « le don spirituel que les prêtres ont reçu à l’ordination les prépare non pas à une mission limitée et restreinte, mais à une mission de salut d’ampleur universelle “jusqu’aux extrémités de la terre” ; n’importe quel ministère sacerdotal participe, en effet, aux dimensions universelles de la mission confiée par le Christ aux Apôtres ». En vertu de la nature même de leur ministère, ils doivent donc être pénétrés et animés d’un profond esprit missionnaire et « de cet esprit vraiment catholique qui les habituera à dépasser les limites de leur propre diocèse, de leur nation et de leur rite, pour subvenir aux besoins de l’Église entière, prêts au fond du cœur à prêcher l’Évangile jusqu’aux extrémités de la terre ».
  2. (…) Le don de soi, racine et sommet de la charité pastorale, a comme destinataire l’Église. Ainsi en a-t-il été du Christ « qui a aimé l’Église et s’est livré pour elle » (Ep 5, 25). Ainsi doit-il en être du prêtre. Avec la charité pastorale qui imprègne l’exercice du ministère sacerdotal, comme un « office d’amour », « le prêtre, qui accueille la vocation au ministère, est en mesure d’en faire un choix d’amour, par lequel l’Église et les âmes deviennent son intérêt principal. Vivant concrètement cette spiritualité, il devient capable d’aimer l’Église universelle et la partie qui lui en est confiée, avec tout l’élan d’un époux pour son épouse ».Le don de soi n’a pas de limites, marqué qu’il est par le même élan apostolique et missionnaire que le Christ, le Bon Pasteur, qui a dit : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cet enclos ; celles-là aussi il faut que je les mène ; elles écouteront ma voix ; et il y aura un seul troupeau et un seul pasteur » (Jn 10, 16).
  3. L’appartenance et le dévouement à l’Église particulière ne limitent pas à cette dernière toute l’activité et la vie du prêtre. Elles ne peuvent pas y être réduites en raison de la nature même de l’Église particulière et de celle du ministère sacerdotal. Le Concile écrit à ce sujet : « Le don spirituel que les prêtres ont reçu à l’ordination les prépare, non pas à une mission limitée et restreinte, mais à une mission de salut d’ampleur universelle, “jusqu’aux extrémités de la terre” (Ac 1, 8) ; n’importe quel ministère sacerdotal participe, en effet, aux dimensions universelles de la mission confiée par le Christ aux Apôtres ».

Il en résulte que la vie spirituelle des prêtres doit être profondément marquée par l’élan et le dynamisme missionnaires. Il leur revient, dans l’exercice de leur ministère et dans le témoignage de leur vie, de faire de la communauté qui leur est confiée une communauté authentiquement missionnaire. Comme je l’ai écrit dans l’encyclique Redemptoris missio, « tous les prêtres doivent avoir un cœur et une mentalité missionnaires, être ouverts aux besoins de l’Église et du monde, attentifs aux plus éloignés, et surtout aux groupes non chrétiens de leur milieu. Dans la prière et en particulier dans le sacrifice eucharistique, ils porteront la sollicitude de toute l’Église pour l’ensemble de l’Humanité ».

Si cet esprit missionnaire anime généreusement la vie des prêtres, il sera plus facile de répondre à une situation toujours plus grave aujourd’hui dans l’Église, celle qui provient de l’inégale distribution du clergé. Sur ce point, le Concile a été on ne peut plus clair et fort : « Les prêtres se souviendront donc qu’ils doivent avoir au cœur le souci de toutes les Églises. Ainsi les prêtres des diocèses plus riches en vocation se tiendront prêts à partir volontiers, avec la permission de leur Ordinaire ou à son appel, pour exercer leur ministère dans des pays, des missions ou des activités qui souffrent du manque de prêtres » 

Jean Paul II, exhortation apostolique sur l’évêque, serviteur de l’Évangile de Jésus Christ pour l’espérance du monde, Pastores gregis

  1. (…) Dans sa source et dans son modèle trinitaire, la communion s’exprime toujours dans la mission. La mission est le fruit et la conséquence logique de la communion. On favorise le dynamisme de la communion quand on s’ouvre aux horizons et aux urgences de la mission, en garantissant toujours le témoignage de l’unité afin que le monde croie, et en élargissant les espaces de l’amour afin que tous parviennent à la communion trinitaire, de laquelle ils procèdent et à laquelle ils sont destinés. Plus la communion est intense, plus sera favorisée la mission, spécialement quand elle est vécue dans la pauvreté de l’amour, qui est la capacité de s’approcher de toute personne, groupe et culture, avec la seule force de la Croix, spes unica et témoignage suprême de l’amour de Dieu, et qui se manifeste aussi comme amour de fraternité universelle.
  2. Dans la sainte Écriture, l’Église est comparée à un troupeau, « dont Dieu lui-même a proclamé à l’avance qu’il serait le pasteur et dont les brebis, même si elles sont conduites par des pasteurs humains, sont cependant menées et nourries sans cesse par le Christ lui-même, le Bon Pasteur et le Prince des Pasteurs ». Jésus n’a-t-il pas lui-même qualifié ses disciples de pusillus grex et ne les a-t-il pas exhortés à ne pas avoir peur, mais à cultiver l’espérance (cf. Lc 12, 32) ?

Plus d’une fois, Jésus a répété cette exhortation à ses disciples : « Dans le monde, vous trouverez la détresse, mais ayez confiance : moi, je suis vainqueur du monde » (Jn 16, 33). Au moment de retourner à son Père, après avoir lavé les pieds de ses Apôtres, il leur dit : « Ne soyez donc pas bouleversés » et il ajouta : « Je suis le Chemin […] ; personne ne va vers le Père sans passer par moi » (Jn 14, 1.6). Sur ce Chemin qu’est le Christ, l’Église, petit troupeau, s’est mise en route, et c’est Lui, le Bon Pasteur, qui la guide, lui qui, « quand il a conduit dehors toutes ses brebis, marche à leur tête, et elles le suivent, car elles connaissent sa voix » (Jn 10, 4).

À l’image du Christ Jésus et sur ses pas, l’Évêque sort lui aussi pour l’annoncer au monde comme Sauveur de l’homme, de tout homme. Missionnaire de l’Évangile, il agit au nom de l’Église, experte en humanité et proche des hommes de notre temps. C’est pourquoi l’évêque, fort du radicalisme évangélique, a aussi le devoir de démasquer les fausses anthropologies, de libérer les valeurs bafouées par les processus idéologiques et de discerner la vérité. Il sait qu’il peut redire avec l’Apôtre : « Si nous nous donnons de la peine, si nous nous battons, c’est parce que nous avons mis notre espérance dans le Dieu vivant, qui est le Sauveur de tous les hommes, surtout des croyants » (1 Tm 4, 10).

L’action de l’évêque sera alors caractérisée par cette parresía qui est fruit de l’opération de l’Esprit (cf. Ac 4, 31). Ainsi, sortant de lui-même pour annoncer Jésus Christ, l’évêque remplit sa mission dans la confiance et avec courage, factus pontifex, devenant vraiment un « pont » lancé vers chaque homme. Avec la passion du pasteur, il sort pour chercher les brebis, à la suite de Jésus qui dit : « J’ai encore d’autres brebis qui ne sont pas de cette bergerie: celles-là aussi, il faut que je les conduise » (Jn 10, 16).

 

(Photo: Pexels.com / Mehmet Turgut Kirkgoz)

 

 

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