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Le courage et la sagesse dans le témoignage du Christ

Le courage et la sagesse dans le témoignage du Christ
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

12ÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE (ANNÉE A)

Jr 20,10-13; Ps 68; Rm 5,12-15; Mt 10,26-33

Dans ton grand amour, Dieu, réponds-moi

Le courage et la sagesse dans le témoignage du Christ

L’évangile de ce jour nous donne la suite des enseignements importants que Jésus a livrés à ses disciples lorsqu’il les a envoyés en mission. Il s’agit de l’exhortation concrète à ne pas avoir peur de témoigner du Christ. L’impératif “Ne craignez pas” se répète trois fois en peu de phrases, au début, au milieu et à la fin ; cela rythme tout le discours du Christ. L’insistance du maître émerge clairement sur cette action que les disciples devront assumer et placer au cœur de leur mission. On peut retenir trois points fondamentaux sur « ne pas avoir peur », des points qui sont toujours d’actualité.

  1. « Ne craignez pas » Le courage de l’annonce dans l’adversité

Tout d’abord, on parle de ne pas avoir peur des hommes en annonçant tout ce qu’ils ont reçu de leur Maître : « Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ; ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits » On se réfère là aux révélations divines de Jésus qui a confié son secret dans leurs cœurs. Les disciples de Jésus sont appelés à être les « haut-parleurs » du Christ pour transmettre au monde entier son annonce et ses enseignements en totalité. Ce sera ainsi que le Ressuscité exhortera ses plus fidèles disciples avant de monter au Ciel. « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les…, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé » (Mt 28,19).

  1. La sagesse dans la crainte de Dieu et pas de celle des hommes

En second, l’appel à ne pas avoir peur vient d’un regard sage de la vie avec Dieu et en Dieu. Ainsi, d’un côté Jésus exhorte ; « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ». Cela signifie : les hommes sont simplement des hommes, ils n’ont pas de pouvoir sur les âmes. Ce qui contraste avec ; « craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps ». Cela signifie, craignez seulement Dieu, le seul et véritable Tout-Puissant.

Un tel enseignement de Jésus sur la crainte de Dieu fait écho aux enseignements des maîtres de la tradition biblique juive. Il est ainsi souligné dans Sir 1,6 [LXX 1,8]: « Il n’y a qu’un seul être sage et très redoutable, celui qui siège sur son trône ». En plus, Dieu est l’ultime recours et « fait mourir et vivre ; il fait descendre à l’abîme et en ramène » (1Sam 2,6). Ainsi l’exhortation de Jésus appelle à une forte réflexion ; celui qui est sage pense à tout cela pour adopter une attitude juste face à Lui et à Lui seul, sans penser à rien d’autre ni à personne d’autre. On entrevoit ici ce sur quoi la sagesse biblique juive insiste plusieurs fois ; partir de la contemplation de la grandeur et de l’omnipotence de Dieu pour établir la sagesse de la vie (cf Sal 107, 43a); c’est ainsi qu’à partir de la crainte de Dieu on arrive à l’attitude juste et sage, selon la devise fondamentale de la tradition sapientielle biblique juive : « Le savoir commence avec la crainte du Seigneur ! » (cf. Pr 1.7 : Sal 111,10)

  1. La crainte véritable va de pair avec la confiance en Dieu

Enfin, immédiatement après l’exhortation à craindre Celui qui est le Tout-Puissant, Jésus nous offre une explication qui semble être une digression, mais qui en réalité en l’est pas. : « Deux moineaux ne sont-ils pas vendus pour un sou ? Or, pas un seul ne tombe à terre sans que votre Père le veuille. (…) Soyez donc sans crainte : vous valez bien plus qu’une multitude de moineaux ». Ici est mentionnée explicitement Dieu comme Père et notre attention est appelée sur toute la création, même dans ses parties les plus insignifiantes, comme les moineaux ou les cheveux sur une tête, qui symbolisent des parties marginales du corps humain. Si la pensée de la puissance absolue de la crainte aide à relativiser les autres peurs, le regard sur le dessin de Dieu pour les plus petits augmente notre confiance en Lui et éloigne la peur de ce qui n’est pas de Lui. Nous avons donc deux aspects de la crainte de Dieu complémentaires : d’un côté nous craignons Dieu dans sa Toute-Puissance, et d’un autre côté Il est celui en qui nous devons faire confiance. La crainte de Dieu est donc liée à la confiance en Dieu.

Ici aussi la pensée de Jésus n’est pas très éloignée de l’enseignement judéo-biblique, comme des Sages d’Israël, qui recommandent souvent de trouver refuge dans le Seigneur et ainsi dans sa crainte !

Pr 14,26-27:

« La crainte du Seigneur assure puissamment : il est un refuge pour ses enfants. »

« La crainte du Seigneur est source de vie : elle détourne des pièges mortels. »

Pr 19,23:

« La crainte du Seigneur mène à la vie : vie comblée, lieu de repos inaccessible au malheur ! »

On parle donc de la pensée qui concerne la crainte de Dieu qui, se révélant dans une relation de révérence et de confiance en Lui, garantit la vie et chasse toute autre peur. On lit cela encore dans les psaumes « anti-peur » (cf. Sal 23,4; 27,1.3; 46,2-3; 49,6.16-17; 56,4-5.12; 91,5-13) et en particulier le Ps 55,4-5 renforcé par sa proximité avec le contenu du texte d’évangile ; Le jour où j’ai peur, je prends appui sur toi. R/ Sur Dieu dont j’exalte la parole, sur Dieu, je prends appui : plus rien ne me fait peur ! Que peuvent sur moi des êtres de chair ? Cette crainte de Dieu qui va de pair avec la confiance en Dieu qui libère de toute peur, se trouve contenue dans les instructions de Jésus comme dans la pensée judéo-biblique sapientielle. La boucle est bouclée ; à partir de la peur instinctive devant la menace des hommes on arrive à la crainte véritable de Dieu, la crainte religieuse, qui comprend la dimension de la foi et de la confiance dans le Dieu Tout-Puissant qui est attentionné envers ses créatures. C’est cette perspective de la crainte et de la confiance en Dieu qui nous aide à comprendre de manière juste la sentence finale de Jésus qui semble être une menace ; « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, moi aussi je me déclarerai pour lui devant mon Père qui est aux cieux ».

On croit percevoir un principe de réciprocité inquiétant qui suit une logique humaine froide et cruelle sans aucune miséricorde de la part du Seigneur. Toutefois, ces paroles doivent être reçues avec un autre passage du Nouveau Testament qui, en reprenant la même pensée, donne immédiatement après une affirmation sur la fidélité inconditionnelle du Seigneur pour le salut de tous, y compris ceux qui sont « infidèles » : “ « Voici une parole digne de foi : Si nous sommes morts avec lui, avec lui nous vivrons. Si nous supportons l’épreuve, avec lui nous régnerons. Si nous le rejetons, lui aussi nous rejettera. Si nous manquons de foi, lui reste fidèle à sa parole, car il ne peut se rejeter lui-même » (2Tm 2,11-13). A la fin c’est toujours la fidélité à Dieu qui vaincra, Dieu qui domine toute infidélité de l’homme comme le ciel recouvre la terre.

Prions : (prière de la collecte alternative du Missel pour le 12ème dimanche, année A)

Dieu, qui confies à notre faiblesse l’annonce prophétique de ta parole, soutiens-nous avec la force de ton Esprit, pour que nous n’ayons plus jamais honte de notre foi mais que nous annoncions en toute franchise ton nom à tous les hommes, pour être reconnus par Toi le jour de ton retour.

Par le Christ, Notre Seigneur, Amen.

Pape François, Angélus, dimanche, 21 juin 2020

Dans l’Evangile de ce dimanche (cf. Mt 10, 26-33) retentit l’invitation que Jésus adresse à ses disciples à ne pas avoir peur, à être forts et confiants face aux défis de la vie, en les avertissant à l’avance des adversités qui les attendent. Le passage d’aujourd’hui fait partie du discours missionnaire, avec lequel le Maître prépare les apôtres à la première expérience d’annonce du Royaume de Dieu. Jésus les exhorte avec insistance à “ne pas avoir peur”. La peur est l’un des ennemis les plus laids de notre vie chrétienne. Jésus exhorte: «N’ayez pas peur». Et Jésus décrit trois situations concrètes qu’ils devront affronter.

Tout d’abord, la première, l’hostilité de ceux qui voudraient faire taire la Parole de Dieu, en l’édulcorant, en la diluant, ou en réduisant au silence celui qui l’annonce. Dans ce cas, Jésus encourage les apôtres à diffuser le message de salut qu’Il leur a confié. Pour le moment, Il l’a transmis avec précaution, presque en cachette, dans le petit groupe des disciples. Mais eux devront parler “au grand jour”, c’est-à-dire ouvertement, et annoncer “des toits” – c’est ce que dit Jésus –, c’est-à-dire publiquement, son Evangile.

La deuxième difficulté que les missionnaires du Christ rencontreront est la menace physique contre eux, c’est-à-dire la persécution directe contre leurs personnes, jusqu’à la mort. […] A ces disciples d’hier et d’aujourd’hui qui souffrent de la persécution, Jésus recommande: «Ne craignez rien de ceux qui tuent le corps, mais ne sauraient tuer l’âme» (v. 28). Il ne faut pas se laisser effrayer par ceux qui cherchent à éteindre la force évangélisatrice par l’arrogance et la violence. En effet, ces derniers ne peuvent rien contre l’âme, c’est-à-dire contre la communion avec Dieu: personne ne peut enlever celle-ci aux disciples parce qu’elle est un don de Dieu. La seule peur que le disciple doit avoir est celle de perdre ce don divin, la proximité, l’amitié avec Dieu, en renonçant à vivre selon l’Evangile et en se procurant ainsi la mort morale, qui est l’effet du péché.

Le troisième type d’épreuve que les disciples devront affronter est indiqué par Jésus dans la sensation, dont certains pourront faire l’expérience, que Dieu lui-même les a abandonnés, en restant éloigné et silencieux. Ici aussi, il exhorte à ne pas avoir peur, car bien que traversant ces épreuves et d’autres, la vie des disciples est solidement entre les mains de Dieu, qui nous aime et nous protège. […]

Que la Très Sainte Vierge, modèle de confiance et d’abandon en Dieu à l’heure de l’adversité et du danger, nous aide à ne jamais céder au découragement, mais à nous confier toujours à Lui et à sa grâce, parce que la grâce de Dieu est toujours plus puissante que le mal.

Pape François, Angélus, dimanche, 18 juin 2023

En effet, si le Dieu du ciel est proche, nous ne sommes pas seuls sur terre et même dans les difficultés, nous ne perdons pas confiance. Voici la première chose à dire aux gens : Dieu n’est pas distant, mais Il est Père. Dieu n’est pas lointain, Il est Père, il vous connaît et vous aime ; il veut vous tenir par la main, même lorsque vous descendez des chemins escarpés et chaotiques, même lorsque vous tombez et avez du mal à vous relever et à continuer votre chemin; Lui, le Seigneur, est là avec vous. En effet, souvent dans les moments où vous êtes plus faible vous pouvez sentir sa présence plus forte. Il connaît le chemin, Il est avec vous, Il est votre Père ! C’est mon père! Il est notre Père !

Restons sur cette image, car annoncer que Dieu est près de nous, c’est nous inviter à réfléchir comme un enfant qui marche main dans la main avec son père : tout lui semble différent. Le monde, vaste et mystérieux, devient familier et sûr, car l’enfant sait qu’il est protégé. Il n’a pas peur et apprend à s’ouvrir : il rencontre d’autres personnes, se fait de nouveaux amis, apprend avec joie des choses qu’il ne connaissait pas puis rentre chez lui et raconte à tous ce qu’il a vu, tandis que croît en lui le désir de grandir et de faire grandir des choses qu’il a vu réalisées par son père. C’est sur cela que Jésus s’appuie, parce que la proximité de Dieu est la première annonce : en étant proche de Dieu on surmonte la peur, on s’ouvre à l’amour, on grandit dans le bien et on ressent le besoin et la joie d’annoncer.

 

(Photo: Pexels.com / Welma Alves Santos)

 

 

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