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Vendredi saint: le dernier mot de Jésus et sa prière sacerdotale

Vendredi saint: le dernier mot de Jésus et sa prière sacerdotale
- Par le père Dinh Anh Nhue Nguyen, o.f.m. Conv., secrétaire général de l'Union pontificale missionnaire

VENDREDI SAINT « PASSION DU SEIGNEUR »

CÉLÉBRATION DE LA PASSION DU SEIGNEUR

Is 52,13-53,12; Ps 30; He 4,14-16; 5,7-9; Jn 18,1- 19,42

Ô Père, en tes mains je remets mon esprit

La célébration liturgique de la Semaine sainte et du Triduum n’est pas un simple rappel de ce qui s’est déroulé dans le passé, mais une mise en œuvre du mystère de la passion, de la mort et de la résurrection de Jésus pour nous dans le présent. Nous sommes invités à revivre ces événements, à y participer davantage, à mourir à nous-mêmes pour une nouvelle vie dans le Christ et en Dieu. Il sera donc essentiel d’écouter de façon attentive et docile la Parole de Dieu qui nous parle abondamment dans les lectures mais aussi dans les différentes prières liturgiques. De plus, une attitude de recueillement personnel et de méditation sur ce qui a été entendu est nécessaire pour entrer dans la profondeur du mystère célébré.

La richesse spirituelle de la Passion de Jésus est immense pour la vie et la mission chrétiennes. Ce que je partage ne sera que quelques flashs/notes introductives pour inviter chaque auditeur/lecteur à un approfondissement et une réflexion personnelle. Mon intention sera simplement de laisser parler Jésus avec ses paroles et ses actions qui devraient être chères à chacun de ses disciples.

Ceci dit, j’expose humblement quelques réflexions sur la dernière volonté, sur la dernière parole et sur la dernière action de Jésus car elles m’ont particulièrement frappées.

Le dernier mot de Jésus et sa prière sacerdotale

« Tout est accompli » (Jn 19,30). C’est la dernière phrase de Jésus avant sa mort selon le récit de la passion dans l’évangile de Jean que nous entendons chaque Vendredi saint. Dans l’original grec, c’est un verbe au parfait, tetelestai qui signifie littéralement « la fin est venue ». Ce mot est merveilleusement lié (peut-être intentionnellement de la part de l’évangéliste) à ce qui était énoncé au début du récit de la passion que nous avons entendu dans l’Évangile du Jeudi saint : « Avant la fête de la Pâque, sachant que l’heure était venue pour lui de passer de ce monde à son Père, Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jn 13,1).

L’accomplissement de toute la mission de Jésus s’est fait sous le signe de l’amour. Cela est vrai tant sur le plan quantitatif (jusqu’au dernier moment de la vie) que sur le plan qualitatif (jusqu’à l’acte suprême de mourir pour ses amis/ses aimés). En Jésus sur la croix, l’amour a atteint le sommet de sa mesure qui est précisément l’amour sans mesure (pour reprendre un aphorisme de saint Augustin). Dans cette perspective, nous comprenons ce que Jésus lui-même avait déclaré : « Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes » (Jn 12,32). C’est sa mission dans l’amour. En effet, c’est l’amour en mission !

Comme nous le rappelle la seconde lecture du Vendredi saint, « [Christ,] pendant les jours de sa vie dans la chair, il offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu » (Héb 5,7). De toutes ces prières, une en particulier est à méditer et à répéter surtout pendant le Triduum. C’est la prière dite sacerdotale de Jésus en Jn 17.  Elle exprime tout le sens profond de la passion et de la mort de Jésus. En même temps, elle révèle toute la dimension missionnaire de l’existence de Jésus ainsi que le cœur aimant pour ses disciples de tous les temps : qu’ils soient unis dans l’amour comme lui avec le Père, afin que le monde croie en lui comme envoyé du Père. Il sera donc recommandable à tout disciple missionnaire de Jésus de prendre à cœur ces paroles du Maître pour prier souvent avec elles, particulièrement en ces jours saints.

La dernière action de Jésus dans l’attente de la résurrection

Aussi dans le récit de la passion selon saint Jean, après le dernier mot mentionné, Jésus, « inclinant la tête, il remit l’esprit ». Nous avons ici une autre subtilité théologique à souligner, même si certaines traductions modernes de l’Évangile ne le soulignent pas. L’expression peut simplement indiquer l’acte de mourir de Jésus, en expirant son dernier souffle (un simple « expiré »). Néanmoins, cette construction de la phrase implique aussi une action de donner l’esprit qui est en Jésus. Dans la vision théologique profonde de l’évangéliste, le dernier souffle de Jésus est sa dernière action de livrer/donner/d’offrir au monde, ou plutôt à l’univers, son propre esprit pour une nouvelle création : « Voici que je fais toutes choses nouvelles » (Ap 21,5). Comme à la fondation du monde, l’Esprit de Dieu planait sur le chaos primordial et remplissait l’univers informe (cf. Gn 1,1-2). Ainsi maintenant du haut de la Croix du Calvaire, l’Esprit remplit encore une fois l’univers qui est déformé maintenant à cause des péchés, pour signaler l’aube d’une nouvelle histoire, même si tout était encore dans les ténèbres en attendant la Lumière qui brille (tout comme au début de la première création).

Homélie de saint Grégoire de Nazianze pour la Pâque (Oratio 45, 23-24; PG 36, 654-655)

Nous allons participer à la Pâque. Cette participation sera, maintenant encore, en figure, par le sacrement. Toutefois, ce sacrement sera plus parlant que dans la loi ancienne, car le banquet pascal, j’ose le dire, était alors très obscur : c’était une préfiguration. Mais bientôt, la Pâque sera plus parfaite et plus pure, car le Verbe y boira avec nous le vin nouveau dans le Royaume de son Père. Alors, en effet, Il nous révélera et nous enseignera ce qu’il nous a montré jusqu’ici de façon restreinte. Car elle est toujours nouvelle, la Pâque que nous pouvons connaître aujourd’hui.

[…] Offrons en sacrifice, non pas de jeunes taureaux ni des agneaux portant cornes et sabots – offrandes mortes et insensibles – ; offrons à Dieu un sacrifice de louange sur l’autel céleste, en union avec les chœurs du ciel. Ce que je vais dire va plus loin : c’est nous-mêmes que nous devons offrir à Dieu en sacrifice ; offrons-lui chaque jour toute notre activité. Acceptons tout pour le Christ ; par nos souffrances, imitons sa passion ; par notre sang honorons son sang ; montons vers la croix avec ferveur.

Si tu es Simon de Cyrène, prends la croix et suis-le. Si tu es crucifié avec lui, comme le malfaiteur, reconnais, comme cet homme juste, qu’il est Dieu. Si lui-même a été compté parmi les pécheurs à cause de toi et de ton péché, toi, deviens un homme juste à cause de lui. En te crucifiant, adore celui qui a été crucifié à cause de toi, et tire quelque profit de ta méchanceté même ; achète le salut au prix de la mort ; entre au Paradis avec Jésus, pour comprendre de quels biens tu étais exclu. Contemple les merveilles qui sont là, et laisse mourir au-dehors, avec ses blasphèmes, celui qui l’injuriait.

Si tu es Joseph d’Arimathie, réclame le corps à celui qui l’a fait mettre en croix ; que ton souci soit le rachat du monde.

Si tu es Nicodème, cet adorateur nocturne de Dieu, mets-le au tombeau avec les parfums.

Si tu es une des saintes femmes, l’une ou l’autre Marie, si tu es Salomé ou Jeanne, va le pleurer de grand matin. Sois la première à voir la pierre enlevée, à voir peut-être les anges, et Jésus lui-même.

 

(Photo: Pexels.com / George Becker)

 

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